Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Synopsis : Devenue inhabitable, la Terre a été abandonné par ses habitants les plus riches partis s’installer sur la planète Kepler. Après deux générations passées là-bas, un mal ronge les hommes : ils sont devenus infertiles, provoquant à terme la disparition de l’humanité. Une mission de la dernière chance est envoyée sur Terre.
Amis lecteurs, vous ne pourrez pas dire qu’à l’Écran-Miroir on ne vous prépare pas le terrain : car mine de rien, avec l’aide précieuse de nos partenaires de Cinetrafic, voilà-t-y pas qu’en quelques films nous vous annonçons de quoi demain pourrait être fait. Certes, c’est pas joli joli, mais ça a au moins le mérite d’être à la fois pertinent et sensé. En effet, depuis le printemps, nous avons évoqué pour vous quelques sorties parfois confidentielles, parfois fort attendues, et il se trouve que, en les associant adroitement, on peut construire un modèle d’évolution de notre société dans les prochaines décennies. Une Histoire du Futur en quelque sorte, certes moins ambitieuse que ce que proposaient Asimov ou Heinlein, mais qui trahit de nombreuses préoccupations tout à fait contemporaines.
Voyez plutôt :
C’est drôle non, comme les choses se goupillent ? La Colonie (titre étrange, bien loin du plus adapté Tides en VO) propose un pitch à la Wall-e mais va s’évertuer à rester le plus proche possible de son sujet, oubliant l’attrait des étoiles et le spectaculaire, se concentrant sur un groupe d’individus aux opinions et aux visées opposées. Il s’en dégage une humilité plutôt bienvenue pour cette série B honnête, solide et sérieuse, qui va tout de même s’empêtrer dans quelques facilités dans son dernier quart et s’achever un peu trop grossièrement.
Décors minimalistes, casting réduit, effets discrets : le petit film coproduit par Emmerich réussit haut la main son entrée en matière, proposant même quelques plans saisissants sur une étendue aussi vaste que déserte. Suite à un problème lors de l’entrée dans l’atmosphère, la capsule de la mission Ulysses II (la première n’ayant jamais pu donner signe de vie) s’écrase dans l’océan. Louise Blake se réveille couchée dans la vase : l’eau s’est retirée, laissant devant et autour d’elle un monde gris et vide, au ciel bouché. Le capitaine n’a pas survécu, son coéquipier Tucker est blessé : Louise lui propose donc de commencer l’exploration en effectuant les relevés attendus par ses pairs qui, loin sur leur planète rocailleuse, espèrent que ses hormones retrouveront leur aptitude à la rendre fertile. Quelques kilomètres sur cette surface humide et elle ne rencontre que des méduses et de rares crustacés. Et puis, le drame, soudain : Tucker est attaqué, et sa capsule emportée par des indigènes. Louise se précipite, pour se rendre compte que des humains ont bien survécu, qu’ils ont développé des sociétés et, surtout, qu’ils élèvent des enfants. Malheureusement pour elle, elle se retrouve elle aussi capturée et sa mission d’exploration se muera en mission de survie : il lui faudra absolument s’attirer la sympathie de ses ravisseurs afin d’abord de soigner Tucker, mal en point, puis de contacter sa base pour donner le feu vert au débarquement et la... recolonisation. Mais voilà qu’un second groupe d’indigènes attaque leur camp et enlève les enfants…
Le blu-ray parfaitement étalonné permet d’admirer la palette de gris verdâtres dominant les images : la Terre d’après-demain (des indices laissent penser qu’on se situe vers le XXIIe siècle) ne semble être qu’un immense océan dont les marées dévoilent le fond deux fois par jour. Comme dans Waterworld, pour survivre il faut pouvoir se déplacer en bateau : on imagine la fonte des glaces et l’augmentation du niveau des mers. Tout est submergé, et les survivants vivotent en exploitant tout ce qu’ils ont pu récupérer. Rien ne nous dit où ils trouvent le carburant propulsant leurs esquifs, mais bientôt se dévoile un tournant dans l’histoire : en suivant la trace des enfants enlevés, Louise tombe sur un groupe mieux organisé, capable de produire sa propre énergie et vivant dans les vestiges immenses d’un ancien port. Peut-être y trouvera-t-elle la réponse à ses questions ?
Nora Arnezeder parvient à convaincre dans ce rôle exigeant où elle paie de sa personne et passe son temps dans l’eau. Son anglais est plus que convenable et elle peut ainsi converser sans problème avec ses partenaires, dont certains ne sont pas anglophones non plus, production germano-suisse oblige. On reconnaîtra sans peine Iain Glen, son phrasé aristocratique et sa posture élégante, très proche de son personnage de Game of Thrones. Ensuite, le scénario perd de sa fluidité et semble se heurter à des contraintes plus pragmatiques : tout devient évident et on voit arriver la trahison, la révélation et la conclusion de loin. Dommage, mais c’est moins dommageable que si cela avait plombé une production plus exigeante : ici, avec cette volonté de demeurer collé aux protagonistes, la caméra participe de l’ambiance délétère, intrigante et mystérieuse qui constitue l’un des points forts de ce film sincère.
À découvrir à partir du 20 septembre 2021 en DVD, blu-ray et VOD chez Metropolitan Films Video.
Titre original |
Tides |
Date de sortie en salles (Allemagne) |
26 août 2021 avec Constantin Films |
Date de sortie en vidéo |
20 septembre 2021 avec Metropolitan Films Video |
Date de sortie en VOD |
20 septembre 2021 avec Metropolitan Films Video |
Réalisation |
Tim Fehlbaum |
Distribution |
Nora Arnezeder, Iain Glen, Sope Dirisu & Sarah-Sofie Boussnina |
Scénario |
Tim Fehlbaum |
Photographie |
Markus Förderer |
Musique |
Lorenz Dangel |
Support & durée |
Blu-ray Metropolitan (2021) region B en 2.39 :1/104 min |
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