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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

Tina

Tina

Synopsis : TINA est la célébration ultime d'une superstar mondiale mais aussi le portrait intime d'une femme qui a surmonté de nombreux obstacles tout au long de sa carrière, créant ainsi son identité et son héritage selon ses propres règles. Depuis ses débuts en tant que reine du R&B jusqu'à ses tournées historiques à guichets fermés dans les années 80, Tina Turner tire le rideau pour nous inviter dans son monde privé comme elle ne l'a jamais fait auparavant. Révélant ses luttes les plus intimes et partageant certains de ses moments les plus personnels, TINA est l'album déterminant et inspirant de l'une des plus grandes survivantes de la musique moderne.

Disponible le 29 septembre 2021 chez Universal Pictures France en DVD, Blu-ray et VOD, Tina vous permettra de revenir, une nouvelle fois, sur l’extraordinaire aventure, pleine de bruit et de fureur, qu’a été l’existence entière de Tina Turner, la lionne de la pop. Une nouvelle fois car ce n’est pas la première que nous sont montrées à l’écran la double ascension et la descente aux enfers de la fille de Nutbush City, qui avait grandi dans un champ de coton avant de connaître la gloire et la fortune.

Tina

Ce documentaire patiemment monté à partir de documents parfois originaux (nombre de séquences n’avaient jamais jusque lors eu l’honneur d’une diffusion en DVD ou blu-ray, hormis quelques VHS et disques piratés) et surtout de témoignages poignants, a l’intelligence de revenir sur les points forts de la carrière de Tina sans oublier le film qui avait déjà mis en lumière les turpitudes qu’elle avait dû traverser (avec Angela Bassett dans le rôle principal, qui intervient du coup ici afin de donner encore plus de poids aux affirmations et anecdotes). Depuis le film, en effet, le monde entier était désormais au courant de l’affaire de sa rupture avec Ike, et surtout de l’emprise que cet homme avait sur sa protégée devenue épouse et égérie, emprise toxique, empreinte de brutalité et de violence tant morale que physique. Impossible de passer cela sous silence, surtout à notre époque où la voix des femmes éclate désormais sur tous les médias, quand bien même le documentaire adopterait une orientation un peu trop à charge – tout en ayant la troublante délicatesse d’incorporer un entretien avec Ike lui-même qui répond vaguement à ces assertions, sans vraiment nier, sans vraiment confirmer les excès auxquels il s’est livré sur Tina, révélés non seulement par elle, mais également par ses proches (un de ses fils, une ancienne partenaire). Cela avait fait l’effet d’une bombe silencieuse à l’époque, au point que pendant des années la pauvre chanteuse, qui tentait de se reconstruire une carrière en solo, se voyait constamment poser la question : « Mais que s’est-il passé avec Ike ? » Elle voulait laisser cela derrière elle, manifestement le monde ne le désirait pas encore. Elle a d’ailleurs, un peu plus tard, une réponse extrêmement pertinente lorsque quelqu’un lui demande, au moment d’une conférence de presse successive à la projection du film suscité, ce qu’elle ressentait en voyant des images de sa vie : elle a préféré ne pas regarder ce qui représentait une part sombre de sa vie, des moments difficiles qu’elle désirait oublier.

Tina

Car avancer, c’est ce que cette diablesse n’a cessé de faire, souvent aidée, parfois soutenue, mais toujours animée de cette énergie incroyable qui lui a permis de s’extirper du tout-venant. Tina n’est donc pas que l’histoire d’une rupture douloureuse et nécessaire, mais le récit d’une vie incroyable. Remarquée très tôt, elle finit par tomber sous la coupe d’Ike Turner qui, quoi qu’on en dira plus tard, lui fera atteindre une première fois des sommets. Très vite, Tina passe de simple choriste à lead singer, par sa voix à nulle autre pareille, son charisme envoûtant et sa grâce féline. Tina ne danse pas sur scène, elle ondule et se meut de manière animale et sauvage, mimant la musique qui l’habite, propulsée par les rythmes enlevés de son partenaire et amphitryon. Ike sait qu’elle est la clef de son succès et mise tout sur elle. Le duo commence à se faire connaître, les tournées s’enchaînent, à une fréquence de plus en plus soutenue (parfois quatre concerts par jour !). Des managers repèrent la chanteuse qui sent le vent tourner : malgré son mariage inévitable avec cet homme qui la façonne comme un diamant, elle a des envies d’ailleurs car elle sait que son potentiel peut la mener loin, quitte à briser ses chaînes. Et c’est à la croisée des chemins, après une parole de trop, un coup de trop, qu’elle prendra son destin en mains.

Tina

Désormais seule, Tina aura à tout reprendre presque à zéro. Elle n’a pour elle que son nom – un peu naïvement elle laissé tout son patrimoine à son ex-mari, pressée d’en finir au plus tôt avec cette partie de sa vie, mais a exigé de conserver ce nom pour lequel elle s’est battue. C’est cet acte militant et courageux qui lui permettra de remettre un pied dans le show business. Doucement, petit à petit. Elle se produira à gauche et à droite, acceptant d’apparaître partout où on lui promettait un cachet. Cependant, ce n’était pas suffisant pour subvenir aux besoins de sa famille : il lui faut un album, un producteur, de quoi échafauder un plan de carrière qui l’extirpera de la fosse aux has-been. Son âge, sa couleur de peau, son historique auraient pu être de sérieux freins. C’est d’Angleterre que viendra la Providence, un pays où un précédent album avait rencontré son public. Un coup de poker plus tard, et une chanson initialement destinée à un obscur groupe pop britannique lui tombe dessus : What’s love (got to do with it) ? Tina n’aimait pas ce titre, car elle désirait s’orienter davantage vers le rock. Mais le morceau aura raison d’elle : et la voilà en tête des charts ! En quelques mois, elle passe d’une apparition dans un supermarché à des concerts emplissant des stades entiers. Désormais au firmament, increvable, inarrêtable, elle chante avec les plus grands, enchante tous les âges, unit les générations, émeut les ménagères et ravit les fans. Et on la voit au cinéma (Mad Max 3).

Elle peut enfin souffler un peu et avoir le courage de regarder en arrière. Que de chemin parcouru ! Que d’expériences insensées, que d’épreuves !

Tina est un exemple assez inouï de courage, de ténacité, de persévérance et de résilience. Le disque surprendra peut-être ceux qui voulaient retrouver les tubes qui ont bercé leur enfance : aucun extrait de clip vidéo, uniquement des archives de tournage et des séquences live, mais aussi de vieilles photos jaunies pleines de souvenirs, de peine et d’étonnement. De River deep, mountain high et Proud Mary à We don’t need another hero avec en point d’orgue the Best, on navigue sur des notes furieusement entraînantes au son d’une voix irrésistible.

Un documentaire percutant et sensible, où nombreux sont ceux qui chantent leur amour pour cette femme hors du commun, qui a su faire la paix avec son passé et les démons qui auraient pu l'enterrer.

Tina

Titre original

Tina

Date de sortie en salles

21 juin 2021 avec Universal Pictures

Date de sortie en vidéo

29 septembre 2021 avec Universal Pictures France

Date de sortie en VOD

29 septembre 2021 avec Universal Pictures France

Réalisation

Daniel Lindsey & T. J. Martin

Distribution

Tina Turner, Angela Bassett & Oprah Winfrey dans leur propre rôle

Scénario

Daniel Lindsey & T. J. Martin

Photographie

Dimitri Karakatsanis

Musique

Danny Bensi & Saunder Jurriaans

Support & durée

Blu-ray Universal (2021) region ALL en 1.78 :1/118 min

 

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