Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Wall.E : M6 diffuse ce merveilleux film d'animation ce soir, l'occasion pour moi de rafraîchir la critique rédigée au lendemain d'une avant-première.
Somptueux. Miraculeux.
Si Pixar a toujours su placer la barre très haut en trouvant un équilibre miraculeux entre l’entertainment et le rendu graphique grâce à des défis techniques sans cesse renouvelés et des scénarios ne cédant jamais à la facilité, l’équipe de Lasseter parvient à m’épater, une fois encore. Après le touchant Monstres & Cie et le tonitruant Indestructibles, sans compter les vraies réussites que sont Cars et Ratatouille, Pixar réussit un chef d’œuvre de tendresse et d’humour dans un récit où les préoccupations les plus consensuelles (la préservation de notre écosystème, le gâchis engendré par l’économie de marché, les travers de la société de consommation) rejoignent les descriptions des grands visionnaires de l’Age d’Or de la science-fiction. Asimov n’est pas loin dans cette description d’une société où les personnes ne se rencontrent plus vraiment physiquement et sont totalement assistées, presque asservies à leurs interfaces qui recherchent automatiquement la satisfaction des plaisirs les plus immédiats.
Et tandis que la race humaine se perd, se vautre dans des décors aseptisés et obéit à chaque message publicitaire tel un bon troupeau d’ovidés, des robots pourtant sans âme par définition, conçus pour ne répondre qu’aux lignes de codes inscrites dans leur programme, commencent à développer des réactions, des sensations typiquement humaines : Wall.E, l’extraordinaire petit robot-nettoyeur, s’émerveille d’un rien et regarde le monde déserté par ses maîtres avec les yeux d’un enfant qui rêve. Son drôle de petit musée personnel témoigne de son goût prononcé pour les curiosités fabriquées par les hommes. Mais surtout, il se languit et ressent le poids de la solitude.
Or voici que survient un module explorateur nommé E.V.E. : il n’en faut pas davantage pour que notre Wall.E lui témoigne toutes les marques d’affection qu’il a pu trouver dans une cassette vidéo de Hello Dolly dont il se passe en boucle les séquences chantées et dansées. Le robot étrange(r) l’a séduit, tout simplement, et rien ne l’arrêtera lorsqu’un vaisseau reviendra le chercher, une fois sa mission accomplie : car EVE avait pour fonction de trouver une forme de vie prouvant que la Terre était redevenue viable. Wall.E, n’écoutant que son cœur métallique, bravera tous les dangers pour la retrouver. Ce faisant, il s’introduira dans une société policée, réglée au millimètre, et pour laquelle il constitue un intrus dérangeant. Il lui faudra compter sur l’aide des rebuts que ce microcosme a (inévitablement) produit pour parvenir à ses fins, et son odyssée laissera des traces chez tous ceux qu’il rencontrera, éveillant leur esprit d’initiative par sa fougue un peu naïve et son exceptionnelle résistance. Qu’est-ce donc qui le pousse ainsi, sinon un sentiment très fort que plus personne n’éprouve, un moteur à l’énergie sans limite ?
Une des plus belles histoires d’amour que j’aie vues récemment, où l’on se surprendra à croiser des ordinateurs aussi implacables que le trop célèbre HAL de 2001 (avec lequel il partage nombre de détails) ; on sera émerveillé par les images sublimes sur des textures extraordinaires. A signaler, quelques prises de vues en live qui détonnent. Une histoire touchante dont la grâce et la magie rejoignent celles des premiers Disney.
Mon coup de cœur d’une année pourtant riche en réussites.
Titre original |
Wall.E |
|
Réalisation |
Andrew Stanton |
|
Date de sortie |
30 juillet 2008 avec Disney |
|
Scénario |
Stanton, Docter & Reardon |
|
Distribution |
Les voix en VO de Ben Burtt, Jeff Garlin & Sigourney Weaver |
|
Photographie |
|
|
Musique |
Thomas Newman & Peter Gabriel |
|
Support & durée |
35 mm/97 min |
Synopsis : Wall-E est le robot le plus triste de l'univers qui collecte les déchets sur une planète vide. Il a loyalement fait son travail pendant 700 années mais n'a jamais eu de but véritable. Jusqu'à maintenant...