Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Synopsis : Cela fait maintenant quatre ans que le monde vit en confinement. Désormais, les personnes infectées du Covid-23 sont envoyées de force en quarantaine dans des camps devenus peu à peu d’inquiétants ghettos. A Los Angeles, Nico est un coursier immunisé au virus qui arpente la ville lors de ses livraisons. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Sara, une jeune femme confinée chez elle. Malgré les impératifs sanitaires qui les empêchent de s’approcher, Sara et Nico tombent amoureux. Mais lorsque Sara est suspectée d’être contaminée, elle est contrainte de rejoindre les camps de quarantaine. Nico tente alors l’impossible pour la sauver…
Déjà, en temps ordinaire, on ne comptait plus les films relatant une apocalypse zombie, et plaçant la survie de l’espèce humaine dans une position plus que fragile. Faut croire que c’était dans l’air du temps et le genre « post-apocalyptique » a rarement été aussi populaire à l’écran. L’irruption de la crise du COVID-19 aurait pu changer la donne : mais non, et la dernière production (plutôt opportuniste, il faut le lui reconnaître) de Michael Bay nous plonge dans un futur proche où le virus, loin d’avoir été éradiqué, a muté de telle sorte que les contaminations et les décès ont grimpé de façon exponentielle. Alors qu’on nous parle de plus en plus d’un incontournable passeport sanitaire, les scénaristes imaginent déjà le pire dans un monde à la dérive où l’humanité se divise désormais en trois camps :
Adam Mason propose ainsi une vision plutôt rationnelle d’un monde où le virus échapperait à notre contrôle et offre une vue saisissante d’une Los Angeles dépeuplée, qui rappelle le premier quart des films comme le Survivant et son remake Je suis une légende. On suit ainsi Nico, bôgosse à VTT filant comme le vent avec son sac à dos plein des victuailles ou des médicaments qu’attendent désespérément des clients qui disposent, avec lui, d’une de leurs rares occasions de sortir de la platitude monotone de leur existence calfeutrée. L’occasion de rencontres brèves mais enrichissantes : Piper et sa fille, recluses dans leur luxueuse propriété sur les hauteurs de la Cité des Anges, ont déjà pris leurs habitudes avec ce fringant garçon ; mais c’est Sara, la belle Latina partageant son petit appartement avec sa grand-mère, qui lui a ravi son cœur. Et ces deux tourtereaux, qui n’ont jamais pu ne serait-ce qu’échanger un regard sans l’entremise des écrans, projettent déjà de faire leur vie ensemble une fois que tout ceci serait fini : il y a bien quelques secteurs sur la planète où l’on ne compte plus de cas et où la vie peut à nouveau reprendre ; ces paradis n’ont rien d’illusoire, encore faut-il sinon vaincre la maladie, du moins ne plus avoir à la craindre. Et trouver l’argent qui va avec. Mais les temps sont encore plus durs en 2023 pour les rêveurs énamourés… Chose dont sont déjà conscients quelques paumés de la vie, solitaires par la force des choses, qui n’ont plus que leur désenchantement névrosé et leur nostalgie qui les maintienne en vie, comme May, cette jolie chanteuse virtuelle qui raconte son mal-être et ses espoirs brisés, ou Dozer, cloué à un fauteuil et cherchant à trouver un sens à sa demi-existence.
Evidemment, le nom de Michael Bay au générique est la garantie de quelques scènes d’action enlevées : Mason fait le job avec quelques mouvements de caméra habiles et un montage dynamique magnifiant les escapades de Nico et quelques bagarres… car tandis que les rêveurs rêvent et les autres se morfondent, une enquête sur un trafic de bracelets de contrebande révèle des failles dans le dispositif qui ne doit souffrir aucune faiblesse, à l’image de cette unité impitoyable menée par le redoutable Emmett qui traque tous ceux qui ont été révélés positifs par leur scan quotidien. Eh oui, la sécurité de tous passe par l’abandon de bien des droits fondamentaux, et tout le monde est censé se plier aux règles ; quant aux contrevenants, pas de pitié, à peine quelques sommations : ils sont exécutés s’ils refusent de coopérer (de toutes manières, on a bien compris qu’il n’y a plus vraiment de place pour les malades…).
Toutefois, le film repose avant tout sur une base pseudo-romantique : Nico et Sara font des projets ensemble mais tout tombe à l’eau lorsque sa grand-mère déclare le virus. Dès lors, Nico va tout tenter pour essayer de lui trouver ces fameux bracelets jaunes qui donneraient à sa promise le droit de partir avec lui. Evidemment, ce ne sera pas facile, le temps joue contre nos tourtereaux et lorsqu’Emmett a flairé un malade, il ne le laisse par repartir vivant…
A côté de cela, les sous-intrigues liées à la famille de Piper ou à May apparaissent bien ternes, manquent cruellement de développement et surtout de surprise. Alexandra Daddario, qui tentait ces derniers temps de montrer qu’elle était bien autre chose qu’une jolie fille à la plastique avantageuse (cf. la saison 1 de True Detective, Baywatch ou San Andreas), retrouve en May un rôle similaire manquant cruellement de profondeur. Demi Moore apporte un peu de fermeté à son personnage, mais il reste cantonné au second plan. L’essentiel de l’intrigue tourne autour de nos deux jeunes comédiens, tout mignons, sans doute choisis pour plaire à la plupart des ados. Et Peter Stormare campe un Emmett totalement caricatural dans lequel, s’il est véritablement dans son élément, il frôle tout de même souvent le ridicule. Certes, le suspense est assez bien entretenu, d’autant que le métrage est court et bénéficie d’un excellent tempo, et les adjuvants comme Dozer ou Lester (le superviseur de tous les coursiers, au rôle équivoque) apportent ce qu’il faut de péripéties pour le maintenir, mais l’ensemble est trop convenu et superficiel pour satisfaire un public exigeant. Les intrications liées aux personnages secondaires font plutôt sourire, et les implications d’une telle évolution de la situation sanitaire n’ont pas l’impact et la profondeur qu’on souhaiterait.
Songbird est donc un petit film tonique qui utilise un contexte dramatique pour tenter de renouveler une histoire banale à laquelle les personnages ne parviennent pas à conférer la moindre saveur. Néanmoins, il sait tenir en haleine et sa version blu-ray offre une image très nette qui met particulièrement en valeur certains plans inédits de Los Angeles, surtout depuis les hauteurs. La colorimétrie plus poussée permet de bénéficier de la richesse des tons que procure un coucher de soleil sur la cité et les scènes nocturnes sont particulièrement contrastées. La bande-son, peu convaincante en général (avec une musique manquant d’entrain quand elle n’est pas directement inspirée de la composition de Yamashiro pour Akira !) sait se montrer tonitruante dans les moments-clefs.
Songbird trouvera-t-il au final sa place dans la liste des plus grands films de science-fiction, ou parmi les films cultes adorés par les spectateurs ?
A essayer, en DVD, blu-ray chez Metropolitan Films Video depuis le 15 avril 2021 en France mais déjà en VOD depuis le 16 décembre 2020.
Titre original |
Songbird |
Date de sortie en salles (Royaume-Uni) |
11 décembre 2020 avec STX Films |
Date de sortie en vidéo |
15 avril 2021 avec Metropolitan |
Date de sortie en VOD |
16 décembre 2020 avec Metropolitan |
Réalisation |
Adam Mason |
Distribution |
K.J. Apa, Sofia Carson, Demi Moore, Peter Stormare & Alexandra Daddario |
Scénario |
Adam Mason & Simon Boyes |
Photographie |
Jacques Jouffret |
Musique |
Lorne Balfe |
Support & durée |
Blu-ray Metropolitan (2021) region B en 2.40:1 /88 min |
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