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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] le Secret de la pyramide : Jeune Holmes

[critique] le Secret de la pyramide : Jeune Holmes

Le Secret de la Pyramide fait partie de ces films modestes, qui ne font partie d'aucun top 20 et ont peu fait parler d'eux, mais qui ont laissé une empreinte indélébile dans l'esprit des jeunes spectateurs l'ayant découvert à l'époque. Du pitch osé au charme indéniable qu'il dégage, il conserve encore de nombreuses qualités qui méritent qu'on fasse le détour par la case vidéo.

Cette histoire narrant la première rencontre (et enquête) entre Sherlock Holmes et son futur fidèle compagnon John Watson  se veut à la fois un hommage à l'œuvre d'Arthur Conan Doyle (comme le précisent les producteurs, l'auteur n'a jamais évoqué l'adolescence du grand détective qui est censé n'avoir rencontré Watson qu'à l'âge adulte) et aux vieux serials : malgré le lieu (Londres au XIXe siècle), on est moins dans un remake acidulé de Jack l'Eventreur que dans un film d'aventures à la Indiana Jones (notamment le second volet dans le Temple maudit ; d'ailleurs le film a été exploité en Grande-Bretagne avec le titre Young Sherlock Holmes & the Pyramid of fear) ; l'aspect fantastique lié aux hallucinations et au culte égyptien rattachent davantage l'œuvre aux romans populaires. L’atmosphère qui s’en dégage assume totalement son côté picaresque avec ses rebondissements, ses inventions dignes de Jules Verneses décors victoriens et même sa scène post-générique (je me souviens que c’était la première fois que je voyais que le film se poursuivait après le générique final et, depuis, je me suis fait un point d’honneur à ne jamais quitter une salle sans voir les derniers crédits s’afficher à l’écran).


C'est que le film est plaisant, avec des interprètes convaincants et une version française agréable appuyée sur un langage recherché et précieux. La voix du jeune Watson est vraiment bien trouvée. Holmes quant à lui est idéal dans les moments de réflexion et plutôt gauche lorsqu'il lui faut exprimer des sentiments (mais c'est sans doute une volonté du réalisateur, le grand détective n'étant pas connu pour son caractère extraverti). Je suis plus réservé sur le rôle du "méchant", pas assez charismatique à mon goût, hésitant entre le dandy sobre et réservé et le sectateur dément.

 
A mon sens, vu que c'est bien la quinzième fois que je le vois, c'est toujours la partie se déroulant dans l'enceinte du collège anglais (aux relents de Dead Poets Society) qui est la plus enthousiasmante. Sur une musique entraînante de Bruce Broughton qui n'est pas sans rappeler le Goldsmith des années 80 (je pense à Poltergeist ou Gremlins), Barry Levinson et sa mise en scène élégante nous plantent un cadre pittoresque et des seconds rôles charmants, qui disparaîtront malheureusement bien vite.


La suite est plus épique. Grâce à l'acharnement et à l'esprit de déduction de Holmes, et avec l'aide de la chance (certains éléments leur tombent un peu facilement entre les mains mais bon, on n'est pas non plus dans Seven), ils remonteront une filière les menant à l'être qui assassine des personnes qui n'avaient pour seul lien connu que le fait d'avoir fait une partie de leurs études ensemble. Sans doute pour des raisons de rythme, les déductions de Holmes sont souvent fulgurantes (il faut voir comment d'un coup d'œil à une gravure il parvient à identifier tous les personnages qui y figurent !). D'autres fois, la voix off de Watson adulte permet de faire glisser le temps du récit.


De fil en aiguille, l'enquête chaotique ira à son terme et permettra à ces jeunes adultes de vivre "l'aventure de leur vie" dans une production qui porte indéniablement la "patte" de Spielberg.


Restent les effets spéciaux, certains révolutionnaires pour l'époque (l'animation du chevalier dans l'église constitue une première dans l'intégration d'effets numériques, supervisée par John Lasseter pour ILM) : ils sont concentrés dans les fameuses séquences hallucinatoires où tous les objets s'animent, du porte-manteaux au presse-livre, en passant par le vitrail d'une église... Ils donnent lieu à des scènes nettement plus intenses que la tonalité générale de l'histoire, violentes même, ce qui donne un cachet particulier à ce film.

 
Au final, on ne peut pas être déçu par cette œuvre qui en aurait appelé bien d'autres, à
moins d'être particulièrement obtus ou fanatique intransigeant de Sherlock Holmes (les libertés prises sont parfois osées, mais Chris Columbus s'est efforcé de préserver le caractère et quelques détails, avec de nombreux clins d'œil appuyés). Un vrai spectacle familial, un peu chiche en sentiments mais riche en divertissement.

 

 

 

Titre original

Young Sherlock Holmes

Mise en scène 

Barry Levinson

Date de sortie France 

26 mars 1986 avec Carlotta Films

Scénario 

Chris Columbus   d'après l'oeuvre d'Arthur Conan Doyle

Distribution 

Nicholas Rowe, Alan Cox & Sophie Ward

Musique

Bruce Boughton

Photographie

Stephen Goldblatt

Support & durée

DVD Paramount (2003) zone 2 en 2.35:1 / 109 min

 

 

Synopsis : Londres, 1870. Le jeune John H. Watson entre à la Brompton School, une école austère. Il y fait aussitôt la rencontre d’un adolescent fascinant, doué d’un esprit de déduction remarquable et de facilités dans toutes les matières. Presque malgré lui, il le suivra lorsqu’il décidera de mener une enquête sur de mystérieux suicides chez des notables londoniens, jusqu’à y risquer sa propre peau. Mais il savait déjà qu’il allait vivre l’aventure de sa vie…

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T
Une très bonne surprise, un film qui a pas mal inspiré Harry Potter donc à voir et aussi une relecture réellement intelligence de Sherlock :)
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V
Oui, le scénario est très malin et on sent que ça a été écrit par un fan, les références sont judicieuses et parfois très fines.
V
Tout à fait, et ma préférence va plutôt vers celui-ci que les Harry Potter...Un film que j'aime beaucoup, enlevé et assez jouissif.
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R
Film incontournable et injustement oublié. L'heureuse conséquence en est que le DVD est généralement soldé, ce qui permet de le voir en VO.En le visionnant à nouveau aujourd'hui, il est frappant de constater une similitude certaine entre les ambiances du collège et l'univers de Harry Potter porté à l'écran également par Chris Colombus.
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V
J'aime ce film, il fait partie de ceux dont je ne me lasse pas, même si ceraines séquences (celle des pâtisseries qui s'animent par exemple) me font gentiment sourire. Mais le rythme et l'enthousiasme, et surtout l'atmosphère, emportent l'adhésion. Et puis ça fait très "jeu de rôles"...
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B
ça me rappelle vaguement qq chose, j'ai dû le voir mais il n'a pas dû me marquer.. Je vais réparer ça et le remater, si tu l'as autant regardé, sachant que t'as pas que mauvais goût, ça devrait me plaire ;)
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