Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Le chef d’oeuvre de Steven Spielberg, West Side Story, sort enfin en vidéo. Tout est dit : c’est un achat indispensable pour une édition de très grande qualité !
Xavier avait déjà dit tout le bien qu’il pensait du nouveau film de Steven Spielberg à sa sortie, et l’on ne peut qu’approuver son texte : West Side Story est un immense chef d’œuvre de plus pour le papa de E.T.
Un film respectueux de ses deux modèles mais qui parvient suffisamment à s’en émanciper pour justifier cette nouvelle adaptation, plus moderne et dont le propos raisonne avec encore plus de force aujourd’hui. Ce n’est pas pour rien que le scénario a été écrit par Tony Kushner, à qui l’on devait déjà Munich (et dont les similarités avec West Side Story sont nombreuses) : le moindre dialogue, le moindre changement ou écart par rapport à l’œuvre d’origine (par exemple la place des chansons qui diffère du film de Robert Wise), fait sens et s’inscrit à la perfection dans la carrière de Steven Spielberg. Car s’il a certes toujours rêvé de faire une comédie musicale, c’est surtout la représentation des deux communautés et leur désir d’appartenance à un foyer qui semblent intéresser le réalisateur. De E.T. à Munich, de A.I. à Arrête-Moi Si Tu Peux, de La Guerre Des Mondes au Terminal, c’est bien la question du retour au foyer qui est la thématique principale traversant presque toute la filmographie de Spielberg.
Non que cette énième relecture de l’histoire de Roméo Et Juliette soit traitée par dessus la jambe, mais ce qui a ainsi vraisemblablement motivé la production de ce film a plutôt trait à l’environnement du couple principal : la rivalité des deux bandes se battant pour le contrôle d’un quartier et donc d’un foyer (évoquant les enfants perdus de Hook devenus des adultes) mais également le racisme et de manière plus large l’impossibilité de communiquer (l’autre thème majeur de la filmographie de Spielberg, se traduisant notamment ici avec de superbes idées de plan dans la chanson Maria et cet escalier qui sépare les deux personnages principaux).
Rassurez-vous, l’aspect purement musical est également à la hauteur des attentes : la mise en scène des numéros dansés atteint des sommets de virtuosité. C’est simple, dès son extraordinaire plan d’introduction, Steven Spielberg donne le ton : son inspiration n’a pas de limite, et si la performance capture et le cinéma virtuel lui avaient permis d’expérimenter et de se lâcher comme jamais avec Les Aventures De Tintin ou Ready Player One, ce retour au tournage traditionnel ne l’a pas empêché de réaliser les séquences les plus dingues qu’il ait probablement faites depuis Minority Report (en matière de montage en particulier, mais aussi de logistique pure comme en témoignent la fameuse scène du bal, les chansons America et Cool). Le résultat à l’écran ? La définition même du cinéma.
On ne peut pas non plus ne pas souligner l’impressionnante performance de l’ensemble du cast. Une réserve pour Ansel Elgort (pas mauvais du tout pourtant) qui n’est pas totalement au niveau des autres acteurs, meilleurs chanteurs et danseurs pour la plupart. Si Rita Moreno impressionne par sa vitalité et son talent toujours intact, on a été estomaqué par l’extraordinaire voix de Rachel Zegler dont il s’agit du premier film, par le jeu nuancé de la déjà grande Ariana DeBose (issue de la comédie musicale de Lin-Manuel Miranda, Hamilton) et par le charismatique Mike Faist, qui vole la vedette à ses collègues dès qu’il entre dans le champ ! Cet acteur a un don insolent pour faire passer toute la fragilité de son personnage avec une économie de moyens que seuls les comédiens expérimentés parviennent à atteindre habituellement. L’une des nombreuses révélations du film.
L’on pourrait encore parler longtemps de ce chef d’œuvre, probablement l’un des meilleurs films de son auteur, mais le mieux est tout simplement de vous conseiller de vous le procurer : c’est un achat indispensable !
La 20th Century Studios (la Fox quoi !) nous sort une très belle édition. Plusieurs même, puisque si le film est testé ici en bluray, vous trouverez également une édition DVD et surtout une édition UHD à la vente.
Le bluray est absolument merveilleux. Une image dénuée du moindre défaut, pour un film ayant été tourné sur pellicule avec un DI 4k. Autrement dit : si le bluray est superbe, l’UHD devrait l’être encore plus. Le rendu organique de la pellicule est particulièrement bien retranscrit, le film a du grain et une texture qui lui donnent un aspect cinéma très appréciable. La définition fait la part belle aux formidables costumes et décors. Du tout bon, sublimé par une gestion des contrastes exemplaire et des couleurs vives dignes de la photo de Kaminski. Qu’on lui donne un Oscar !
Le son en VO (et l’on ne peut que vous conseiller la version originale pour ce genre de film) DTS HD Master Audio est à la hauteur de la réputation de la comédie musicale. Dynamique, précis, avec des effets directionnels constants (les sifflements au début), des basses satisfaisantes, des voix claires lors des dialogues et des morceaux musicaux, le mixage de West Side Story est réjouissant. Tout au plus aurions-nous un léger bémol à émettre en ce qui concerne l’équilibre entre les voix - très mises en avant - et la musique. Rien de rédhibitoire, cette bande son est parfaite.
Un seul bonus, mais pas n’importe lequel puisqu’il s’agit d’un long documentaire chapitré réalisé par le grand Laurent Bouzereau, une référence en la matière pour les amateurs de suppléments. Un making of de plus d’une heure trente, qui revient sur tous les aspects de cette production aussi risquée (même quand le metteur en scène s’appelle Steven Spielberg) qu’ambitieuse. Un régal qui nous prouve que les excellents bonus de ce genre sont de plus en plus rares, et donc précieux.
Indispensable !
Titre original |
West Side Story |
Date de sortie en salles |
8 décembre 2021 avec Walt Disney Company |
Date de sortie en vidéo |
15 avril 2022 avec 20th Century Studios |
Date de sortie en VOD |
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Réalisation |
Steven Spielberg |
Distribution |
Jess Le Proto, Ansel Elgort, Rita Moreno, Corey Stoll & Rachel Zegler |
Scénario |
Tony Kushner d’après l’œuvre d’Arthur Laurents, Stephen Sondheim & Leonard Bernstein |
Photographie |
Janusz Kaminski |
Musique |
Gustavo Dudamel & David Newman |
Support & durée |
Blu-ray 20th Century (2022) en 2.39:1/157 min |
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