Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Spielberg résume parfaitement ce qu’est Ready Player One : « c’est à la fois un bond dans le passé et un bond dans le futur ». Une œuvre unique, qui fait la jonction entre ses blockbusters familiaux des années 80 et son cinéma plus subversif des années 2000. Probablement le film le plus incroyable qu’il nous ait été donné de voir depuis … Avatar.
Il semblerait que, depuis quelques films, l’une des préoccupations majeures de Steven Spielberg concerne l’héritage culturel qu’il a transmis et continue de transmettre de génération en génération tout autour du monde. Lui qui a participé dès la fin des années 70 à façonner le divertissement populaire contemporain, quel lien entretient-il réellement avec son public ? Car si son nom ressort spontanément lorsque l’on évoque les plus grands réalisateurs de tous les temps, que retient-on vraiment de son cinéma ? Steven Spielberg, c’est probablement le premier metteur en scène dont on a connaissance lorsque l’on est un jeune cinéphile. C’est probablement aussi l’un des seuls que l’on peut citer lorsque l’on ne connait rien au cinéma. Dans le milieu, son nom est souvent associé à une blague « Spielberg m’a téléphoné, je joue dans son nouveau film », et travailler avec lui est une sorte de consécration ultime. Un nom associé à de la magie, aux effets spéciaux, à l’aventure, à l’enfance, à des requins, des extra-terrestres, des dinosaures, mais également à de grands récits historiques ayant fait date dans l’Histoire du 7ème art.
Or, donc, quelle influence a-t-il réellement eue sur nous ? Qu’avons-nous compris de ses films ?
Le thème de la communication a toujours été au cœur de sa filmographie et de ses obsessions, mais il n’a jamais abordé aussi ouvertement son métier de « communicant » qu’avec Le BGG et Ready Player One. Dans les deux films, il est question de fabriquer des rêves, et à chaque fois, il se met en scène grâce aux personnages que joue Mark Rylance. Qu’il s’agisse du fameux bon gros géant ou encore du créateur asocial Halliday, il est toujours question de Spielberg. Un homme qui témoigne d’une certaine inquiétude quant à sa capacité à se faire comprendre des autres. Alors que le BGG ne parvient pas à s’exprimer verbalement sans inverser des syllabes et est la risée de ses congénères, James Halliday, lui, finit par s’enfermer dans son propre monde, incapable de prendre la parole en public ou de formaliser ouvertement ses pensées pour dire à ses proches ce qu’il ressent réellement. Des caractéristiques du metteur en scène, diagnostiqué dyslexique et toujours mû par une volonté de communiquer et de tisser des liens autrement que par la parole. On pense ainsi à cet enfant qui imite les gestes de son père dans Jaws, à cette connexion télépathique et émotionnelle entre Elliott et E.T. ou entre Roy Neary et les extra-terrestres de Rencontres Du Troisième Type, au lien qui unit Indiana Jones et son père lors des épreuves de La Dernière Croisade, à l’échange tactile d’informations entre les mécas de A.I., à la précognition d’Agatha et des jumeaux dans Minority Report.
Mais alors qu’il nous parlait de son travail de cinéaste avec Le BGG dans son sens le plus noble d’artisan des rêves, il s’interroge dans Ready Player One sur sa transmission. N’allons-nous retenir de ses films que leur forme, aussi incroyable soit-elle, ou bien leur fond ? A l’heure où la quasi-totalité de la production cinématographique et vidéoludique lorgne vers un revival d’anciennes licences, au gré de suites, de reboots, de remakes, il est légitime de se demander ce qui attire autant les consommateurs vers ces produits qui sous couvert de ressembler à d’anciennes gloires en oublient la plupart du temps leur véritable sens. Et comme Steven Spielberg est l’un des fondateurs de cette culture à laquelle toute l’industrie du divertissement se réfère, il est parfaitement logique qu’il s’interroge sur son héritage et sur la bonne réception de ce qu’il a voulu transmettre au public.
La question est d’autant plus cruciale que ses derniers films n’ont pas rencontré le succès escompté malgré leurs immenses qualités. Tout le monde réclame du Amblin, et se rue sur les derniers épisodes de Stranger Things, mais lorsque Le BGG est distribué en salles : il est boudé. Les anciennes œuvres de Spielberg seraient-elles devenues de simple véhicules à produits dérivés cool, arguments marketing masquant la vacuité des films et séries qui s’en inspirent pour des spectateurs figés dans une époque fantasmée ? Avec Ready Player One, le réalisateur de Tintin trouve le terrain de jeu idéal pour s’adresser aux spectateurs, lui qui n’attire plus autant les foules dans les salles de cinéma, en leur promettant un spectacle a priori rempli à ras-bord de références populaires qu’ils affectionnent tant, et ce jusqu’à l’indigestion. Il va communiquer avec son public par le prisme de ces multiples clins d’œil.
Ce faisant, il va nous rappeler la véritable signification de notre attachement à la culture populaire : celle de rapprocher les gens, tout en dénonçant gentiment l’hypocrisie actuelle de ces majors surfant sur cette vague de nostalgie et qui ne comprennent rien à ce qu’ils vendent. Et s’il n’a pas souhaité mettre en avant ses propres créations dans le film - par modestie, à n’en pas douter - cela n’enlève en rien au fait que Ready Player One soit une œuvre extrêmement personnelle, qui relève parfois de la psychanalyse. Spielberg a toujours parlé plus ou moins directement de lui dans ses films, de son enfance, de son éducation entourée de femmes, du divorce de ses parents, de sa paternité. Aujourd’hui, il se livre en tant que cinéaste aux multiples facettes, en évoquant à la fois l’artiste avec James Halliday, mais également le businessman producteur avec l’antagoniste Nolan Sorrento, et le rêveur avec le jeune héros Wade Watts (la ressemblance physique entre Tye Sheridan et Steven Spielberg est troublante).
Très librement adapté du livre éponyme d’Ernest Cline sorti en 2011, Ready Player One est l’occasion pour Spielberg de retisser des liens : d’abord avec le public, mais aussi au sein même de sa filmographie, entre ses blockbusters familiaux des années 80 et ses films plus subversifs des années 2000, et surtout entre ses propres modèles à l’origine de sa cinéphilie et ses admirateurs. Jamais le terme rétro-futuriste n’aura aussi bien collé à un film.
Pour autant, Ready Player One n’est pas un long-métrage nostalgique. C’est même tout le contraire. Ce n’était pas gagné d’avance compte-tenu du matériau d’origine, un roman d’une sincérité certes touchante mais extrêmement mal écrit et qui ressemble d’avantage à une compilation des goûts de son auteur, vaguement encadrée par une intrigue bourrée de clichés. Aussi rapide et facile qu’il soit à lire, le livre fait office de fan-fiction tout droit sortie du journal intime d’un nerd, avec un héros particulièrement antipathique (il faut avouer que l’emploi de la première personne ne fait rien pour arranger les choses) et une morale un peu puérile à mettre sur le compte de la jeunesse d’Ernest Cline en tant qu’auteur. Nul doute que voir Spielberg aux commandes de l’adaptation de son roman devait être un véritable rêve de gosse pour Cline, d’autant qu’il le cite à plusieurs reprises, mais l’on pouvait se demander lors de l’annonce du tournage ce qui avait bien pu motiver le réalisateur à se pencher précisément sur cet ouvrage. C’était sans compter sur sa femme Kate Capshaw qui avait senti le potentiel de cette histoire, et sur une réécriture complète de l’intrigue par le scénariste Zack Penn et Ernest Cline lui-même.
Il fut un temps envisagé de confier la mise en scène à Edgar Wright, Peter Jackson, Christopher Nolan, Matthew Vaughn ou Robert Zemeckis, mais aucun de ces artistes, si talentueux qu’ils puissent être, n’auraient pu atteindre un tel résultat. Parce que tout dans ce scénario semble avoir été pensé pour s’intégrer à la perfection dans la filmographie de Spielberg. Ne voyez aucun opportunisme dans le projet. Spielberg s’est toujours déclaré « gamer », ayant même créé l’excellent jeu vidéo Boom Blox sur Wii, et il a un indéniable savoir-faire lorsqu’il s’agit de jouer avec son public. De fait, Ready Player One est peut-être la première véritable représentation au cinéma de ce qu’est un jeu vidéo. Spielberg use des codes inhérents à cette autre forme d’art, et parvient à en saisir la quintessence afin de la rendre accessible aux profanes. C’est déjà un petit exploit.
Et bien qu’il mette en scène des centaines de licences issues de la pop culture, il évite l’overdose en ne se focalisant quasiment jamais dessus : on peut très bien ne pas remarquer tel ou tel personnage célèbre dans le champ, cela ne change absolument rien à son film. Autrement dit, pas de chantage affectif, ce qui intéresse le papa d’E.T. ne réside pas dans le déballage gratuit et facile, mais touche à quelque chose de plus profond, de plus intime. Et puis, après tout, Ready Player One est une quête, une course tournée vers l’avenir : il n’y a pas le temps de s’attarder sur le passé. Vous êtes embarqué à bord d’un véhicule piloté par nos héros, et soit, comme le dit Spielberg, vous pouvez décider de regarder avec eux vers l’avant en suivant leur parcours, soit vous pouvez tourner la tête pour dénicher tous les petits clins d’œil à vos univers favoris… au risque de passer à côté de l’essentiel.
Ce qui est un peu le propos du film.
Pour autant, c’est un long-métrage qui supporte très largement les multiples visionnages et qui récompense continuellement ses spectateurs. Parce que bien évidemment, remarquer les petites références dispatchées par l’équipe fait aussi partie du plaisir ludique que l’on a lorsque l’on regarde Ready Player One. Après tout, il s’agit d’une chasse au trésor, et elle implique aussi bien nos héros que les spectateurs. Certaines références sont évidentes, d’autres plus subtiles feront appel à vos connaissances cinématographiques. S’il est par exemple très amusant de noter le petit clin d’œil à Last Action Hero (scénarisé par Zack Penn), il est surtout jubilatoire de voir dans le même plan débouler le T-Rex de Jurassic Park lorsque l’on connait la compétition à laquelle les deux blockbusters s’étaient adonné lors de leur sortie en 1993. Parfois, un simple plan ou une simple idée de mise en scène vous rappellera une œuvre, sans qu’elle ne soit explicitement montrée à l’image. Un régal pour les cinéphiles.
Toujours est-il qu’il est difficile de reprocher à Steven Spielberg de vendre son film sur un prétendu aspect nostalgique à la mode, d’autant qu’à ce petit jeu l’on pouvait déjà distinguer un R2D2 sur le vaisseau mère dans Rencontres Du Troisième Type, de nombreuses références à Star Wars dans E.T. et Indiana Jones, un clin d‘œil aux Goonies dans Jurassic Park une parodie de Jaws dans 1941… Sans compter les multiples références dans ses productions, comme Roger Rabbit et Jaws dans Retour Vers Le Futur 2, Les Gremlins dans les Goonies, sa propre présence dans Men In Black… Ou bien la présence de E.T. dans Star Wars, Star Wars qui faisait aussi un clin d’œil à Blade Runner… dans lequel l’on retrouve le Faucon Millenium ! La plupart des easter eggs de Ready Player One sont justement… des easter eggs. Et les milliers de figurants tout droit sortis des centaines de licences présentes dans le film restent justement… des figurants. Spielberg ne vous file pas de coups de coude pour vous les faire remarquer. Et encore moins pour s’autocongratuler. Ready Player One se situe à l’opposé des œuvres récentes telles que Stranger Things. Alors que la série se sert de ces références eighties, copiées à l’identique, pour faire replonger ses spectateurs dans leur passé, Ready Player One cherche à en faire autre chose, à créer du neuf. Déjà parce que tous ces personnages cultes ne sont pas censés les représenter réellement : ce sont des avatars, ceux des joueurs (dont une grande partie – dont nos héros - n’a pas connu l’époque à laquelle ils s’identifient) qui peuplent l’Oasis, le monde virtuel dans lequel se déroule une grande majorité du film. Les affiches parodiques le montrent bien : on y voit les personnages remplacer les héros sur les affiches bien connues de Blade Runner, Le Géant De Fer, Labyrinthe, Matrix ou encore les Goonies. C’est comme si Spielberg avait découvert un coffre à jouets et qu’il s’amusait à faire vivre une aventure inédite à tous vos héros d’enfance. Ce que fait Andy dans Toy Story 3 par exemple.
Ready Player One conte l’histoire d'un jeune garçon solitaire, Wade Watts, qui va s’émanciper grâce à sa compréhension de la culture de l’imaginaire et du lien puissant qu’elle peut créer entre les gens. Pour hériter de l’Oasis, Wade va devoir réussir trois épreuves concoctées par Halliday, le créateur de ce réseau social virtuel qui rassemble la planète entière. Trois épreuves, qui à la manière d’Indiana Jones Et La Dernière Croisade, vont lier le jeune héros à son modèle. En effet, Halliday ne céderait son empire qu’à quelqu’un qui aurait véritablement saisi le sens de sa création. Et qui n’échouerait pas là où lui-même a échoué. Wade va devoir se battre contre une gigantesque corporation qui détient la technologie pour se connecter à l’Oasis et qui veut mettre la main dessus afin d’en tirer profit. Une corporation nommée IOI, dirigée par le costard-cravate cynique Nolan Sorrento, la représentation de la face sombre des producteurs hollywoodiens actuels qui n’ont aucune idée de ce qu’ils vendent (avec un dialogue hilarant à la clé dans le long-métrage). Wade/Halliday/Sorrento sont trois personnages qui symbolisent la démarche artistique de Spielberg avec ce film, et ses inquiétudes quant à l’héritage culturel que son nom représente. Ready Player One est ainsi une synthèse de son cinéma, à la fois en tant que réalisateur, mais aussi en tant que producteur et simple spectateur. De l’émerveillement enfantin d’une intrigue naïve à la Amblin, à la clairvoyance de ses films des années 2000, le feeling de E.T., la stupéfaction de Jurassic Park, l’émotion de A.I., la complexité visuelle de Minority Report., la virtuosité de Tintin.
Si la morale du film paraitra pour certains un peu simpliste –il ne faut pas s’enfermer dans son monde au risque de passer à côté des plus belles opportunités de sa vie- et que le discours sur l’aliénation à cette drogue que sont les réseaux sociaux vous semblera peut-être un peu réducteur, il ne faut pas oublier que Ready Player One s’adresse à tous. En réalité, le long-métrage est d’une densité thématique folle, mais chacun pourra y trouver son bonheur : on peut le prendre comme l’un des divertissements les plus jubilatoires que l’on ait vu depuis Avatar ou Le Seigneur Des Anneaux, ou comme un autoportrait parfois amer mais toujours bienveillant d’un auteur qui n’a plus rien à prouver mais qui continue systématiquement de repousser les limites de son art.
Parce que Ready Player One, sans être une révolution technique comme avait pu l’être le film de James Cameron, propose une mise en scène absolument épatante qui réinvente la grammaire cinématographique lors de quelques séquences d’anthologie. Jamais un film n’avait aussi bien su mêler le réel au virtuel, au point qu’il arrive régulièrement de ne plus savoir exactement ce que l’on est en train de regarder. Le gros plan dans lequel on voit Wade mettre son casque VR avant de rentrer dans l’Oasis en introduction est une prouesse technique incroyable puisque l’acteur est remplacé par une doublure numérique photoréaliste sans que l’on ne remarque le raccord (qui est fait avec sa main). Une réussite que l’on doit notamment au travail de Janusz Kaminski, dont l’éclairage si particulier donne une texture inédite aux images de synthèses. La performance capture est arrivée à un tel niveau de réalisme que les avatars dans l’Oasis suscitent immédiatement l’adhésion et l’empathie. Spielberg expérimente encore avec des plans « impossibles » plus délirants que ceux de Tintin, et à ce titre la course poursuite du début avec la De Lorean est d’ores et déjà l’une des séquences d’action les plus dingues de l’année. Quant à cette fameuse scène qu’il ne faut surtout pas vous spoiler, c’est tout simplement un rêve de cinéphile. Probablement l’idée la plus folle que l’on ait vue sur un écran de cinéma depuis très longtemps. Un tour de force qui fera date dans l’Histoire du 7e Art et qui est la preuve – s’il en fallait encore une - de l’immense talent du réalisateur pour parler à son public.
Et puis, qu’est-ce que l’on rit ! Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas ressenti une telle ferveur dans la salle, des journalistes allant jusqu’à applaudir. Un immense plaisir de suivre les aventures du High Five, cette bande d’adolescents qui vous rappellera sans doute les Goonies, dans un film d’une générosité sans égale. L’on veut bien croire sur paroles Steven Spielberg lorsqu’il affirme qu’il s’agit de l’un de ses tournages les plus difficiles, mais il y a une telle énergie, une telle fraîcheur dans Ready Player One que l’on devine également sa joie d’être aux commandes d’un projet aussi fou.
Hormis peut-être la bataille finale qui nous aura semblée expéditive, tout dans ce film tient du miracle. L’on pouvait craindre quelques fautes de goût en termes de direction artistique, mais tout est justifié à l’écran. Si le design d’Art3mis, l’avatar de Samantha, a de quoi surprendre avec ses tatouages rouges sur le visage, il correspond parfaitement à la psychologie de la jeune fille. Pareil pour l’avatar de Nolan Sorrento, qui se voit dans le jeu comme dans la réalité, c’est-à-dire sans imagination : un autre costard-cravate, mais bodybuildé et avec la gueule d’un Clark Kent sous stéroïdes.
Pour son grand retour à la SF après Minority Report, Steven Spielberg nous gratifie d’une vision très plausible du futur. Avec sa marque de fabrique –filmer des personnages au centre d’un cadre ou d’un cercle à l’intérieur du cadre- il dénonce par l’image notre dépendance aux réseaux sociaux : le superbe plan séquence d’introduction nous montre, par la fenêtre des mobil homes dans lesquels ils vivent, des personnages enfermés chez eux un casque de réalité virtuelle volontairement vissé sur la tête. A la fin, nous verront des prisonniers, à travers les vitres de leurs cellules, un casque de réalité virtuelle cadenassé sur leur tête. Aucune distinction : dans les deux cas les personnages sont aliénés. Même Wade, pourtant le futur leader de la rébellion qui verra des milliers de « joueurs » investir la rue pour se battre contre IOI, est tenu par des câbles comme un pantin lorsqu’il se connecte dans l’Oasis. Spielberg va passer son temps à jouer avec cette image de cadre dans un cadre. Ce n’est pas un hasard s’il est indiqué que le clip musical préféré de Halliday (l’avatar de Spielberg) est celui de Take On Me de A-Ha, dans lequel on voyait une jeune femme rejoindre son groupe préféré en entrant dans des cases de BD, avec une caméra qui traversait le miroir. Ce n’est pas la première fois que Spielberg s’identifie ainsi au personnage du créateur lorsqu’il donne dans le méta. Rappelez-vous de Jurassic Park dans lequel il se voyait en John Hammond de l’ère du numérique. Rarement l’un de ses films nous aura paru toucher autant à son intimité. La toute dernière épreuve de Halliday le confirme : Spielberg est l’un de ces génies qui ont besoin d’injecter une partie d’eux-mêmes dans leur création pour pouvoir en être fier.
Ready Player One est un film continuellement surprenant, inclassable.
A l’instar de cette bande originale mêlant tubes pop des années 80 et composition symphonique d’un Alan Silvestri en très grande forme, venu remplacer un John Williams déjà bien occupé sur Pentagon Papers. Un choix judicieux, le compositeur ayant non seulement écrit parmi les scores les plus emblématiques des eighties avec Roger Rabbit et Retour Vers Le Futur, mais ayant également bossé sur des genres en parfaite adéquation avec le sujet qui nous intéresse, à savoir des adaptations cinématographiques de jeux vidéo, des films d’animation comme Lilo Et Stitch et des films en performance capture comme Le Pôle Express. Le thème principal de Ready Player One est un mix de toutes ces influences, qui sonne comme du Indiana Jones. A priori une musique que l’on n’associerait pas à un film censé se dérouler dans un univers virtuel et à une imagerie de jeux vidéo des années 80/90 (les affiches personnages parodient les jaquettes de Megadrive, l’affiche officielle comporte des lignes rétrofuturistes comme sur les boîtes de jeux GameBoy de l’époque).
Et dire qu’il y a deux mois sortait Pentagon Papers ! Comment peut-il à ce point trouver l’énergie et la motivation pour travailler aussi rapidement ? Steven Spielberg nous le disait en début d’année lorsque nous avions eu l’opportunité de le rencontrer : « Moi, ce qu’il me faut, c’est une bonne histoire ».
Un immense merci pour nous faire aimer le cinéma. Bien entendu, allez le voir !
Titre original | Ready Player One |
Date de sortie en salles | 28 mars 2018 avec Warner Bros. |
Date de sortie en vidéo |
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Photographie | Janusz Kaminski |
Musique | Alan Silvestri |
Support & durée | 35 mm en 2.39:1 / 140 min |
Steven Spielberg au cinéma - l'Ecran Miroir
Et c'est parti pour un nouveau Challenge ! Après Kubrick , Cronenberg , Lynch , Anderson et Carpenter , c'est Steven Spielberg qui a l'honneur d'être étudié dans sa filmographie qu'on prendra s...
http://www.ecran-miroir.fr/article-challenge-steven-spielberg-au-cinema-112537380.html