Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Synopsis : L’Adamant est un Centre de Jour unique en son genre : c’est un bâtiment flottant. Édifié sur la Seine, en plein cœur de Paris, il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les structure dans le temps et l’espace, les aide à renouer avec le monde, à retrouver un peu d’élan. L’équipe qui l’anime est de celles qui tentent de résister autant qu’elles peuvent au délabrement et à la déshumanisation de la psychiatrie. Ce film nous invite à monter à son bord pour aller à la rencontre des patients et soignants qui en inventent jour après jour le quotidien.
Première partie d’un triptyque axé sur le Pôle de soins de Paris Centre, Sur l’Adamant constitue une plongée revigorante en un lieu où « gueules cassées », âmes torturées et esprits malades peuvent enfin donner libre cours à leur envie de poésie, leur besoin d’art et de culture. Sous le pavillon de la bienveillance flotte cette arche d’humanité où des êtres brisés par leur altérité s’expriment avec une douloureuse lucidité et créent entre leurs solitudes juxtaposées des fragments d’éternité. Impossible d’oublier ces regards face caméra qui plongent au cœur de notre condition humaine, ces silences qui disent leur souffrance, ces sentences qui revendiquent leur mal et surtout ces vers, ces dessins, ces musiques et ces pas de danse qui transfigurent leur condition.
Fasciné depuis ses débuts par le monde de la psychiatrie, Nicolas Philibert a cette fois fait le pari d’un dispositif totalement transparent pour aller filmer dans ce cadre à nul autre pareil, imaginé par des architectes en collaboration avec des patients et soignants. Si la caméra provoquera forcément son lot d’interactions, altèrera des discours et des postures, elle finit aussi par se faire complice, parfois miroir, parfois presque invisible, laissant la petite équipe de tournage évoluer librement, poser des questions, parfois, attendre des réactions aussi, mais surtout filmer ce qui ne peut être programmé, prévu, échafaudé : les franches interpellations, les erreurs dans les calculs, les éclats de rire et les éclats de voix, les danses improvisées, les regards qui se troublent et la parole qui se libère, les aveux déchirants et les sermons sur la montagne.
Faire un documentaire c’est se frotter à l’accidentel, à tout ce qui échappe aux prévisions, à la dramaturgie. Les plus belles scènes sont souvent celles qui naissent par surprise, sans préméditation. Parfois il suffit d’être là, attentif à ce qui nous entoure, et d'y croire assez pour que cet endroit devienne un lieu, ces hommes et ces femmes les personnages d'un récit, ces actions à première vue anodines d’authentiques histoires.
Sur l’Adamant, sorte de bateau ivre bercé d’illusions, on y fait les comptes et on les refait parce qu’on se trompe toujours.
Sur l’Adamant, on fume des cigarettes sur le pont, coincé entre la caméra et une patiente qui danse.
Sur l’Adamant, on tente d’interpréter ses propres expressions picturales, y voyant ce que d’autres ne savent pas voir, y trouvant ce que d’autres viennent d’apercevoir – et on se rend compte qu’on a créé du beau.
Sur l’Adamant, on raconte sa vie pleine de bruits et de fureur avec patience et humilité.
Sur l’Adamant, on compose des chansons à main levée, on écrit des poèmes qui vous transpercent.
Sur l’Adamant, le programme de la journée est co-proposé et validé par les patients.
Sur l’Adamant, on y danse, on y danse.
Sur l’Adamant, les patients sont des acteurs qui s’ignorent – et c'est l'un d'entre eux qui le dit.
Ce film place la réflexion, le sentiment, le son et l’image relatifs à ces questions à un niveau profond, à un niveau humaniste, qui nous a tous touchés et submergés au sein du jury.
C’est la preuve cinématographique de la nécessité vitale de l’expression humaine, et c’est magistralement réalisé. (…) Les paramètres invisibles établis par l’industrie et l’académisme n'ont aucune chance face à ce film.
Sur l’Adamant, les patients s’auto-analysent avec une lucidité déconcertante. Malgré leur discours posé et méthodique, leur regard aiguisé sur leur propre condition, leurs fulgurances artistiques, ils se savent complètement désarmés face aux contingences du réel, de ce monde matériel trop brutal qui nous entoure, à la dictature de la normalité.
Sur l’Adamant, on tente d’oublier la solitude terrifiante liée à son état psychique, et on se nourrit d’humanité et de bienveillance, tout en se reposant sur les souvenirs d’une époque moins sordide.
Sur l’Adamant, l’art vous explose à la gueule dans chaque pièce, et sort sans crier gare.
Sur l'Adamant, on se prend en photo puis on prend le réalisateur en photo. Parce que y a pas de raison.
Sur l’Adamant, on rit beaucoup, et on chante du Téléphone. Et on boit des cafés.
Sur l'Adamant, "personne n'est parfait".
Le film sort en vidéo le 19 septembre 2023 chez Blaq Out, dans un coffret DVD contenant un second disque de bonus et un livret spécifique réalisé par l'AFCAE (Association Française des Cinémas Art & Essai).
Titre original |
Sur l’Adamant |
Date de sortie en salles |
19 avril 2023 avec les Films du Losange |
Date de sortie en vidéo |
19 septembre 2023 avec Blaq Out |
Réalisation |
Nicolas Philibert |
Distribution |
Les patients & l’équipe soignante du centre |
Scénario |
Nicolas Philibert |
Photographie |
Nicolas Philibert |
Musique |
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Support & durée |
DVD Blaq Out (2023) zone 2 en 1.85 :1 / 109 min |