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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

Sweet Sixteen

Sweet Sixteen

Synopsis : Accompagnant son père venu effectuer des fouilles près de la ville natale de sa femme, Melissa, qui va sur ses seize ans, tente de faire connaissance avec les jeunes du coin. Sa séduction naturelle et son côté provocateur attirent les regards et les commentaires des locaux, peu habitués à cette forme de désinvolture, mais plusieurs garçons se laissent tenter. Le problème est qu’ils finissent tous sauvagement assassinés…

Sweet Sixteen

Les amateurs de petites pépites ciné issues des étagères poussiéreuses des vidéoclubs, et remises en vigueur par les éditions Rimini, en lorgnant sur la sortie de Mutant, auront sans doute remarqué celle de Sweet Sixteen, programmé pour le 15 juin 2023 sous nos latitudes : master HD, film quasiment inconnu, et la présence de Bo Hopkins aux deux génériques marquent certaines des similitudes entre les deux productions des années 80, auxquelles on peut ajouter même petit budget, mêmes maquillages approximatifs, ainsi qu’une similitude d’atmosphère avec ces bourgades repliées sur elles-mêmes où les rumeurs courent à la vitesse d’un coup de feu, où les traditions ancestrales forment les piliers d’une communauté rigide et aigrie et où toute nouveauté est perçue comme une atteinte à l’intégrité de la société. On n’est pas loin de Footloose, mais en beaucoup moins fun.

Sweet Sixteen

Contrairement à Mutant, qui nous faisait suivre deux frangins paumés dans une bourgade sudiste recélant un mystérieux danger mortel, Sweet Sixteen adopte un point de vue nettement plus traditionnel : cette fois, Bo Hopkins, semble en être le protagoniste principal, ce qui laisse penser que l’enquête sera le moteur de l’intrigue. Après un préambule d’un classicisme éhonté (le cauchemar d’une jeune fille s’achevant sur son réveil pantelant), l’on pourrait estimer qu’on tient également l’incarnation du rôle-titre : que nenni, c’est juste une fausse piste, Marci Burke est la fille du sheriff, une adolescente maligne et observatrice dont le passe-temps est de tenter de résoudre des énigmes. Manque de bol, cet élément qui aurait pu apporter du sel au déroulement du scénario, ne sera pratiquement pas mis en valeur. C’est toutefois elle qui essaiera d’approcher la mystérieuse Melissa, fille du professeur Morgan qui est en ville le temps de terminer ses fouilles dans une sépulture indienne.

Sweet Sixteen

Melissa, elle, n’a pas froid aux yeux et cherche l’aventure : elle boit de l’alcool, fume et drague ouvertement. Elle finit par monter dans la voiture d’un gars du coin qui a eu une altercation avec un Indien taciturne. On le retrouvera sauvagement assassiné le lendemain. L’enquête peut dès lors commencer, mais le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle ira lentement, faute d’éléments probants, le sheriff Burke n’ayant pas du tout l’habitude de scènes de crime aussi sanglantes. Ce n’est qu’après la découverte d’un second cadavre la nuit suivante (un lycéen qui avait rendez-vous avec Melissa) que les soupçons vont se porter sur la jeune fille de l’universitaire.

Tout cela progresse à la va-comme-je-te-pousse, et on s’amuse des similitudes entre le sheriff Burke et celui de Mutants : même interprète, donc, avec un Bo Hopkins moins désabusé et porté sur l’alcool que dans le film de « Bud » Carlos, mais qui s’avère tout aussi célibataire bien qu’ayant une relation avérée avec une personnalité locale, laquelle lui permettra un peu d’avancer dans son enquête. Les soupçons sont maigres, mais les ressentiments intenses et certains ne vont pas hésiter à aller lyncher celui qu’ils estiment responsable de ces atrocités. Pendant ce temps, Melissa prépare son anniversaire car, effectivement, elle va avoir seize ans.

Sweet Sixteen

Malgré une jolie affiche, le film ne tient guère ses promesses, ne propose pas de second degré et ne fait qu’explorer certains problèmes en enchaînant les séquences, parfois gratuites, ou un peu d’érotisme inutile succède à quelques giclées d’hémoglobine. Le rythme est pantouflard, les décors extrêmement limités – au moins autant que le jeu de la plupart des acteurs, parmi lesquels on regrette les apparitions de Patrick MacNee qui ne servent à rien – savoir qu’il a remplacé Leslie Nielsen au pied levé n’excuse pas la platitude du script. Sweet Sixteen déçoit en ce qu’il accumule les clichés des mauvaises productions du passé : le male gaze y est presque insupportable, s’attardant sans vergogne sur la plastique avenante d’Aleisa Shirley, sous la douche ou prenant un bain de minuit, sans parvenir à introduire des éléments perturbateurs voire du second degré. De la nudité gratuite, un peu de sang par ci, deux bagarres par là et un tueur inconnu dont le spectateur en mal de suspense et de sensations s’évertue (bien davantage que les autorités locales) à trouver l’identité. Il y a même l’incontournable cimetière indien (quoi de plus romantique que d’aller s’y bécoter à la pleine lune quand on est jeune) ! Les fausses pistes maladroites achèveront peut-être la patience de certains, d’autant que la résolution s’avère assez frustrante.

Sweet Sixteen

Reste que Sweet Sixteen peut être également perçu comme la photographie malheureusement réelle d’une société insouciante de ses propres excès, non pas dans sa réalisation quelconque ou dans son scénario laborieux, mais bien dans l’utilisation de certains poncifs des séries B, puisés dans les pulps des décennies précédentes. La caractérisation grossière des personnages et la pauvreté des dialogues s’effaceront derrière le plaisir qu’on prendra à pointer du doigt ces passages obligés d’un certain cinéma populaire, à cocher les constituants d’une liste consensuelle, d’autant que, comme d’habitude, la qualité de la restauration saute aux yeux – avec un gros bémol toutefois sur la piste sonore, assez horrible en VO avec ce côté nasillard et sifflant caractéristique des copies d’époque. Pour le coup, la VF, bien que souvent risible, est nettement plus confortable à l’écoute.

Sans doute pas la pépite attendue, mais Sweet Sixteen, s’il ne terrifiera et n’écœurera personne, pourrait venir compléter une bonne soirée entre potes, à condition que la bière et les pizzas soient bonnes.

Titre original

Sweet Sixteen

Date de sortie en salles (U.S.A.)

16 septembre 1983 avec Century International

Date de sortie en vidéo

15 juin 2023 avec Rimini éditions

Réalisation

Jim Sotos

Distribution

Bo Hopkins, Susan Strasberg & Patrick MacNee

Scénario

Erwin Goldman

Photographie

James L. Carter

Musique

Tommy Vig

Support & durée

Blu-ray Rimini (2023) region B en 1.85 :1 / 88 min

Sweet Sixteen
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