Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

Mutant

Mutant

Synopsis : Deux frères, Josh et Mike, débarquent pour quelques jours dans une petite ville du Texas.
Ils découvrent que de nombreux habitants sont morts récemment, ou portés disparus.
Lorsque Mike disparaît à son tour, Josh fait équipe avec le shérif local et une institutrice pour le retrouver, sans se douter de l’horrible vérité qui les attend...

Mutant

Les éditions Rimini, toujours en quête de perles oubliées du cinéma, qui n’ont pas connu la gloire du box-office ni, parfois, de sorties vidéo dignes de ce nom, reviennent encore avec un film inconnu, dont les piètres résultats en salles ont précipité la chute de la compagnie Film Ventures International. Comme toujours, même si la qualité n’est pas au rendez-vous, on sait avec ce genre de produits qu’on aura droit à une édition prestigieuse, à la remastérisation bluffante de précision, accompagnée de plusieurs suppléments qui peuvent valoir leur pesant de cacahuètes pour les amateurs d’anecdotes croustillantes ou des dessous du VIIe Art : un DVD accompagne en effet, le disque Blu-ray, ainsi qu’un livret de 24 pages qui se penche sur la personnalité singulière qu’était le réalisateur.

Mutant

Mais c’est le film qui nous intéresse aujourd’hui, et le moins qu’on puisse dire c’est que l’image en HD s’avère remarquable de précision et propose même un contraste souvent satisfaisant dans les scènes nocturnes (une seule d’entre elles, dans une cave, affiche un bruit vidéo gênant et des noirs qui virent au bleu). De quoi apprécier cette balade en pays redneck, avec nos deux frères de la ville venus s’encanailler pour les vacances, histoire d’oublier un chagrin d’amour (mais si !). Amateurs de poncifs éculés, vous serez servis : tout y est ou presque quant à l’imagerie du terroir sudiste dans les années 80, comme la face cachée de Shérif, fais-moi peur. Après une introduction pleine de promesses (un flic vient enquêter en pleine nuit dans une maison déserte, et finit par trouver ce qu’il n’aurait pas dû trouver), voilà nos deux lascars en virée sur les longues routes du Sud. Premier contact avec les indigènes et premier accroc : ces bas-du-plafond dans leur camionnette vont s’empresser lors d’une course–poursuite de pousser nos frangins hors de la chaussée. Leur belle décapotable (au moteur sans doute surestimé vu qu’elle s’est avérée incapable de semer le tacot des locaux) se retrouve le capot dans l’eau, et il leur faudra faire plusieurs kilomètres avec leur barda pour parvenir à la bourgade la plus proche. Il est tard, il n’y a pas un chat dans les rues mais ils aperçoivent un bar éclairé d’où sort un gars bien imbibé, qui gage dans une ruelle sombre avant de pousser un hurlement. Le temps qu’ils arrivent, il est trop tard : le mec est décédé. Cherchant le shérif au bar, ils tombent nez à nez avec la bande qui les a foutus dans la rivière. Heureusement, le shérif finit par intervenir avant qu’il y ait trop de casse. En revanche, leur cadavre a disparu, et leur médiocre taux de crédibilité frôle le néant. Ce bon shérif, visiblement désireux de passer à autre chose, finit tout de même par leur recommander une pension de famille où ils pourront passer la nuit avant de faire réparer leur véhicule aux premières lueurs de l’aube. Évidemment, la nuit ne sera pas de tout repos…

Mutant

« Bud » Carlos, vieux routard des séries B, traite son sujet avec sérieux et, contrairement à la plupart des productions similaires, ne laisse transpirer que très peu d’humour. La progression dans l’horreur va crescendo et, très vite, le frère aîné, puis le shérif, (bien malgré lui), sa copine la doctoresse du coin et l’institutrice du village (qui se balade en mini-short et débardeur plongeant) finissent par se rendre à l’évidence : quelque chose fait disparaître les habitants. Les uns peinant à se faire comprendre du gardien de la paix, ce dernier ne parvenant pas à convaincre ses supérieurs de dépêcher des renforts, il devient évident que tout ce beau monde devrait travailler ensemble à la résolution du mystère. On explore ainsi les différents secteurs du patelin (l’école, la clinique, le bar) jusqu’à ce qu’enfin ce qui erre dans les ombres finisse par se révéler, et la menace par apparaître – tandis que les protagonistes survivants se font de plus en plus rares.

Mutant

Mutant vire alors vers le film de zombie et perd une grande partie de sa maîtrise formelle, pour afficher plus régulièrement ses hordes de cadavres ambulants décérébrés, au contact létal. Maquillage approximatif, décors limités, usage abusif de brume ruinent le capital emmagasiné par la première moitié du film, certes un peu bavarde, mais tout en progression. L’interprétation n’est pas des plus crédibles, cependant deux points restent à souligner : la bande originale, constituée de longues plages de musique symphonique, est étonnante tant dans ses contrepoints que dans son intensité langoureuse ; et le variant zombie, issu non pas d’un virus qui les pousse à bouffer de la cervelle, mais d’une source liée à une matière toxique (sans dévoiler la fin, Josh comprend assez vite qu’il y a là-dessous l’intervention occulte d’une usine de produits chimiques). Bon, on est quand même loin d’un petit chef-d’œuvre comme the Host, mais l’intention est là et mérite d’être évoquée.

Mutant

Formellement, le film ne fait pas peur une seule seconde, et certaines séquences sont risibles, néanmoins Carlos mène sa barque sans trembler et enchaînes quelques cascades et bagarres sur un tempo enlevé qui fait qu’on ne s’ennuie pas et qu’on ne rit que très peu. Tant de sérieux force le respect et le métrage a des qualités qui lui font éviter le classement « Z », tout en promettant de passer une soirée pizza bien rythmée.

Titre original

Night Shadows

Date de sortie en salles

15 mai 1984 avec Film Ventures International

Date de sortie en vidéo

25 mai 2023 avec Rimini éditions

Réalisation

John “Bud” Carlos

Distribution

Wings Hauser, Jody Medford, Lee Montgomery & Bo Hopkins

Scénario

Peter Z. Orton, Michael Jones & John C. Kruize

Photographie

Alfred Taylor

Musique

Richard Band

Support & durée

Blu-ray Rimini (2023) region B en 1.77 :1 / 99 min

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article