Stillwater

Un américain à Marseille. A la fois thriller et drame social voire romance, Stillwater de Tom McCarthy avec Matt Damon et Camille Cottin étonne par la justesse de son propos et par un scénario qui ne cède pas à la facilité ni aux clichés inhérents à la confrontation entre deux cultures aux antipodes l’une de l’autre. Un très bon film.

Le pitch pouvait laisser imaginer un énième dérivé de Taken, avec cet américain prêt à en découdre avec le monde pour prouver l’innocence de sa fille, incarcérée depuis 5 ans dans une prison de Marseille pour le meurtre de son amie. Mais avec le réalisateur de l’oscarisé Spotlight, il était évident que ce Stillwater allait être un peu plus subtil que n’importe quelle LiamNeesonnerie.

A dire vrai, tout ce qui concerne l’aspect thriller du film ne semble pas spécialement intéresser Tom McCarthy, qui préfère plutôt se servir du postulat de base pour mettre en scène un drame social d’une étonnante justesse de ton. Il faudrait spoiler pour réellement montrer en quoi Stillwater peut s’avérer presque subversif par instants, mais l’on est assez loin du propos habituel auquel la plupart des productions américaines se plient pour ne pas froisser les spectateurs. Stillwater n’est pas un film complaisant, il met le public face à ses propres préjugés. Et en cela, on peut souligner le formidable travail des scénaristes pour éviter tout cliché inhérent à la confrontation entre la culture américaine et la culture française. Et raconter avec autant de lucidité le quotidien de ces personnages en décalage avec un monde dont ils font pourtant indéniablement partie.

A ce titre, le quatuor principal est impeccable : Matt Damon en homme solitaire et bourru prouve qu’il est l’un des plus grands acteurs américains actuels, Camille Cottin est très crédible dans le rôle de cette mère célibataire et artiste bohème, Abigael Breslin est troublante de fragilité et parvient en quelques secondes à faire jaillir toute l’instabilité de son personnage et la jeune comédienne Lilou Siauvaud n’a pas à rougir face à la prestation de ses célèbres partenaires, elle est très talentueuse.

Un très bon film.

Le bluray, trouvable à petit prix, est une belle réussite. Ce qui est d’autant plus réjouissant puisqu’Universal ne sort pas le film en UHD. La copie est dénuée du moindre défaut. Une image stable, à la définition très impressionnante (les décors cinégéniques de Marseille, les  textures, les visages bénéficient clairement de la HD), une formidable luminosité que l’on doit à la superbe photographie du film. Et la compression est idéale.

Le son en VO DTS HD MA n’est pas très démonstratif, mais l’on notera que les voix restent toujours parfaitement claires et audibles (malgré les nombreux changements de langues) et que la musique est particulièrement bien mixée. Quelques effets surround appréciables pour immerger les spectateurs (le match de foot au stade Vélodrome) mais rien de réellement exceptionnel. Si la VF en simple DTS est correcte, on vous conseille de privilégier le film en VO car le jeu sur la barrière de la langue y est un élément primordial.

Niveau bonus, seules 3 featurettes d’environ 5 minutes chacune sont disponibles. Très frustrant, il y avait pourtant un intérêt à nous proposer un making-of sur le tournage d’un film américain en France, et encore plus quand il s’agit de filmer la ville de Marseille. A titre personnel, cela a été une belle surprise de découvrir qu’une partie du film a été tournée dans mon ancienne fac de sciences, l’Université Aix-Marseille I Saint-Charles. Presque 20 ans après, j’ai pu y retrouver le temps de quelques minutes un lieu qui m’était très familier et que je n’aurais jamais imaginé voir un jour au cinéma. Et rien que pour ça, le film m’est précieux.