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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

Candyman (2021)

Candyman (2021)

En reprenant Candyman sous le patronage de Jordan Peele, Nia Da Costa (réalisatrice de Little Woods) avait un challenge conséquent devant elle : rentabiliser le film dès le premier week-end de sortie en Amérique du Nord, ce qui lui a permis de décrocher en prime quelques prix dans des festivals (meilleure réalisatrice au Palm Springs International Film Festival ainsi qu’au Sunset Film Circle Awards). Ainsi, elle pouvait considérer que la mission dont elle était chargée était accomplie. Une cinéaste à suivre, sans aucun doute, même si le métrage qu’elle nous propose sent incontestablement la patte du créateur un brin controversé d’Us et Get Out.

Synopsis : D’aussi loin qu’ils s’en souviennent, les habitants de Cabrini Green, une des cités les plus insalubres en plein cœur de Chicago, ont toujours été terrorisés par une effroyable histoire de fantôme, passant de bouche à oreille, où il est question d’un tueur tout droit sorti de l’enfer, avec un crochet en guise de main, qui pourrait apparemment être convoqué très facilement par qui l’oserait, rien qu’en répétant son nom 5 fois devant un miroir. 

Dix ans après que la dernière des tours de la cité ait été détruite, l’artiste peintre Anthony McCoy et sa petite amie Cartwright, directrice de galerie d’art, emménagent dans un appartement luxueux, sur le site de l’ancienne cité, aujourd’hui complètement nettoyé et reconverti en résidence réservée à une classe sociale jeune et aisée. Alors que la carrière d’Anthony est au point mort, il rencontre par hasard un ancien habitant de la cité d’avant sa rénovation qui lui raconte ce qui se cache réellement derrière la légende du CANDYMAN. Désireux de relancer sa carrière, le jeune artiste commence à se servir des détails de cette macabre histoire comme source d’inspiration pour ses tableaux, sans se rendre compte qu’il rouvre la porte d’un passé trouble qui va mettre en danger son équilibre mental et déclencher une vague de violence qui en se propageant va le forcer à faire face à son destin.

On remarque très tôt en effet, en visionnant le nouveau Candyman, les ingrédients qui ont marqué de nombreux spectateurs des films de Peele, agacé quelques critiques et jeté plusieurs pavés dans la mare cinématographique : un style affirmé, une grammaire filmique maîtrisée et un discours orienté. De nombreux dialogues viennent ainsi marteler la condition des Afro-Américains, mettant systématiquement les interlocuteurs en porte-à-faux, même (voire surtout) s’ils croient détenir une vérité renforcée par leur culture savante, leur condition sociale prévalente ou simplement leur profession d’expert. Lorsqu’Anthony est invité chez une critique d’art dans son superbe appartement, on assiste alors à une sorte de joute oratoire aussi brillante que gênante sur la manière dont l’art reflète son contexte politique et social.

Candyman (2021)

Toutefois, le film n’est pas un simple pamphlet habilement enveloppé de soie filmique : on parlait de style, et Da Costa fait preuve, incontestablement, d’un réel talent visuel. Ses angles de prises de vue exagérés, ses décadrages outrés contribuent à installer une ambiance évanescente qui marque la rétine plus durablement que les quelques excès gore éclaboussant l'œuvre. En inversant la perspective dans un travelling classique où pointent les sommets de buildings sombres, elle ouvre son métrage par une prise de position artistique qui ira en s’affirmant progressivement. Après tout, son personnage principal est un artiste, dont la psyché, petit à petit phagocytée par le mythe local auquel elle est confrontée, donnera lieu à quelques toiles percutantes ; les premiers meurtres du temps présent (après avoir raconté ceux du passé) se déroulent dans une galerie d’art et l’un des tableaux phares du peintre se veut carrément une porte ouverte à l’irruption de Candyman dans notre monde. Les décors impressionnants de Cabrini Green (où le tournage du premier opus avait pris place) sont une véritable mine d’informations et de sensations, dont Anthony va se nourrir, et nourrir le spectateur par osmose. Le choix d’opter pour une animation à chaque fois que l’histoire du premier meurtrier et de son exécution publique est mise à l’écran est une évidence, qui rappelle l’excellente séquence similaire au début de Hellboy II.

Candyman (2021)

De fait, Candyman second du nom se veut autant un hommage qu’une suite respectueuse, tout en accentuant quelques faits servant la cause défendue par Peele. Et le cinéphile ne peut qu’opiner du chef et écarquiller les yeux devant certaines séquences graphiquement abouties, certains plans travaillés et quelques mouvements de caméra opportuns.

Le scénario en revanche peine à suivre les intentions, ou les aspirations, de Nia Da Costa, qui échoue à faire trembler et parvient rarement à inquiéter. Les situations horrifiques se suivent comme autant de passages obligés, de figures imposées, et sombrent parfois dans un grotesque vaguement assumé (la scène des toilettes des filles). La lente métamorphose d’Anthony, même si se voulant légitimement référentielle, ne fera qu’inspirer quelques soupirs amusés aux fans de Cronenberg. Finalement, l’histoire de l’emprise du mythe sur cet artiste talentueux qui finira par ressusciter le croquemitaine local en tant que véhicule artistique, puis incarnation vivante, ne suscitera qu’un ennui poli à ceux qui recherchaient le frisson et l’angoisse. D’autant que les interprètes ne parviennent jamais à se hisser au niveau de la réalisation, et qu’on ne sera pas étonné ainsi de revoir l'acteur qui interprétait le Candyman dans la première version, comme une sorte de garant malgré lui de la pertinence du projet.

Candyman (2021)

En tant que film de genre, cette version ne secouera personne et ne suscitera guère de cauchemars, ou même une simple gêne aux entournures. Surtout si l’on est déjà un amateur d’épouvante à l’écran : ou c’est raté, ou c’est déjà vu. Mais l’œuvre reste au-delà de cela fascinante par son emballage, précieux, inventif, étincelant, qui transcende le matériau de base pour distiller son message avec une classe folle. Les décors, les costumes, la photographie sont parfaitement intégrés au processus d’une mise en scène pleine de promesses et font que Nia Da Costa est incontestablement une artiste à suivre.

Une expérience à tenter chez Universal Pictures France : le film sera disponible en Blu-Ray, 4K UHD, DVD et VOD le 16 février 2022.

Candyman (2021)

Test technique, par Nico

S’il y a bien un point sur lequel Candyman peut faire l’unanimité critique, c’est sur la qualité technique de son bluray.

Une image sans aucun défaut, à la compression presque parfaite. Tourné en numérique avec un master 4K, le film conserve toutes ses qualités en bluray : définition impressionnante,  très belles textures, couleurs saturées, avec de très bons contrastes. Un peu de bruit parfois, pour chipoter. L’UHD devrait sans aucun doute être de grande qualité.

Candyman (2021)

Si l’image est excellente, le son l’est encore plus. La piste VO Dolby Atmos est incroyable et fait tout ce que l’on attend d’un film du genre : effets surround omniprésents, belle spatialisation, dynamisme et clarté des voix.

Les bonus sont relativement nombreux mais répartis en petits modules peu exhaustifs. On y trouve des scènes supplémentaires notamment, et des focus sur le maquillage, la franchise, la bande originale, les décors. Environ une heure de bonus en tout.

Titre original

Candyman

Date de sortie en salles

29 septembre 2021 avec Universal Pictures

Date de sortie en vidéo

16 février 2022 avec Universal Pictures France

Date de sortie en VOD

 

Réalisation

Nia Da Costa

Distribution

Yahya Abdul-Mateen IITeyonah Parris, Tony Todd & Nathan Stewart-Jarrett

Scénario

Jordan Peel, Nia Da Costa & Win Rosenfeld d’après la nouvelle de Clive Barker

Photographie

John Guleserian

Musique

Robert A. A. Lowe

Support & durée

Blu-ray Universal (2022) region B en 2.35:1/91 min

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S
Assez d'accord, des qualités certaines mais au final on s'ennuie un peu...
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