Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Synopsis : Après une invasion extraterrestre de la Terre, les derniers survivants se battent dans une guerre désespérée. Alors que les pertes augmentent de jour en jour, la résistance et ses alliés inattendus découvrent l’existence du projet Rainfall qui pourrait mettre un terme au conflit.
En 2018, une société australienne produisait un petit film de SF local plein d’ambition, porté par un scénariste-réalisateur motivé : Luke Sparke proposait alors avec Invaders une vision particulière sur une histoire d’invasion extraterrestre. Si ce sous-genre, déjà bien galvaudé dans la littérature de science-fiction, a déjà été maintes fois transposé à l’écran, souvent afin d’en mettre plein la vue aux spectateurs (impossible d’oublier Independance Day, aussi stupide que jubilatoire), il a aussi donné l’occasion à certains cinéastes talentueux de donner un point de vue plus singulier, versant dans la parodie grinçante (Mars Attacks !) ou dans le survival spectaculaire (la Guerre des mondes).
Régulièrement, les plus réussis sont ceux qui, après avoir planté le décor, souvent tragique et désespérant, d’une menace insurmontable et implacable, s’intéressent ensuite à un petit groupe de personnes, développant les petites histoires au sein de la grande. On laisse ainsi l’aspect stratégique d’une guerre interplanétaire (souvent d’ailleurs totalement déséquilibrée, avec des aliens maîtrisant des technologies bien supérieures aux nôtres) pour des questions plus tactiques, zoomant sur des opérations précises et quelques personnages-clefs histoire de ne pas donner le tournis à l’audience. Sur ce point, un film plus modeste que les précédents (quoique plutôt impressionnant techniquement) comme World Invasion : Battle Los Angeles constitue une petite réussite du genre ; après tout, la plupart des films-catastrophes ne s’écrivent pas autrement, qu’on soit face à une apocalypse zombie (World War Z) ou un cataclysme naturel.
D’ailleurs, World Invasion semble être un parent naturel d’Invaders ; dans ce dernier, l’action se concentrait dans une petite bourgade australienne qui se préparait pour une fête locale, avec en point d’orgue une rencontre de football (la version australe du jeu, d’une brutalité supérieure à ce que proposent le soccer ou le football US). Matt, ex-gloire du jeu, ex-militaire, y retrouvait sa compagne Amelia tandis qu’un père tentait de se rabibocher avec ses enfants blasés. L’exposition, plutôt longue, nous présentait une galerie de personnages à la limite de l’archétype. Lorsque l’invasion commença (de gigantesques vaisseaux surplombant les métropoles terrestres), la nouvelle ne parvint que trop tard : déjà, un commando extraterrestre survenait pendant la fête. Panique, fuite, explosions et cadavres occupèrent alors l’écran, le temps que quelques survivants parvinssent à se réunir et trouver refuge dans les bois – car inexplicablement, les soldats de l’armée d’invasion avaient du mal à les détecter à l’intérieur d’un espace naturel. Le reste du film voyait la mise en place d’une poche de résistance qui se trouvait ensuite renforcée par une escouade militaire ; des humains étaient réduits en esclavage pour cultiver des espèces de choux chinois ( ? ), des volontaires essayaient de les libérer tandis qu’Amelia tentait de lancer un programme visant à faire la paix entre les peuples… Entre dialogues creux, action sans saveur et motivations incompréhensibles, le métrage ne parvenait jamais à convaincre voire à s’extirper de son statut de petit film manquant de moyens et de génie.
Pourtant, il réussit à convaincre les financiers de payer pour une suite. Autant vous dire qu’enchaîner le second après le premier n’était pas pour me ravir, tant Invaders était insipide, ennuyeux et parfois ridicule.
Néanmoins, force est de reconnaître que M. Sparke, secondé par deux dialoguistes et bien aidé par un budget plus ample, est parvenu à créer une franchise digne d’intérêt. On peut désormais parler de franchise car – et ce sera le seul spoiler – le film en appelle ouvertement d’autres si l’on en croit la fin ouverte.
Cette fois, et dès les premières secondes, on sent qu’il y a du répondant, de la matière : on passe des champs et des petits bois à Sydney, où l’armée tient péniblement une tête de pont et organise des actions dans le plus pur style guérilla. La ville est dévastée, cela fait deux ans que l’occupation a démarré, et on comprend que deux actions prédominent dans la résistance humaine : le plan d’Amelia, qui continue de croire qu’un consensus peut être trouvé (renforcée par le fait que les envahisseurs ont également asservi une partie de leurs congénères, qui se retrouvent de ce fait, une fois libérés par les commandos terriens, aux côtés de ces derniers) ; et le plan des chefs militaires qui n’ont en tête que la destruction de leurs ennemis, comptant sur une mystérieuse arme découverte par Matt dans le film précédent, mais également sur d’étranges rumeurs évoquant une opération Rainfall, capable de mettre fin à la guerre. Et tandis qu’Amelia tente de convaincre les généraux de faire preuve de diplomatie (tout en découvrant certains secrets honteux sur les pratiques de militaires), une escouade menée par Matt est chargée de trouver Rainfall avant que les extraterrestres s’en emparent : on lui adjoint pour ce faire un ex-soldat alien, que notre héros aura bien du mal à supporter…
Et oui, même si tous ces éléments respirent le déjà-vu, ils réussissent à être assemblés avec suffisamment de savoir-faire, dans une mise en scène suffisamment dynamique (ça pétarade dans tous les sens, les combats se passant aussi bien dans les airs entre soucoupes volantes et chasseurs à réaction, que sur terre entre blindés terrestres et extraterrestres, à coups de fusils, de blasters et de sabres (presque) lasers) pour qu’on se surprenne à conserver les deux yeux ouverts histoire de voir où cela va bien mener. Le mystère Rainfall occasionne ainsi une surprise à la Independance Day nanti d’un même humour (la présence de Ken Jeong au générique y est pour beaucoup) et c’est précisément sur ce plan que le métrage australien parvient à se hisser au niveau de ses prédécesseurs états-uniens : on s’y prend beaucoup moins au sérieux, les méchants militaires assument leur côté caricatural, les geeks font leurs geekeries et sauvent la mise aux hommes d’action trop concentrés sur leur propre personne, trop confiant en leurs muscles et leur statut héroïque autoproclamé. A l’occasion de la quête de Matt, on retrouvera ainsi une partie du casting du premier épisode, avec en tête un Temuera Morrison (mais oui, c’est bien le Jango Fett de Star Wars !) nettement plus crédible et intéressant en chef de clan que la brute mal dégrossie d’Invaders. La présence de quelques acteurs confirmés donne le ton, la musique prend de l’ampleur et les effets spéciaux s’approchent des standards des superproductions. Et si l’on se demande encore comment, avec des vaisseaux capables de raser des montagnes, les envahisseurs ont autant de mal à abattre les poches de Résistance humaine, qu’on se souvienne du traquenard qu’était le Viêt-Nam pour les pauvres GI’s suréquipés…
L’éditeur du blu-ray ne s’y méprend pas et Metropolitan nous gratifie de scènes coupées accompagnées du commentaire du réalisateur : ce qui apparaissait comme un petit film vite oubliable devient avec Rainfall la saga ambitieuse racontant un processus d’invasion mis à mal par la volonté des assiégés qui s’arc-boutent en défense, certains d’entre ces derniers estimant qu’il est nécessaire de trouver un terrain d’entente en apprenant à mieux connaître les envahisseurs, d’autres répliquant qu’un bon alien est forcément un alien mort. Évidemment, il y aura des trahisons et des alliances de circonstances, les rebondissements ne surprendront que les plus jeunes des spectateurs, mais malgré la vacuité tenace de quelques dialogues, la sauce finit par prendre et annonce une suite sans doute plus vigoureuse. La qualité vidéo permise par le support HD permet en outre d’admirer le travail effectué sur le master (les arrière-plans fourmillent de détails, les scènes de Sydney en flammes comme les paysages vallonnés de l’arrière-pays valent le détour) et la différence par rapport à ce qui est proposé en VOD. Quoi qu’il en soit, le film est déjà disponible en DVD, Blu-Ray, et VOD chez Metropolitan Films Vidéo depuis le 3 juin 2021.
Film de science-fiction récent, Occupation : Rainfall a également un côté film d'action prononcé.
A essayer.
Titre original |
Occupation : Rainfall |
Date de sortie en salles (Australie) |
28 janvier 2007 avec Film Mode Entertainment |
Date de sortie en vidéo |
3 juin 2021 avec Metropolitan Films Video |
Date de sortie en VOD |
3 juin 2021 |
Réalisation |
Luke Sparke |
Distribution |
Jason Isaacs, Dan Ewing, Temuera Morrison & Ken Jeong |
Scénario |
Luke Sparke |
Photographie |
Wade Muller |
Musique |
Frederik Wiedmann |
Support & durée |
Blu-Ray Metropolitan (2021) region B en 2.39:1 /128 min |
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