Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
On ne peut pas dire que je sois un fan de l’œuvre de Tolstoï, n'y même que je connaissais réellement son roman culte Anna Karénine. Bien entendu, j'avais déjà
plus ou moins vu quelques précédentes adaptations et je savais vaguement de quoi ça allait bien pouvoir parler, mais je suis entré dans la salle sans attentes vraiment particulières.
En gros, il y a trois raisons qui m'ont tout de même donné "vachement" envie de voir le film. La première, c'est son réalisateur. La
seconde, son affiche très, très esthétique et vraiment convaincante. Et la troisième, plus personnelle : j'ai vu le costume de Keira
Knightley lors de l'expo "Hollywood costume" à Londres et je voulais le
retrouver en situation.
Résultat : le film est tellement bon que je préfère d'abord énumérer ce qui m'a laissé perplexe.
Premier constat : je n'ai quasiment à aucun moment éprouvé de l'empathie pour le personnage principal. D'une manière générale, j'ai trouvé le film "froid". Un manque d'implication émotionnelle
que n'éprouveront probablement pas d'autres spectateurs. Totalement subjectif, donc. J'ai eu quelques difficultés à rentrer dans l’histoire. Nul doute qu'une seconde vision pourra apporter
certains éclaircissements. Ma méconnaissance totale du bouquin m'empêche peut-être de saisir certains aspects du contexte, plusieurs personnages me semblant encore un peu distants. Et c'est
peut-être ce qui m'a le plus déçu. Pourtant, il est évident que le film a fait l'objet d'une très bonne écriture et que le montage m'est apparu assez logique. J'imagine que le scénariste a dû
couper énormément de détails et d'intrigues, mais j'aurais souhaité que le film soit légèrement allongé. Et c'est mon second constat : si l'on ne s'ennuie pas, il aurait été préférable que le
film respire un peu plus. Cette sensation d'étouffement est étroitement liée à la réalisation de Joe Wright, qui, paradoxalement, m'a plus
que captivé.
Si l'on pense de suite à Baz Luhrmann lorsque les premières images se dévoilent, on comprend très vite que l'on aura, certes, une œuvre tout aussi foisonnante mais infiniment moins hystérique. Joe Wright s'était déjà fait remarquer avec des adaptations de romans "classiques" tels qu’Orgueil & Préjugés et Reviens-moi, ou encore avec son thriller Hanna tourné comme un conte, et il confirme que c'est l'un des metteurs en scène à suivre. C'est simple, la réalisation de ce film est hallucinante. Joe Wright parle autant de littérature, que de cinéma, de théâtre, de musique, et il nous transporte complétement dans un ballet de sons et d'images où il est facile de se perdre. Sachant pertinemment qu'une adaptation trop littérale aurait été casse gueule, il nous propose un film "fou", ultra moderne et osé, tout en restant archi respectueux de l’œuvre originale avec une élégance "classique". Cette mise en scène a dû être ultra pensée (non pas qu'elle ne le soit pas dans les autres films, hein ?), les cadres sont précis, millimétrés, les plans séquences sont bluffants et vertigineux. Un rêve de voir une mise en scène aussi originale, empruntée au théâtre et aux comédies musicales. Il faut voir certaines séquences, comme le bal par exemple, ou encore la déclaration de Levine à Kitty, pour se rendre compte de la virtuosité du réalisateur.
Les acteurs trouvent pour la plupart presque leur meilleur rôle. Si Keira Knightley est formidable (quoique, je le répète, mais j'ai eu du
mal à m'attacher au personnage), Aaron Taylor-Johnson m'a un peu plus emballé : je ne l'avais pas du tout apprécié dans Kick-ass, je l'avais trouvé sympa dans Savages, ici il participe à la réussite du film. Mention donc au reste des acteurs, en
particulier Jude Law, qui trouve un rôle difficile et dans lequel il est très juste.
Musique et bande son participent à l'immersion, on en ressort un peu
étourdi.
Nul doute que le film divisera, certains adoreront, d'autres détesteront. Si l'on peut déplorer un manque d'émotion, on pourra apprécier voir un spectacle aussi maîtrisé, avec cette réalisation
osée.
Ma note (sur 5) : |
3 |
Titre original |
Anna Karenina |
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Mise en scène |
Joe Wright |
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Genre |
Drame en costumes |
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Production |
Studio Canal, Working Title & Focus Features distribué en France par Universal Pictures |
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Date de sortie France |
5 décembre 2012 |
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Scénario |
Tom Stoppard d’après l’œuvre de Léon Tolstoï |
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Distribution |
Keira Knightley, Jude Law, Matthew MacFadyen & Aaron Taylor-Johnson |
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Durée |
131 min |
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Musique |
Dario Marianelli |
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Support |
35 mm |
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Image |
2.35:1 ; 16/9 |
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Son |
VOst DD 5.1 |
Synopsis : Russie, 1874, la belle et ardente Anna Karénine jouit de tout ce à quoi ses contemporains aspirent : mariée à Karénine, un haut fonctionnaire du gouvernement à qui elle a donné un fils, elle a atteint un éminent statut social à Saint-Pétersbourg. À la réception d’une lettre de son incorrigible séducteur de frère Oblonski, la suppliant de venir l’aider à sauver son mariage avec Dolly, elle se rend à Moscou. Au cours de son voyage, elle rencontre la comtesse Vronski que son fils, un charmant officier de la cavalerie, vient accueillir à la gare. Quelques brefs échanges suffisent pour éveiller en Anna et Vronski une attirance mutuelle. Oblonski reçoit également la visite de son meilleur ami Levine, un propriétaire terrien sensible et idéaliste. Épris de la sœur cadette de Dolly, Kitty, il la demande gauchement en mariage, mais Kitty n’a d’yeux que pour Vronski. Dévasté, Levine se retire à Pokrovskoïe et se consacre entièrement à la culture de ses terres. Mais le cœur de Kitty est lui aussi brisé quand elle prend conscience, lors d’un grand bal, de l’infatuation réciproque d’Anna et Vronski. Anna, désorientée, rentre à Saint-Pétersbourg, mais Vronski l’y suit. Elle s’évertue à reprendre sa calme vie de famille mais son obsession pour le jeune officier ne cesse de la tourmenter. Elle s’abandonne alors à une relation adultère qui scandalise toute l’aristocratie locale. Le statut et la respectabilité de Karénine sont mis en péril, le poussant à lancer un ultimatum à sa femme. Dans sa recherche éperdue de bonheur, Anna révèle au grand jour l’hypocrisie d’une société obsédée par le paraître. Incapable de renoncer à sa passion, elle fait le choix du cœur.