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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

the Fabelmans

the Fabelmans

Synopsis : Passionné de cinéma, Sammy Fabelman passe son temps à filmer sa famille. S’il est encouragé dans cette voie par sa mère Mitzi, dotée d’un tempérament artistique, son père Burt, scientifique accompli, considère que sa passion est surtout un passe-temps. Au fil des années, Sammy, à force de pointer sa caméra sur ses parents et ses sœurs, est devenu le documentariste de l’histoire familiale ! Il réalise même de petits films amateurs de plus en plus sophistiqués, interprétés par ses amis et ses sœurs. Mais lorsque ses parents décident de déménager dans l’ouest du pays, il découvre une réalité bouleversante sur sa mère qui bouscule ses rapports avec elle et fait basculer son avenir et celui de ses proches

the Fabelmans

En profitant de la parenthèse que lui a procurée la crise du COVID, poussé par ses proches et stimulé par ses admirateurs, Steven Spielberg s'est donc lancé dans un scénario-témoignage, en adaptant une partie capitale de sa vie familiale dont chaque cinéphile connaît les ressorts pour en avoir vu l'essentiel dans la plus grande partie de son œuvre filmée. Car la douleur générique engendrée par la séparation de ses parents, concomitante de la découverte du médium qui allait catalyser sa passion créatrice, s'est retrouvée très tôt, et à de nombreuses reprises, illustrée dans les films qu'il a portés à l'écran. Plus grand metteur en scène vivant ou pas, nul ne peut nier l'évidence en regardant ses films : Spielberg filme les enfants, et la famille, avec une pertinence et un réalisme sans pareils. Tout sonne manifestement vrai dans ses familles souvent dysfonctionnelles, et les disputes comme les moments de tendresse sont illustrées avec douceur et sensibilité, sans pathos excessif ou stylisme inopportun.

the Fabelmans

Cela faisait un petit moment qu'il n'avait pas écrit de scénario original mais qui mieux que lui pouvait en être l'auteur ? Choisissant un biais narratif en changeant noms et circonstances, le réalisateur d'E.T. demeure ainsi sur un registre (pseudo-)fictionnel, filmant sa vie par le prisme de personnages créés de toutes pièces. Et il y met tout son cœur.

 

the Fabelmans

Il produit ainsi une véritable entreprise sacerdotale réalisée avec soin et délicatesse, interprétée avec fougue, photographiée avec classe et mise en musique avec élégance, sorte de conclusion cathartique à des décennies de références et de remises en question. Quoique régulièrement à hauteur d'enfant, la caméra s'avère mutine et souple, et s'immisce ludiquement dans tous les recoins de la vie de cette famille juive tiraillée entre l'art (la maman est une ancienne pianiste) et la technologie (le papa travaille au développement des futurs super-ordinateurs). Les interprètes enfants sont adorables, le casting ado parvient à rester à la hauteur (avec le grand plaisir de revoir la talentueuse Julia Butters, remarquable dans Once upon a time in Hollywood) et Paul Dano démontre avec une classe infinie tout le bien qu'on pensait de lui. Nanti de tous ces ingrédients et d’un savoir-faire incontestable au niveau de la production artistique, le film s'avère beau, lumineux et pertinent.

Pourtant ces qualités peinent à convaincre et l’émotion reste souvent à la surface dans un récit manquant parfois de profondeur, quoique souvent touchant - un peu comme si, finalement, on avait déjà vu l’essentiel auparavant et ailleurs. S'il séduira des millions de spectateurs par sa sincérité et sa justesse de ton, il en décevra (légèrement) peut-être quelques-uns qui resteront de marbre devant les éclats d'une Michelle Williams à fleur de peau - mais parfois agaçante - ou l'évidence de certains ressorts dramatiques : en racontant le quotidien d'une famille de la classe moyenne dans les années cinquante, Spielberg risquait en effet de montrer ce qui l'avait déjà été souventes fois par le passé. Cela dit, l'œil averti repèrera plusieurs références glissées çà et là à la filmographie du père de Jurassic Park et l'amateur de cinéma ne pourra qu'apprécier le guest venu faire une jolie apparition à la fin.

Un beau métrage donc, qui aurait pu être un très grand film.

Titre original

The Fabelmans

Date de sortie en salles

22 février 2023 avec Universal Pictures

Date de sortie en vidéo

 

Réalisation

Steven Spielberg

Distribution

Gabriel LaBelle, Michelle Williams, Paul Dano, Seth Rogen, Julia Butters  & Judd Hirsch

Scénario

Steven Spielberg & Tony Kushner

Photographie

Janusz Kaminski

Musique

John Williams

Support & durée

35 mm en 1.85:1 / 151 min

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S
Un beau film, mais un chouïa surestimé je trouve, le côté mélo conjugal prend trop le pas sur l'apprentissage et la passion cinéma du gosse. Mais c'est forcément passionnant au niveau cinéphilie...
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P
Je ne saurais dire si c'est un "très grand film" mais c'est pour le moment ce que j'ai vu de mieux depuis ce début d'année (qui ne fait que commencer je le reconnais). Je n'avais pas fait le lien avec Julia Butters dans "Once upon a time... in Hollywood" jusqu'à ce qu'une commentatrice me le fasse remarquer. Cela ne m'étonne guère, cette jeune fille a beaucoup de talent et d'énergie à revendre. Je trouve le jugement dur sur Michelle Williams que j'ai trouvée bouleversante, et infiniment moins agaçante que Margot Robbie dans "Babylon", cet autre film (raté malheureusement) sur le pouvoir d'émerveillement du cinéma.
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V
Merci. C'est justement là où la critique objective s'efface devant le jugement de valeur, c'est pour cela que j'ai laissé ces impressions pour la fin. J'éprouve un grand regret pour ce film, dont j'ai apprécié toutes les qualités, mais qui m'a à peine ému, j'en attendais tant. J'ai eu le sentiment que Spielberg avait fait le tour de la question dans ses précédentes oeuvres, .