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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

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Synopsis : Malgré sa paralysie, Jake Sully, un ancien marine immobilisé dans un fauteuil roulant, est resté un combattant au plus profond de son être. Il est recruté pour se rendre à des années-lumière de la Terre, sur Pandora, où de puissants groupes industriels exploitent un minerai rarissime destiné à résoudre la crise énergétique sur Terre. Parce que l'atmosphère de Pandora est toxique pour les humains, ceux-ci ont créé le Programme Avatar, qui permet à des " pilotes " humains de lier leur esprit à un avatar, un corps biologique commandé à distance, capable de survivre dans cette atmosphère létale. Ces avatars sont des hybrides créés génétiquement en croisant l'ADN humain avec celui des Na'vi, les autochtones de Pandora.
Sous sa forme d'avatar, Jake peut de nouveau marcher. On lui confie une mission d'infiltration auprès des Na'vi, devenus un obstacle trop conséquent à l'exploitation du précieux minerai. Mais tout va changer lorsque Neytiri, une très belle Na'vi, sauve la vie de Jake...

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Peut-être parmi vous certains se souviennent (avec une certaine émotion mêlée d'ironie) du générique de la série San Ku Kai. Un générique impayable, aux paroles improbables, mais qui a le don de rester longtemps dans la tête. Remplacez à présent, si vous le voulez bien, dans les quatre premiers vers "San Ku Kai" par "Avatar" et ça donne un bon résumé de ce qu'est cette oeuvre :

Avatar, c'est un message 

Avatar, c'est un voyage

Avatar, c'est la bataille

Avatar, dans les étoiles.

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Avatar, adoré et hué à sa sortie, a fini par s'inscrire par le fait même dans l'imaginaire collectif par la puissance évocatrice incroyable de ses images. Chez la plupart des spectateurs, même les plus difficiles à convaincre, le classicisme du script - souvent affublé de l'adjectif "pauvre" ou "simpliste" - a fini par céder la place à un émerveillement latent. Il en a été de même pour Titanic, porté aux nues par ceux-là même qui crachaient dessus au cinéma.

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Donc, j’ai aimé. Adoré même.

En salles, et ensuite.

En partie du fait de ce complexe, subtil et indéfinissable ensemble de facteurs qui n’expliquent que partiellement le ressenti. Objectivement, face à certains critères, le film est sans doute décevant. Impossible de le nier. L’histoire par exemple : ça n’est guère davantage qu’un Pocahontas (ou the New World pour ceux qu’une référence à Disney, pourtant tout à fait pertinente à mon sens, rebuterait) futuriste, à ceci près que John Smith n’était pas volontaire pour s’infiltrer au sein des indigènes. La démarche d’apprentissage de la culture locale est en revanche tout à fait similaire, tout comme la relation entre les deux protagonistes empreinte de respect et de passion : on peut également les comparer à celles entre John Dunbar et Dressée avec le Poing dans Danse avec les loups (autre métrage qui a cette capacité à vous laisser vide d’émotions, baignant dans une sorte de quiétude extatique). L’observation de la manière dont le peuple infiltré communique, vit en osmose avec la Nature, est également déjà vue par ailleurs. Rien de nouveau sous le soleil, donc. Mais un film doit-il obligatoirement être fondé sur une histoire originale et surprenante pour plaire ?

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D’autant que le script est loin d’être niais. Les parallèles avec certaines situations géopolitiques actuelles sont évidents, toutefois on ne peut guère taxer le scénario d’être vulgaire ou démagogue. Une seule mention, au cours d’un discours de Jake Sully, nous éclaire sur les motivations des humains : la Terre est morte, ou mourante, détruite par une civilisation qui tourne en rond et fuit en avant (tiens, amusante juxtaposition). On ne peut pas vraiment parler de « gros sabots écolos » !

Alors oui, on pourrait reprocher un peu de facilité à James Horner, mais si on ne tient pas un score aussi intense que celui du Nom de la Rose il a le mérite d'illustrer correctement les situations exposées.

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J’ai pu lire aussi des griefs contre l’interprétation. C’est peut-être dû à l’extrême caractérisation des personnages, certains n’évitant pas le ridicule de la caricature (le colonel Quaritch/Stephen Lang avec ses poses à la Apocalypse now ou encore Giovanni Ribisi dans le rôle d’un représentant de la « Compagnie » cruellement proche de celui qui accompagne Ripley dans Aliens : obtus et avide). Michelle Rodriguez s’en sort assez bien, presque convaincante en pilote à l’esprit ouvert (vous avez remarqué comme Cameron respecte une certaine tendance du futurisme de la SF classique depuis Heinlein – rappelez-vous Starship Troopers : les hommes servent de chair à canon tandis que les femmes, plus rapides, plus sûres, pilotent les coûteux engins spatiaux et occupent les postes militaires sensibles ?). Mention bien également pour l’inusable Sigourney Weaver, qui nous offre la surprise d’un rôle plus étoffé que ce que laissait paraître la bande annonce, et Sam Worthington qui bénéficie du seul doublage convainquant avec cette narration en voix over rappelant celle de John Dunbar (encore). Mais Zoe Saldana en Neytiri est bluffante, surtout quand on connaît les conditions de tournage : à la majesté féline de ses poses s’ajoute une palette très étendue d’expressions faciales. Les amateurs auront aussi reconnu Wes Studi, méchant Pawnee dans Danse avec les loups  et qui éclaboussait déjà l’écran dans le Dernier des Mohicans.

On a glosé sur la colorisation des peaux, écorces, carapaces et pétales où flamboient les teintes les plus vives : sont-ce les mêmes qui n’acceptaient pas les dinosaures hauts en couleurs de Jurassic Park 3 ?

tony-roberts-01.jpgMais tout ça s’efface devant les visions de Cameron. C’est là où il a réussi à enchanter, à combler les attentes. Dans cette façon bien à lui d’emmagasiner des décennies de littérature SF entre les mondes enchanteurs de Jack Vance,  les époustouflantes descriptions de Philip José Farmer ou de Dan Simmons, de couvertures de pulps et de romans où s’entrechoquent les noms de glorieux illustrateurs tels Joe Petagno, Tony Roberts ou encore Rodney Matthews. L’arbre-monde et les rochers flottants ont suscité chez certains blogueurs des associations avec Miyazaki : je n’irai pas aussi loin, car on trouvait déjà cela dans de nombreux textes fondateurs de la SF.

C’est à mon sens la grande force de Cameron : nous entraîner CONFORTABLEMENT dans son univers en le balisant d’éléments connus, qui ont peuplé nos rêves de gosses avides de paysages exotiques, sur-naturels et féériques, en quête d’aventures et de gloires éphémères. Grâce à la magie efficace de la technique 3D qu’il refuse de mettre en avant par d’inutiles procédés outranciers (pas de ces plans stupides où on vous projette quelque chose afin que vous esquissiez malgré vous un mouvement de recul), il nous invite à voyager, sans à-coup mais avec force démonstrations. C’est spectaculaire, puissant et éblouissant.

rodney-matthews-01.jpgPar le biais d’une mise en scène habile (on reconnaît de nombreux plans d’Aliens tout de même), on passe notre temps à plonger et à s’ébaubir, tout en regardant cette très belle histoire d’amour interculturelle se développer sans fausse pudeur ni voyeurisme inutile. L’issue est connue, mais on s’en fout car on en redemande, encore, et encore. Chevaucher ces créatures ailées, zigzaguer entre les lianes et les chutes d’eau vertigineuses, grimper sur d’incommensurables troncs, courir sur des herbes qui s’illuminent sur notre passage.

Rêver, donc.

Et s’émerveiller.

Titre original

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Date de sortie en salles

16 décembre 2009 avec 20th Century Fox

Date de sortie en vidéo

21 avril 2010 avec 20th Century Fox

Réalisation

James Cameron

Distribution

Sam Worthington, Zoe Saldana, Michelle Rodriguez, Giovanni Ribisi & Sigourney Weaver

Scénario

James Cameron

Photographie

Mauro Fiore

Musique

James Horner

Support & durée

Blu-ray Fox (2012) region ALL en 2.35:1 / 162 min

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P
Excellente référence à San Ku Kaï (paroles de Didier Barbelivien...) et très très belle critique de ce film en effet de ce film boudé par certains, mais qui a fait mentir tous les pronostics d'entrées pour devenir le plus grand succès cinématographique (tout comme la ressortie en salle). Il est évident qu'il s'agit d'une œuvre de SF majeure, qui va puiser sa force dans l'imaginaire littéraire du genre autant qu'aux sources du mythe américain. Tu as raison de rappeler qu'il s'agit d'un récit de migration (qui sera prolongé dans le nouveau volet apparemment), d'une fable écologique visionnaire qui prend sa source dans les spiritualités orientales (rien que le titre). <br /> De plus en plus hâte de voir la suite qu'on aura mis le temps à attendre.
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T
<br /> <br /> Vivement la sortie de la version longue cet automne.<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Je prépare un CR du film ;) <br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Je l'ai - enfin - vu. Emprunté ce jour à mon père.<br /> Merci à M. Cameron pour m'avoir fait croire à nouveau en le Cinéma. <br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> (Re) vu en blu-ray. Somptueux. Certains détails sont apparus et la splendeur visuelle (moins la profondeur de champ tout de même) est intacte.<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> Oui Rémi, il y a de ça en effet.<br /> <br /> <br />
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R
<br /> Un film agréable, mais un peu sentimental, et pas toujours crédible, ni tellement innovant, j'ai trouvé : c'est un peu un mélange entre "Star Wars" et "Danse avec les loups" : c'est la même<br /> histoire que les Ewoks contre les Death Trooppers, non ?<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Il y a aussi une référence technique à Matrix 3, je veux biensur parler des robots militaires...<br /> <br /> <br />
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J
<br /> joli papier Vance, et entièrement d'accord avec toi ! au passage, merci pour la citation, même si le champagne, je ne le siroterai que ce soir ! <br /> JOYEUX NOËL ! <br /> <br /> <br />
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J
<br /> C'était une pure merveille qui illumine encore mon esprit. Personnellement j'y ai vu aussi un lien avec Abyss pour toutes ces étranges créatures brillantes fluorescentes. Je m'y suis perdu avec<br /> bonheur et aimerais vivre dans cet endroit paradisiaque aux mille couleurs rassurantes et attirantes. C'est plus que du fantastique, c'est de la magie.<br /> Alors oui les Marines sont des gros cakes qui parlent bête et qui ont un QI proche de 2 mais alors, ils doivent être comme ça dans la réalité, ils ne vont pas non plus jouer à la Barbie. Ils sont<br /> là pour "tout faire péter" avec leur cigare au bec, c'est du déjà-vu c'est vrai.<br /> Mais on s'en fout, l'histoire est belle, les paysages enchanteurs, l'action à couper le souffle, les effets spéciaux plus que réussis et je me suis laissée prendre au jeu avec délice. Merci Cameron<br /> !<br /> <br /> <br />
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V
<br /> Alexandre n'est pas le seul déçu mais tous nos contributeurs qui ont avancé des notes basses ont eu la décence et l'intelligence de se référer à des arguments convaincants. Il n'empêche, parfois,<br /> c'est juste l'impression générale, l'ambiance ou la mise en scène qui prennent le pas.<br /> <br /> <br />
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