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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

les Gardiens de la Galaxie 3

les Gardiens de la Galaxie 3

Synopsis : Dans leur QG de Knowhere, perdu dans les confins du cosmos, les Gardiens se morfondent et pleurent la perte de Gamorra : celle qui leur est revenue après les événements d’Avengers Endgame n’a pas la mémoire des bons moments passés ensemble ; ils sont désormais des inconnus pour elle – et c’est Peter Quill qui accuse le coup, acceptant mal l’oubli de l’être aimé. Certains tentent tant bien que mal d’aller de l’avant quand l’irruption d’un individu surpuissant sème le chaos. Les Gardiens le repoussent à grand peine, mais Rocket, violemment frappé, est aux portes de la mort. Impossible de le guérir à moins de trouver un code permettant de déconnecter un dispositif implanté en lui par son créateur. Il n’en faut pas plus pour ressouder l’équipe, qui repart en chasse, s’associant avec ses anciens ennemis tout en craignant le retour de celui qui a failli une première fois tuer l’un des leurs…

les Gardiens de la Galaxie 3

Après une succession de films médiocres, mal conçus, élaborés comme autant de briques dans l’édification d’un nouveau projet d’ampleur devant succéder à la saga du Gant d’Infinité, perclus de dialogues ineptes mais ponctués de plaisanteries puériles et de références plus ou moins subtiles aux comics, l’intérêt pour les films Marvel allait faiblissant. Certes, la franchise des Gardiens conservait une certaine aura après un premier opus vraiment réussi (sans doute l’une des meilleures origin stories du MCU) mais le fait de savoir qu’il s’agissait du chant du cygne de son créateur, passé à la concurrence – encore plus mal lotie – conférait un goût amer a priori.

les Gardiens de la Galaxie 3

Il faut reconnaître au moins que les choix d’adaptation et d’écriture de James Gunn, souvent contestables, servent malgré tout un dessein sincère : ses personnages, tous grossiers, excentriques et bourrés de défauts, sont malgré eux unis à travers les épreuves et se serrent les coudes tout en s’envoyant des scuds comme des frères et sœurs hystériques sous l’œil paternel et attendri du réalisateur. Les profanes sont immédiatement conquis, car la dynamique de groupe, calquée sur les vieux principes des films d’aventures familiaux, favorise la synergie des personnages et l’empathie des spectateurs. Pour les vieux briscards des séries Marvel, c’est plus compliqué : si Star-Lord, Gamorra et surtout Rocket sont d’incontestables réussites, Drax met mal à l’aise. Mettre l’esprit du Drax obtus de l’équipe de Warlock post Infinity Gauntlet dans le corps du Drax tueur d’Annihilation a de quoi interloquer. Cela dit, son utilisation habile permet de glisser les meilleures vannes de la franchise, puis, insensiblement, d’insérer de plus en plus de sensibilité. C’est particulièrement patent ici, avec la façon qu’il a progressivement d’endosser l’esprit convivial, fraternel et même paternel que peut dégager l’équipe. Quant à Adam, c’est une autre affaire : impossible de le faire intervenir dans cette histoire en pleine possession de ses moyens, impossible également de lui faire utiliser le Joyau de l’âme puisque Endgame y a mis fin. Il n’est rien d’autre qu’un adjuvant permettant de faire avancer le scénario imaginé par Gunn sur les bases qui lui permettent de conclure son arc et de tirer sa révérence. Du gâchis, sans doute, mais un gâchis opportuniste – et qui finira peut-être par faire de Warlock un personnage bien moins antipathique que son modèle de papier, cet être parfait qui s’octroie le contrôle de l’univers car il estime en être le seul digne.

les Gardiens de la Galaxie 3

Sans atteindre le degré de coolitude du premier film, celui-ci, en forme de testament, s’avère plus réussi que le deuxième, débarrassé des scories trop lourdes à assumer des répercussions multiverselles et tout entier concentré sur de vibrants et touchants adieux à la franchise. L’incontournable Nathan Fillion apparaît cette fois en chair et en os dans le chapitre le plus fou du film : les décors et les personnages complètement décalés permettent les scènes les plus fun et les plaisanteries les plus débiles, avec un penchant assumé pour le mauvais goût mais tout en bienveillance où Gunn laisse libre cours à ses délires dans ce biosatellite impensable (qui rappelle les grandes heures des bandes dessinées de SF comme l'Incal ou le Vagabond des limbes) et ses sbires totalement barrés. Le chapitre final se réoriente ensuite vers le drame habituel et multiplie les explosions et les combats titanesques de circonstances, tout en accentuant l’émotion inhérente à certains passages attendus mais tout de même poignants. L’antagoniste principal, dans tous ses paradoxes, s’avère plutôt réussi (bien meilleur que Kang en tout cas). Rien d’original dans les origines de Rocket et les épreuves qu’il a traversées, le traitement en est même assez enfantin, tout en risquant de choquer un peu les jeunes spectateurs, mais elles permettent d’avancer vers la conclusion idéale et une gentille ouverture vers des lendemains pleins de promesses et de nostalgie.

les Gardiens de la Galaxie 3

Le résultat est assez symptomatique : le scénario n’a rien de surprenant, use de grosses ficelles et s’appuie sur des personnages fortement stéréotypés, le dosage de l’humour est conventionnel et répond à un cahier des charges précis, les effets spéciaux vont de médiocres (mais on s’en fout un peu parce que c’est rigolo) à pas mal (mais ça aurait pu être monstrueux), cependant le film en lui-même fonctionne bien, construit sur un rythme adéquat et une structure rappelant les grandes comédies d’aventures familiales des années 80 (on n'est pas si loin des Goonies dans l'espace, avec un côté Stand by me adulte). De là à dire que c’est un bon film, c’est un peu gros, mais il est clairement au-dessus du lot de ce qui s’est fait ces dernières années, notamment par sa sincérité vis-à-vis des protagonistes : les bons ont tous quelque chose de fêlé, les méchants sont pathétiques, ignorants ou risibles et il y a plein de petites créatures toutes mignonnes qui en fait le plus disneyen des Gunn, sans pour autant que cela soit préjudiciable. Avant de partir, le futur patron du DCEU semble avoir trouvé le compromis idéal sur lequel les autres réalisateurs de Marvel ont longtemps tâtonné, façonnant une équipe de bric et de broc et la portant à bout de bras avec une évidente tendresse et pas mal de malice.

Titre original

Guardians of the Galaxy vol. 3

Date de sortie en salles

3 mai 2023 avec Walt Disney Studios

Date de sortie en vidéo

 

Réalisation

James Gunn

Distribution

Chris Pratt, Zoe Saldaña, Dave Bautista, Karen Gillan, Pom Klementieff, Bradley Cooper, Vin Diesel, Chukwudi Iwuji, Will Poulter, Nathan Fillion & Sylvester Stallone

Scénario

James Gunn

Photographie

Henry Braham

Musique

John Murphy

Support & durée

35 mm 4K Screen X en 2.39:1 / 150 min

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S
D'accord avec toi dans ta première partie, moins sévère je serais sur ta seconde. En gros aussi fun que le 1er et le meilleur Marvel depuis au moins 4 ans...
Répondre
V
Le meilleur Marvel depuis longtemps, oui.