Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Titre original : We gotta go now (“the Boys” #23 à 26)
Une série de Garth Ennis (Dynamite Entertainment 2008), dessinée par Darick Robertson & John Higgins, éditions Panini comics (2010).
Résumé : Cette fois, pour les P’tits Gars, il y a du lourd, du vrai. Alors que Hughie file le parfait amour avec Annie, il va devoir mettre en pratique tout ce qu’il a appris au sujet des G-Men, ce groupe de jeunes « supers » si rentable pour la société Vought American : c’est que l’un de ses membres, Silver Kincaid, vient de se suicider en public, et ça fait tache. Hughie devra donc enquêter sur le terrain, en se faisant passer pour l’un d’eux. Il découvrira une équipe soudée de potaches s’adonnant aux rites des confréries étudiantes à longueur de journée : des innocents, en somme, recueillis par un individu qui les a pris sous son aile. Alors pourquoi tant de mystères ?
Une chronique de Vance
Passées les déceptions des albums 2 et 3 (liées, il est vrai, à un tel enthousiasme consécutif à la sortie du premier numéro !), on s’était plus ou moins rassérénés par la suite. La série était sur de bonnes bases, avec une intrigue profonde, courant sur toute la série (l’enquête officieuse de la CIA sur les manigances de Vought American avec les équipes de super-héros) et des histoires parallèles collant de près ou de loin à l’écolution des personnages. Ennis tire parfois un peu trop sur la corde en délayant carrément, à la manière d’un Chris Carter avec X-Files (on ne sait encore pas grand-chose des origines des autres membres du groupe), mais le noyau est solide et surtout parfaitement exploité, entre mensonges, manipulations et complots politiques, conflits d’intérêts et perversions de toutes sortes. Au milieu de tout cela, le pouvoir (qu’il soit matériel ou financier) qui corrompt tout. Et pour découvrir la vérité, il ne faut pas hésiter à se salir les mains : Ennis dépeint un monde où les principes ne font pas long feu (comme Hughie et Annie/Stella l’ont découvert à leurs dépens).
Cet album est plutôt réussi, en ce sens qu’il est cohérent, percutant, souvent drôle et toujours cynique, bien qu’il manque tout de même d’action : pendant que Hughie infiltre les G-Wiz – les « apprentis G-Men » - sous la surveillance discrète du Français et de la Fille, la Crème se rend à Cranbrook, Massachussets, pour découvrir la cause de la mort de Silver Kincaid, tandis que Butcher travaille la directrice de la CIA au corps afin de connaître la source de son inquiétude. Un édito nous éclaire intelligemment sur les nombreuses références de cette mini-série, essentiellement issues du film American College de John Landis – d’ailleurs Robertson en détourne même l’affiche pour une de ses couvertures : des répliques et des chansons entières s’inspirent de l’œuvre culte, sans parler d’un des personnages qui aurait parfaitement sa place dans un American Pie sous acide. Une autre couverture reprend le visuel de X-Men vs X-Men décidément très à la mode ces temps-ci (cf. No Hero).
Néanmoins, on sent une sorte de lassitude chez Robertson, avec des dessins moins détaillés, des visages beaucoup moins fouillés. Il cède d’ailleurs la place à un Higgins passable pour le dernier épisode.
A noter que cette fois la mini-série ne se conclut pas et qu’il faudra attendre l’album suivant pour connaître les tenants et aboutissants de ce triple mystère. Chronique à suivre très bientôt, l’opus ayant été lu dans la foulée.
Ma note : 3,8/5