Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Marvel Universe #12 - Annihilation : Conquest (5/5)
Nova Annual 1 + Nova #11 & #12 + les épisodes 4 à 6 de la mini-série Annihilation : Conquest
Dernier volet de la saga faisant suite à l’épopée Annihilation au cours de laquelle les hordes d’Annihilus avaient envahi tout l’univers connu, mettant à mal les grands empires intersidéraux et bouleversant les fragiles équilibres stratégiques entre Krees et Skrulls tout en ravageant le territoire xandarien, patrie du Nova Corps. Ce dernier ne survit d’ailleurs, et de façon virtuelle, qu’à travers Worldmind, une entité synthétisant tout le savoir des Centurions Novae, liée au dernier représentant de ceux-ci : Richard Rider.
Actuellement, Nova tente de trouver une solution contre le mal qui ronge l’empire kree : le Phalanx, une espèce techno-organique dirigée par le malfaisant Ultron, a contaminé la grande majorité des Krees grâce au virus transmode et a ceint l’empire dans un champ d’énergie impénétrable. Au même moment, l’équipe de Star-Lord tente de saboter les centres névralgiques des Phalanx, alors que Ronan l’Accusateur essaie de trouver une ultime parade. Enfin, Phyla-Vell, héritière des bracelets quantiques, sœur de Genis et fille de Captain Marvel, s’est associée à Warlock, persuadée qu’il est le dernier espoir de sa race…
Dans cet album de belle facture se clôt la grande aventure cosmique de 2008.
Sous l’impulsion d’un Giffen qui a su ressortir des limbes des personnages naguère oubliés ou peu intéressants, les rendre fascinants et les placer au cœur de missions aussi mouvementées que périlleuses, la saga a réussi à nous entraîner aux confins galactiques, nous confronter à des races belliqueuses et des entités tutélaires, nous plonger dans des conflits aux proportions inimaginables, le tout avec une certaine classe, beaucoup d’à-propos et un sens de la démesure permettant à l’imagination de nous peupler la tête d’étoiles et de mystères. Ca n’a pas la ferveur et le caractère souvent mystique des récits cosmiques de Starlin, mais ça en a l’ampleur, le goût et la texture, tout en jouant sur davantage de seconds rôles cruciaux.
Personnellement, j’aime. A cause de ce côté éminemment épique, sans doute : vous savez, le fait de savoir que le sort d’un monde, d’une galaxie, voire de l’univers entier sont liés au destin, aux capacités hors normes ou au caractère de quelques individus ne payant pas de mine. L’humanité de Star-Lord et la truculence de Rocket Raccoon ont su me séduire : leurs actes ont eu autant de poids que ceux d’un Warlock encore plus puissant que d’habitude, de la nouvelle Quasar en manque de confiance et pleurant sa partenaire ou d’un Nova terriblement charismatique. Face à eux, les Phalanx, des prédateurs parfaitement organisés qui ont pu déjouer toutes les tentatives de résistance, sachant user des capacités de chacun pour le bien de l’unité. A leur tête, un Ultron vite brossé, diabolique mais assez fade et dont la dernière quête, malgré ce qu’il en dit, manque sérieusement de pertinence. N’empêche : ça en jette. Abnett & Lanning au scénario ont concocté des épisodes prodiguant leur dose de suspense, d’héroïsme vain, de cruauté gratuite et de grandeur d’âme. Même si l’ampleur des chocs militaires n’est pas du calibre des combats liés à la Vague d’Annihilation, on a droit à des conflagrations dantesques et à des cadavres en pagaille. L’équipe de Ronan a de l’allure, avec un Super-Skrull qui avait forcé l’attention dans la précédente saga et un Spectre au très fort potentiel. Nova force le respect et se trouve un allié aussi précieux qu’inattendu – qui fera surgir quelques larmes aux nostalgiques d’une vieille équipe de mutants disparue.
Comme d’habitude, le climax final manque d’amplitude : c’est qu’il fallait faire coïncider toutes les trames et donner du grain à moudre à tous les protagonistes. L’intervention du Maître de l’Evolution n’est pas des plus « lisibles » : on nous le présente volontairement nébuleux, aux intentions vaguement cohérentes – il n’est avant tout qu’un prétexte à l’introduction d’un élément salvateur et, pour le coup, un peu deus ex machina. Mais ça reste bien écrit avec un découpage assez intelligent des situations.
L’encrage mise régulièrement sur les couleurs chaudes et entretient une ambiance fantastique de bon aloi, qui noie les aspects high-tech des Phalanx. J’ai apprécié particulièrement l’intervention de Paul Pelletier aux crayons pour l’épisode 12 de Nova : un trait énergique et respectueux, des personnages tourmentés et des décors sublimes. Tom Raney, pour la série principale, s’en sort bien, même si ses visages manquent d’émotion. L’encrage de Scott Hannah est redoutablement efficace.
La fin nous étreint : à présent, des destins se sont forgés, des avenirs sont tracés, sous le poids de responsabilités peu évidentes. On a appris à côtoyer des héros inconnus, à aimer d’anciens seconds couteaux, à respecter des ex-ennemis – et on souhaite déjà les revoir. L’album se referme, on sent le contact de la couverture glacée (très belle œuvre de Aleksi Briclot) et on en redemande : gage de réussite.
Pour information :
Ø chronique de Marvel Universe #1
Ø chronique de Marvel Universe #2
Ø article complet de Neault sur cet album