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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

L’Evolution de la scène comics - 04

 

Un dossier des Illuminati – 4e et dernière partie

 

Biazedredd : j'ai  tous ses Kabuki à Mack et je comprends logiquement ton engouement mais Straczynski à mon goût ne fait pas du bon Spider-Man. Sinon quand Fatalis manipule Namor pour détruire une ville, je ne crois pas qu'il pleurerait sur les "dommages collatéraux". Rien n'est tout noir ni tout blanc, un petit supervilain qui chiale ne m'aurait pas dérangé mais un Fatalis ou un Magnéto, ça le fait pas.







 

Neault : Ah mais justement, tu prends l'exemple de Magneto, pour moi c'est vraiment pas un "vilain" au sens strict.

[…] C'est vrai que Fatalis utilise des moyens extrêmes, mais quand NY est attaqué, c'est une civilisation (dont il fait partie), au sens large, qui l'est, et pas seulement les US ou les FF. Peut-être pense-t-il que c'est la fin d'un monde, que les anciens conflits vont être dépassés pour être remplacés par une horreur pire encore... pourquoi lui nier le droit à l'émotion ?

Tu es dur avec Straczynski, je trouve au contraire qu'il avait bien fait avancer le personnage de Spidey, en lui donnant des origines mystiques intéressantes par exemple. Et si Quesada l'avait laissé faire, je pense qu'il aurait buté [Tante] May lui, lol.

 

Biazedredd : tout le monde l'a buté, May (lol) ! Sans compter les crises cardiaques... Magnéto a fait des centaines de morts en coulant un sous-marin russe (je ne parle pas du Magnéto réhabilité par Claremont). Quand Magnéto extirpe l'adamantium de Wolverine, il assiste à sa souffrance. On ne les voit pas pleurer. A part, Straczynski, je crois qu'il y a juste la saga du clone qui m'a autant dégoûté de Spidey. Straczynski est un bon narrateur mais ses idées sont, comment dire, l'orientation de la série est... Je ne trouve pas les mots mais je vois bien Alf en train de se mettre le doigt dans la bouche (lol). 

 

Matt Murdock : Je ne connais pas assez bien Fatalis ou Magnéto pour rentrer dans ce débat là.


En ce qui concerne Straczynski, j'ai lu l'intégralité de son run sur Spidey quasiment dans la même journée. J'étais malade, je ne pouvais pas sortir de mon appart, alors je me les suis tous enfilés quasiment d'une seule traite.

Au final, je n'aime pas trop
Straczynski en tant que personne, mais je suis forcé de reconnaitre son talent en tant qu'auteur. J'avoue que son run sur Spidey était franchement bon. Les histoires ne sont pas vraiment intéressantes, mais elles sont très bien racontées et explorent une facette du personnage que l'on ne connaissais pas jusque là. C'est d'ailleurs ce qui me choque le plus dans les One More Day, au delà de la tante May increvable et de la disparition de MJ, c'est toute une évolution psychologique du personnage qui disparait avec ce retour en arrière. Pas étonnant que Straczynski devait être bien furax après Quesada.

Donc en gros, je n'ai pas trop adhéré aux trames mystico-religieuses de
Straczynski, mais elle étaient suffisamment bien exploitées pour susciter mon intérêt.

 

Vance : Je rebondis sur Fatalis et Magneto : deux des vilains les plus charismatiques et incontournables de la planète Marvel. Malgré leur puissance intrinsèque, je n'arrive pas à les placer au même niveau. Magneto a progressivement évolué vers un personnage incompris, radical dans ses actes mais fascinant dans ses intentions : en faire la face sombre de Xavier me plaisait assez, mais lorsque le prof a lui-même évolué vers un être nettement plus complexe que prévu (chose que je n'ai pas acceptée, mais c'est un autre débat), Magneto s'est retrouvé un peu en perte de repères.



Ses différents avatars depuis Onslaught ne m'ont pas convaincu, ses disparitions, morts et renaissances, sa divinisation ont un peu desservi un personnage au fort potentiel ; c'est là que Singer, dans ses films, a su s'arrêter et - le costume ridicule mis à part - c'est cette essence-là qui est la sienne propre. Je revois encore l'image de Magneto sur son astéroïde M, pensif devant une console d'ordinateur tandis que les X-Men, vaincus, sont enfermés dans un complexe sous l'Antarctide : la photo d'une femme apparaît, un bug informatique sans doute ; il s’agit d’une photo de sa défunte épouse. Il a un moment de flottement, puis il appuie sur un bouton qui efface le portrait et se replonge dans ses pensées. Un homme puissant et solitaire, en marge de l'Humanité, qui aime l'affrontement parce qu'il y trouve son compte, manipule les esprits (par son charisme, par l'impact de ses idées) mais sans sadisme, avec ce désenchantement qui fait les êtres à part.


Fatalis, lui, est d'une autre trempe : son complexe de supériorité manifeste fait de lui quelqu'un de nettement moins accessible. Certes, il a fait de son état une nation technologiquement avancée où les crises qui agitent l'Humanité n'ont pas cours - mais c'est au prix des libertés individuelles. Fatalis ne peut pas, ne doit pas paraître sympathique : il est essentiellement un tyran, à mi-chemin entre le savant fou et le despote. Il a cette morgue et cette suffisance qui le font mépriser les hommes, et haïr ceux qui accèdent à son niveau. A ce titre, son lien féroce envers Reed Richards est sublime : en d'autres temps, il l'aurait admiré, mais il ne peut se le permettre. On ne parvient pas à éprouver de compassion pour lui car il n'en manifeste aucune : sa soif de pouvoir l'en empêche, cette volonté qui peut paraître admirable (j'ai adoré lorsqu'il avait aidé les FF à affronter Mastermind, juste avant l'arrivée de l'Etranger : il avait pillé le labo de Reed et avait bricolé un gadget qui a failli marcher - et en avait même profité pour se faire mousser, parlant de "l'œuvre de son génial cerveau" ! Sa ténacité et sa combativité forçaient l'admiration, il n'en paraissait pas détestable pour autant). Ainsi, j'ai aussi du mal à le voir pleurer pour quelqu'un d'autre que sa mère : il semble tellement au-dessus de la souffrance et de la peine.

 

Neault : Je reviens juste un peu sur Fatalis : "Fatalis ne peut pas, ne doit pas paraître sympathique", c'est alors s'assurer de biens sombres heures au niveau des comics et de bien pâles développements au niveau des personnages.

Von Doom est un tyran au regard de certaines de nos échelles, certes, mais il est tellement plus. Il peut être tellement plus. Il DOIT être tellement plus.

Encore récemment, dans l'arc Penance : Relentless, il réagit en chef d'état et non en "vilain" monocorde à la sauce 60's.

Il faut encore s'entendre sur ce que l'on attend d'un "vilain".

Le diable lui-même échappe parfois au manichéisme dans certains récits. Accordons à Victor le droit d'être, sinon angélique, du moins humain. Il ne devient d'ailleurs intéressant, et même émouvant, que lorsqu'il prend une certaine profondeur. Qui pourrait encore croire, de nos jours, à un "salaud ultime" vouant "sa vie au Mal" ?

Fatalis a ses réussites, ses bons côtés et même ses sentences bien trouvées concernant Richards ou les US en général (alors que chacun sait que je ne suis pas un grand fan des critiques anti-américaines).

Pour moi, Fatalis n'est pas un "enculé" du style Ben Laden. Ce n'est pas le "Mal" absolu, et c'est pour cela qu'il est intéressant.

Il peut parler à Richards, s'allier à Namor, tenter de comprendre Penance... Il ne constitue pas une menace majeure, en tout cas pas dans l'univers 616 actuel. C'est un ennemi, certes, mais de ceux que l'on peut combattre avec des règles communes. Donc, quelque part, un allié lorsque les règles sont dépassées. Et les auteurs le "pensent" tous un peu comme ça.

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