Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Un ré emménagement m’a contraint à repenser l’organisation de ma bibliothèque (hélas, contrairement à la Maison des feuilles, mon espace intérieur répond aux lois de notre physique et ne dépasse pas la surface extérieure). J’ai ainsi pu remettre la main sur des livres (presque) oubliés. Au moment de l’inévitable tri (qu’est-ce que je vais donner ou vendre, de quoi ne puis-je me séparer ?), un ouvrage m’a sauté aux yeux. A l’époque de son achat, la SF occupait quasi intégralement mes pensées, au point que je la considérais (c’est finalement toujours le cas) comme la seule littérature valable.
Il s’agit de l’Effet Science-fiction, un essai des frères Bogdanoff paru chez Robert Laffont et dont la voyante couverture cuivrée me rappelle à quel point j’étais capable de dépenser pour un livre qui me plaisait. La tentative courageuse de ces jumeaux mutants de la télé consistait en la quête d’une définition car celles qui ont été avancées par les spécialistes comme par les profanes ne satisfait véritablement que leurs auteurs. A croire que la Science-fiction échappe à toute définition, à toute rationalisation. D’autant que son acceptation, comme son origine, diffèrent déjà suivant les contrées. Genre majeur dans les pays anglo-saxons, elle peine à percer en France malgré de glorieux aînés salués par la critique et quelques courants de pensée dynamiques soutenus par des auteurs de talent.
Avant de chercher à me pencher sur le sujet, je voulais vous proposer quelques unes des perles recueillies lors de la lecture de cette œuvre assez abrupte et, forcément, inaboutie.
La science-fiction me paraît d’une grande pertinence, mais je ne suis pas en mesure de l’étudier.
Louis Althusser
Ca a le mérite d’être franc.
C’est une fonction indispensable à la perception du monde et à l’invention.
Jean Guitton
Seul le rêve permet à l’homme de survivre au milieu des monstres nés de l’inconscient de la tribu.
René Laloux
On se croirait dans une accroche pour Planète interdite.
La science-fiction est le contraire de la littérature. La littérature est faite par des ratés pour des ratés. La science-fiction, elle, décrit la victoire.
Victoire sur le temps, sur l’espace, sur l’hostilité de l’univers, victoire acquise grâce à la technique.
Jacques Bergier
Je n’étais pas loin de penser cela, à une époque. Malgré tout, je ne voyais pas l’ex-grand pape de la SF française aussi catégorique.
La science-fiction pour moi, c’est un peu comme un poème chinois : j’aime bien regarder, mais je n’y comprends rien.
Julien Clerc
Je n’avais pas 10 ans quand j’ai lu du Asimov (les Cavernes d’Acier et les Robots) et cela me semblait fort clair…
La science-fiction a pour rôle primordial de faire voir d’avance ce que demain sera. Le soir, pour moi inoubliable, où l’homme a marché sur la Lune, il y avait un enfant à côté de moi. Ce qui m’a frappé, c’est que cet enfant n’était pas surpris ; pour lui, la vérité était là-haut en tout point semblable à ce qu’il avait déjà lu dans des livres de science-fiction. La science-fiction est parfois plus réelle que le réel lui-même. Je suis sûr que le voyage vers les étoiles sera possible tôt ou tard et que ce moment là marquera la seconde naissance de l’homme.
L’homme dans les étoiles, c’est quelque chose qui ne choque pas Dieu.
Mgr Dom Helder Camara
Qui a dit que les membres du clergé étaient passéistes et manquaient d’ouverture d’esprit ?
La science-fiction est un coup de poing de la réalité : c’est la réalité K.O.
Cassius Clay
Ben voyons !