Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Terminator 2 est définitivement un monument de la SF.
Après un premier volet qui avait bluffé toute la planète ciné, James Cameron enfonce le clou : s’il n’est pas un génie, alors il est à n’en pas douter un authentique héros du cinéma (nord-) américain. Tout autant ses prises de position que sa maîtrise totale du produit, dès la pré-production, déclament son talent pour la conception de chefs-d’œuvre du 7e Art. Et alors que le premier opus, nerveux, osé et d’une efficience inouïe, avait déjà prouvé sa compétence, il arrive ici avec une suite dantesque pour laquelle il était allé au bout de ce que pouvaient prétendre les moyens techniques et artistiques de l’époque.
Et, d’où la fascination, sans sacrifier la narration.
Un exploit, en soi.
Si on peut noter quelques facilités dans l’emploi de la voix off (Sarah Connor, prenant du recul sur son odyssée désespérée), tout le reste est manifestement du grand art. Rien qu’à voir la façon dont les différents protagonistes de l’histoire sont amenés (surtout Dyson) : c’est fluide, cohérent et diablement efficace. On se surprend à assimiler avec autant d’avidité que d’aisance des thèmes profondément SF sans être rebuté par un quelconque verbiage pseudo-technologique. Les paradoxes temporels, pourtant souvent déroutants pour quiconque n'est pas un tant soit peu familier avec la culture SF, semblent ici aisés à comprendre.
La musique de Brad Fiedel, percutante, permet de bien renforcer le caractère inquiétant de ce gentil policier qu’est le T1000 dans sa réplique humanoïde. Si Arnold Schwarzenegger en VO est truculent, et incontournable, je suis moins convaincu par Edward Furlong, l’interprète du jeune John Connor, fils de Sarah – surtout au début : son doublage français, que je commençais à connaître par cœur, donnait plus de profondeur à certaines répliques, plus de malice aussi. Jason Patrick, notamment lorsqu’il se permet ce petit sourire en coin, est fichtrement crédible, et même dans les séquences de course. Et n’oublions pas des séquences effarantes de précision, comme l’arrivée des terminators au centre commercial, l’évasion de Sarah Connor de l’institut à Pescadero ou l’intrusion de nos héros chez Cyberdyne (qu’on peut mettre en parallèle avec une séquence similaire de Die Hard). Etonnant comme dans ce film, l’affrontement entre les cyborgs, qui catalysait pourtant l’attention lors des previews et des trailers, donc de la campagne de publicité, se retrouve moins que prévu au centre de l'action.
Pour conclure, même si avec le recul on remarque quelques petites incohérences dans le récit, le pouvoir de ce métrage est tel qu’on ne peut qu’adhérer. Il y a de ces miracles qui nécessitent une place sur nos étagères de vidéophiles et cinévores (à moins que ce ne soient de vidéovores et cinéphiles ?), d'autant qu'après des versions DVD disparates, une sortie de la version director's cut de 150 min (ainsi que d'une version longue de 156 min), on dispose à présent d'un blu-ray Ultra HD 4K offrant une image tout simplement époustouflante de précision, magnifiant systématiquement les reflets de chaque matériau métallique (le squelette du Terminator bien sûr, le polyalliage du T1000, évidemment, mais aussi les calandres, enjoliveurs, jantes des divers engins déployés à l'écran. Avec la luminosité amplifiée, on est surpris par l'impact presque intact des plans de James Cameron, et on regrette du coup que la doublure d'Edward Furlong ne soit pas aussi bien intégrée que celle de Schwarzie.
I know now why you cry...
[critique] the Terminator : métronome fatal - l'Ecran Miroir
Réédition d'un article de juillet 2009 Symbole d'un cinéma mercenaire typique des années 80 qui savait transformer un budget famélique en morceau ambitieux grâce à des techniques de narratio...