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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

la Colère d'Achille

Troie

 

Un film de Wolfgang Petersen (2004) avec Brad Pitt, Eric Bana, Orlando Bloom

 

Résumé FilmdeCulte : En l’an 1193 avant Jésus-Christ, alors que le roi Agamemnon de Mycènes, en Grèce, mène une guerre sans relâche pour rallier tous les peuples de la mer Egée à sa cause, Pâris, Prince de Troie, enlève Hélène, Reine de Sparte, à son mari Ménélas, frère d'Agamemnon. Les Grecs, bardés de leurs bouillants héros et de leurs rois illustres venus de toutes les provinces, entament alors le siège de Troie.


Que dire… Disons que ce film souffre surtout du fait qu'il soit "inspiré" de l'Iliade car, malgré des situations communes, ce n'est pas le chef-d’œuvre d'Homère qui est restitué : moins de personnages principaux, une compression temporelle ahurissante et l'absence de l'intervention divine. Pire : c'est un film essentiellement fondé sur Achille, sa colère, sa frustration, sa volonté de grandeur. Ce qui restreint d'autant la portée du sujet. Du coup, les enjeux politiques sont mis de côté et les autres personnages apparaissent bien pâles, ou caricaturaux (Agamemnon n'est qu'un gros porc borné, Ajax une brute épaisse et Pâris un freluquet dépassé par les événements ; le traitement de Priam est meilleur, mais Peter O'Toole que j'adore n'est pas vraiment crédible).


Cela dit, tout ce qui tourne autour d'Achille est plutôt bien fait, et le personnage en lui-même est finalement traité sans complaisance, Brad Pitt lui conférant assez de charisme pour transcrire l'Hybris cher aux poètes grecs. Encore davantage qu'au cinéma, il crève l'écran, mettant sous l'éteignoir un Eric Bana prometteur mais assez limité dans son jeu, engoncé dans un costume de bon garçon un peu trop serré aux entournures (il fera beaucoup mieux par la suite).


Vu sous cet angle, le film est intéressant. Filmé sans âme mais avec des moyens conséquents (décors et surtout costumes magnifiques), il se laisse regarder au gré de séquences alternant discussions (brèves et parfois creuses) et batailles. Ces dernières semblent plus lisibles qu'au cinéma, notamment lors des chocs frontaux des hoplites, avec des Grecs passant par-dessus la barrière des boucliers troyens. Puis elles deviennent brouillonnes, mal cadrées quelquefois, avant de finir par se concentrer sur un duel intéressant ou enfin la caméra parvient à se fixer pour montrer quelque chose.


Ces duels sont, quoi qu'on en dise, les temps forts du film, et la progression du récit ne s'effectue que par leur biais. Et force m'est de constater que les acteurs ont travaillé leur sujet. Là encore, Achille/Pitt apparaît loin au-dessus de la mêlée : élégant, vif, dégageant une puissance et une maîtrise hallucinantes, il est le guerrier grec dans toute sa splendeur.


Le film aurait dû s'appeler Achille, c'était nettement plus approprié. Sans parler de l'élément divin, volontairement mis de côté par les scénaristes pour éviter un Choc des Titans bis, l'absence de personnages-clefs (comme Cassandre par exemple) ou leur traitement trop léger desservent l'ambition du projet.


Au final, je n'ai pas bâillé. C'était mieux qu'au ciné, comme quoi... Il n'empêche que la déception est toujours là, que la mise en scène n'est pas exempte de reproches et utilise des ficelles beaucoup trop grosses, que la musique frise le ringard, que le casting est très inégal et que le soleil paraît se lever et se coucher au même endroit...


Bref, moment agréable en somme.

 

Visionné en VF 5.1 (malgré une forte demande, la petite a refusé d'avoir des sous-titres). Le son est bon, très clair, mais les surrounds paraissaient parfois décalés légèrement (notamment lorsque Achille croise plusieurs chefs de guerre grecs qui lui parlent avant qu'on ne les ait à l'écran). Moins de basses que prévu. Les dialogues et la musique sont bien mis en valeur. Rien à dire, si on apprécie le doublage...

Les images sont propres avec des couleurs d'excellente tenue, mettant bien en valeur les tenues des protagonistes, notamment le bleu des tuniques troyennes sur le bateau du retour. En revanche, les couleurs clinquantes semblent moins flashy qu'au cinéma, mais c'est très subjectif. Les scènes baignées de tons chauds (couchers de soleil, scènes intimistes dans Troie entre Hélène et Pâris ou entre Hector et Andromaque) sont très agréables.

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R
Eh bien, non, Vance, je n'ai pas grand-chose à dire, car je suis professeur au Collège, et en fait, par pur égoïsme, je ne me suis pas assez intéressé à cette réforme pour comprendre en quoi concrètement elle consistait. Mais pour moi, ce ne sont là que des singeries. Le bon professeur est celui qui, en fonction des objectifs fixés dans son contrat, fait ensuite exactement ce qu'il veut, et qui n'est pas toujours enquiquiné par des ministres débiles. L'instruction sans l'éducation, par exemple, cela ne veut rien dire, car éduquer, c'est aussi faire aimer la connaissance pour elle-même, et on ne peut pas instruire un enfant qui n'éprouve pas de sentiment pour ce qu'on lui enseigne. L'instruction sans l'éducation n'existe donc absolument pas, dans les faits. C'est une vue de l'esprit. Que peut d'ailleurs n'avoir qu'un adulte, et un adulte, qui plus est, qui n'a rien compris à ce qu'est un enfant. De fait, l'instruction sans l'éducation, cela veut dire qu'on ne pourra livrer un enseignement qu'aux enfants que les parents auront bien éduqués, auxquels ils seront parvenus à faire aimer la connaissance pour elle-même. Autant demander à des professeurs illustres de créer des cours filmés que les professeurs sur le terrain mettront dans une télévision, et leur rôle sera de surveiller que tout le monde écoute bien, ou d'orienter vers les usines (fabriquant des télévisions) tous ceux que cela ennuie. C'est le meilleur des mondes - pour les bons bourgeois de la bonne vieille France (ceux qui dirigent les usines où on fabrique des télévisions).
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T
En fait, je parlais du director's cut de Troie. Je n'ai pas vu celui d'Alexandre. J'ai un collègue qui a bossé sur les deux montages de ce dernier. Je ne peux pas faire état publiquement de ses commentaires, mais je serais heureux de te les partager de vive voix, ils sont riches d'enseignements sur le contexte de production...
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V
Ouh là, mais je suppose que tu as ton mot à dire sur les nouveaux programmes de l'école primaire, qui remettent au goût du jour le côté systématique des apprentissages d'antan (c'est à dire l'instruction plutôt que l'éducation).Tu as raison sur l'enseignement, je le ressens également ainsi. Je ne retiens de mes professeurs que ceux qui étaient en dehors de la norme et se sont illustrés dans leur approche du savoir. Et rien n'est plus gratifiant qu'un ancien élève venant dire combien ses trimestres passés dans ma classe lui manquent.
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R
Oui, il a travaillé avec lui surtout pour Eraserhead. Moi, personnellement, je ne l'ai pas beaucoup aimé, Le Cercle des poètes disparus. Je n'ai donc rien dit. En fait, je pense que la poésie n'est pas seulement en dehors de la société, comme se l'imaginent les adeptes de Rimbaud. Elle est surtout en dehors de la routine. Or, tout enseignement digne de ce nom ne se laisse pas envahir par la routine. Mais on peut y arriver sans faire tout sauter. De fait, les rythmes sont inlassablement les mêmes, c'est mécanique, mais dans la vie, il y a aussi des choses qui semblent ne pas l'être. Or, elles ne s'opposent pas forcément à ce qui l'est : dans l'univers, les deux s'articulent ensemble. C'est au contraire ceux qui se soumettent au seul principe de la routine et de la répétition de la même chose, qui sont voués à l'échec. C'est bien là la principale illusion : que se répéter mécaniquement permet de s'imposer. Tout s'étiole, au bout du compte. Les professeurs classiques se font oublier rapidement. L'autre jour, la mère d'un élève qui n'arrêtait pas de se moquer de mes bizarreries, il y a à peine deux ou trois ans, m'a dit qu'il avait gardé de moi un souvenir inoubliable, et c'était à prendre dans le bon sens, maintenant qu'il est au lycée. Oui, croire que le mécanique l'emporte de toutes façons, c'est être bien naïf. Inversement, croire que la folie pure et simple relève de la poésie, cela ne me paraît pas très approprié non plus. La poésie s'insère aussi dans une mécanique, qui est celle du langage. On n'y échappe pas, contrairement à ce que croient beaucoup de poètes ou d'amateurs de poésie. Mais ce n'est pas tragique. La poésie est matérielle : elle est faite de mots qui déplacent de l'air et frappent les tympans.Sinon, oui, Le Voile des illusions se passe en Chine entre les deux guerres mondiales, et c'est avec Naomi Watts.
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V
Erratum : Alan Splet
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V
Pathfinder s'est vite retrouvé nanti de quelques commentaires peu engageants au ciné. En DVD, il a trouvé quelques amateurs. Je ne connais pas du tout le Voile des Illusions : c'est un film en costumes avec Naomi Watts, non ?Hier soir, j'ai (re)visionné le Cercle des Poètes disparus et j'ai apprécié les bonus, dont un petit documentaire sur Alan Smet qui fut l'un des meilleurs amis et le concepteur sonore de David Lynch.
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R
Ce Troie ne m'a pas laissé un souvenir impérissable. C'est l'esthétique "parchemin". Quelqu'un a vu The Pathfinder ? Il est dans mon vidéo-club. Hier, j'ai regardé Le Voile des illusions. Pas mal. Romantique. Idéaliste. Naïf.
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V
Twin, tu parles bien sûr de Alexandre, non ? Grand film malade s'il en est, effectivement. Une de mes plus grandes déceptions tant j'en attendais.
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V
Oui, on ne peut pas ôter à Troie son caractère plaisant, en grande partie dû au charisme de Pitt (à l'oral, cette phrase ne fonctionne pas du tout, lol). Cela dit, ce qui m'insupporte, c'est l'écart inacceptable entre l'investissement matériel initial et le rendu final : l'Iliade méritait bien davantage que ce petit film, c'est un peu comme si on avait fait du Seigneur des Anneaux une petite nouvelle de 20 pages. Qu'on efface l'implication divine dans le sfaits et gestes des protagonistes était peut-èêtre une volonté artistique, mais qu'on condense ces années de siège en quelques jours est effarant de simplification éhontée.L'adaptation cinéma de l'Iliade n'a pas encore été réalisée.
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T
J'ai (vite) acheté et (vite) revendu le director's cut récemment. C'est un montage plus ample, plus complexe et aussi plus malade que la version vue en salle. C'est une vision plus intéressante, mais ça ne change pas non plus le film en chef-d'oeuvre.
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