Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Deux journalistes du New-York Times vont contribuer à libérer la parole des femmes du monde entier et à lancer le célèbre #MeToo après avoir mené l’une des enquêtes fondatrices du mouvement : celle qui révéla les agissements du producteur Harvey Weinstein. Avec She Said, la réalisatrice Maria Schrader livre un film passionnant, à la mise en scène d’une élégante sobriété, préférant le factuel à du pathos inapproprié - dans lequel ce genre de production peut facilement verser. Un très très bon film.
Ce n’est pas tant pour ses qualités « cinématographiques » que ce She Said se distingue des autres œuvres du genre. Récemment, Pentagon Papers de Steven Spielberg s’était imposé comme l’une des plus impressionnantes réussites du film à enquête, avec un scénario riche en suspens et une mise en scène ludique et inspirée digne du talent de son réalisateur. Ici, Maria Schrader fait dans la sobriété : son sujet est tellement fort, et surtout récent, qu’il est inutile de chercher à lui donner encore plus d’épaisseur. On s’en tient aux faits, et on évite le pathos par une approche quasi documentaire, qui s’avère parfaitement justifiée dans ce contexte. Sans doute la meilleure façon d’aborder un récit malheureusement toujours d’actualité.
Passionnant de bout en bout, même pour qui est déjà au fait des agissements de Weinstein (difficile de passer à côté d’un scandale pareil), le film donne surtout l’occasion de découvrir les coulisses d’une enquête dans ce qu’elle ne laisse pas paraître à la lecture de l’article final du New-York Times. On y suit le parcours de deux courageuses journalistes qui marchent sans cesse sur des œufs, et l’on se prend en pleine face les témoignages des nombreuses victimes du producteur déchu. Certaines actrices allant jusqu’à jouer leur propre rôle dans ce qui semble être une forme d’exutoire particulièrement réparateur. L’émotion, jamais artificielle, pointe régulièrement. She Said trouve continuellement le bon ton. Le film n’est jamais racoleur, n’en fait jamais trop. On peut lui reprocher son extrême densité et ses nombreuses ellipses, mais l’intrigue est toujours fluide et parfaitement compréhensible. Et quelles prestations ! Carey Mulligan et Zoe Kazan sont vraiment formidables mais absolument tous les seconds rôles sont également épatants. Un très bon film.
Universal nous a envoyé un DVD à tester mais sachez que le film sort bien en bluray.
Toujours est-il que la copie dispo en DVD est - compte tenu du format - de très bonne qualité. L’image est correctement définie, relativement stable, avec des couleurs fidèles à la photographie d’origine. Peu de défauts de compression, seulement quelques dédoublements de contours lors de plans larges. Les gros plans sont très satisfaisants, pour de la SD c’est plus que bien. Le son en VO Dolby Digital est également convaincant : des dialogues très clairs, des effets d’ambiance très réalistes, la musique se détache bien du reste de la bande son avec des basses étonnantes et une répartition très efficace sur toutes les enceintes. Pas un disque démonstratif mais absolument rien à reprocher à un film qui, de toutes manières, n’est pas à visionner pour son aspect technique. Il est en revanche frustrant de ne pas avoir de bonus un peu plus instructif que ce petit making of de quelques minutes et ce trailer. Le film se suffit certes à lui-même mais nous n’aurions pas été contre un supplément revenant sur certains aspects de l’enquête.
Une édition un peu trop light donc, mais le fait que le film sorte en bluray et DVD est déjà largement réjouissant.
Titre original |
She Said |
Date de sortie en salles |
23 novembre 2022 avec Universal Pictures |
Date de sortie en vidéo |
29 mars 2023 avec Universal Pictures |
Réalisation |
Maria Schrader |
Distribution |
Carey Mulligan, Zoe Kazan, Patricia Clarkson, Andre Braugher, Ashley Judd & Jennifer Ehle |
Scénario |
Rebecca Lenkiewicz d’après l’oeuvre de Jodi Kantor, Megan Twohey & Rebecca Corbett |
Photographie |
Natasha Braier |
Musique |
Nicholas Britell |
Support & durée |
DVD Universal (2023) zone 2 en 1.85:1 / 129 min |