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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

Marilyn, Greta et maintenant Marlène !

Marlène Dietrich & les Bretelles du Père éternel


Un roman de Pierre Stolze,
ã Editions HC 2002

 

Marlene-Dietrich.jpg1924 : Deux Américains, Sobaros et Jansen, montent une expédition qui leur permettrait de retrouver une ville mystérieuse, sacrée, dans les déserts d’Asie Centrale, une cité légendaire qui renfermeraient d’inestimables œuvres d’art. Après avoir mis la main sur quelques reliques, ils trouvent enfin une piste avec l’aide d’un revendeur étrange. Mais l’assassinat de ce dernier leur fait comprendre qu’ils ne sont pas les seuls en quête. Ils finiront tout de même par parvenir à leurs fins : Taklamakan se dévoilera enfin à eux, ils y trouveront non seulement les trésors de nombreuses dynasties, mais également une jeune femme à la beauté évanescente qui fascinera Sobaros. C’est alors qu’il s’aperçoit que son acolyte n’envisageait que de piller la ville et c’est à contrecœur qu’il doit la quitter, alors que les sables du désert menacent de l’ensevelir à jamais. Sur le chemin du retour, il sera confronté à un général chinois cruel, puis à un vieillard singulier, avant d’être sauvé par les ressortissants de la cité qu’il a abandonnée. Il sait désormais que son destin est lié à cette jeune femme et à la statue qui la représente, censée contenir l’Ultime Joyau que convoitent un Père Fouettard, un colonel nazi et d’autres êtres étranges venus du futur.

 

Ainsi s’achève une trilogie particulière (l’éditeur parle d’une trilogie « hollywoodienne » ; voir à ce sujet les chroniques sur le premier volume et le second), mêlant avec bonne humeur et un certain talent le space-opera, les voyages dans le temps, les épopées et les enquêtes policières. Cette fois-ci, Stolze nous la joue plus sobre que d’ordinaire, avec un roman finalement assez sage, enthousiasmant dans sa première moitié, consacrée au récit de Sobaros à la recherche de sa cité légendaire, puis s’accélérant dans sa seconde moitié, toujours sur Terre mais pendant la Seconde Guerre Mondiale, avant que les nœuds se resserrent et que les protagonistes des précédents romans (Peyr de la Fierretaillade – autrement dit, le Père Noël cosmique, Marilyn Monroe, les Pérégrins d’Echo capables de voyager dans les inter-mondes, et surtout le Père Fouettard, propulsé dans une autre dimension mais revenu avec d’incommensurables pouvoirs) n’apparaissent pour en finir une bonne fois pour toutes.

 

Comme à son habitude, le volubile Pierre Stolze nous narre sans retenue les découvertes de Sobaros, présenté comme un sosie de John Wayne, en nous livrant avec délectation des descriptions aussi détaillées que pointues : sa fantastique connaissance de certains pans de l’Histoire mondiale fait merveille, et il se complaît dans des références et des anecdotes qui évitent à tout un chacun de se plonger dans une encyclopédie à chaque page. L’humour bon enfant et le goût de la belle langue imprègnent le premier chapitre, fort long, et on se surprend à apprécier le rythme languissant et les longs paragraphes ornés qui nous changent des précédents volumes chargés en personnages et en situations loufoques. Ici, la structure est linéaire, bien que les lieux changent, ainsi que les temps. On n’a plus affaire à des récits parallèles susceptibles de coïncider à un instant I qui constituerait un point d’orgue. Contrepartie : le cœur de l’intrigue (c’est à dire la recherche par le Père Fouettard de ce qui lui manque pour accomplir ses funestes desseins) est repoussé dans un dernier tiers qui, finalement, est vite expédié. Marilyn enlevée, Peyr est forcé d’aller sur Terre au XXe siècle pour retrouver ce Joyau et le céder à son ennemi. Et alors on sent bien que l’auteur veut en finir : multiplication des dialogues courts, diminution des descriptions. Les affrontements sont même raccourcis au point que c’en est risible et l’épilogue arrive alors qu’on commençait juste à s’échauffer.

 

Dommage donc, car le récit était séduisant et parvenait, du moins à son entame, à trouver un équilibre agréable entre la prose ornementée de Stolze et son imagination débordante, entre un humour toujours présent et le caractère tragique de certaines situations. A la rigueur, il serait peut-être un très bon roman d’introduction à l’univers de Stolze : facile d’accès, avec des rappels simples des « épisodes précédents ». Quant à Marlène Dietrich, elle fait presque figure de cerise sur le gâteau, son rôle étant très accessoire : tout au plus sert-elle de caution historique aux événements contemporains. Que ceux qui attendaient un crêpage de chignons entre Greta, Marilyn et Marlène passent leur chemin.

 

Merci à Nico pour m’avoir initié à l’art de Stolze et m’avoir prêté les livres.

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