Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Un comic-book culte de Frank Miller & Lynn Varley
Résumé BD-Thèque : 3 ans après être officiellement mort lors de son duel contre Superman, Bruce Wayne alias Batman prépare son retour au grand jour. Cette fois, il ne va plus s'attaquer aux petits criminels qui sévissent dans les rues : il va s'attaquer aux plus grands des criminels, ceux qui gouvernent le monde !
Plus mûr, plus sombre, plus cruel, plus brutal que le précédent opus : Dark Knight Strikes Again est un monument dédié à la bêtise humaine, à ses travers incorrigibles, ses valeurs refuge et la tendance qu'ont les hommes à répéter les erreurs du passé. Peut-être plus difficile d'accès que le premier car il passe en revue une majorité de héros du monde de DC - Superman s'y taille la part du lion, il n'est plus cette ombre menaçante qui ne se dévoile qu'à la fin de Returns et il est amusant pour les connaisseurs de voir l'évolution prise par les autres.
Et Batman, ravagé, oublié,
tapi dans les bas-fonds, un Batman devenu quasi-omniscient par le biais d'un réseau efficace et d'une technologie parfaitement maîtrisée,
Batman se lève pour entamer son ultime croisade. Et c'est énorme.
Eventuellement on peut être choqué par cette concession au sensationnel, au spectaculaire qu'on ne trouvait pas dans le premier volume. Cela dit, DK2 est un feu d'artifices qui se veut définitif. Les informations fusent de toutes parts, les planches, tout en restant lisibles, mêlent avec une certaine perversité les interventions des protagonistes, les pensées intimes de certains d'entre eux, les déclarations tonitruantes de représentants du gouvernement, les réactions d'un peuple dépassé par les événements et les commentaires de speakers loufoques d'une époque décadente où la TV est intimement mêlée à la vie quotidienne. Ce dernier côté fait étrangement penser à l'Incal (de Moebius et Jodorowski), d'ailleurs.
Bien sûr, ça
fait parfois fouillis (j'ai personnellement eu du mal avec les Superchicks
) d'autant que la mise en page n'aide pas vraiment à s'y retrouver (les encadrés de phylactères
représentant les soliloques ou les pensées des personnages ne sont pas coloriées en fonction de ceux qui s'expriment : il faut juste suivre, et il n'était pas rare que je doive reprendre
plusieurs pages en arrière pour comprendre la suite).
Pour le
reste, l'Apocalypse annoncée est tonitruante, sans être surprenante : Crisis est passée par là, et Dark Knight Returns avait ouvert la voie. Il est d'ailleurs inutile de comparer Crisis on Infinite Earths et DK2, même si les sujets sont finalement assez proches. Mais le traitement clair du dessin de Pérez qui a ses fans (dont moi) et celui de Miller sont
radicalement différents. Crisis est plus abordable, malgré ses nombreuses ramifications, épisodes dans l'épisode et la multiplication des personnages.
DK2 est plus adulte, plus épais, plus dense.
Au final, joie et amertume, avec un dernier chapitre tout en accélération, où les attentes sont enfin soulagées : c'est le Retour du Roi, mais un roi qui refuse le trône, tel Godefroy de Bouillon à Jérusalem au lendemain de la Première Croisade. Il ne se demande pas si tout cela valait la peine, si les victoires compensent les pertes (car il s'agit de guerre, d'une guerre totale). Seuls comptent sa mission, et ceux qu'il aime.
Plus
qu'humain : indispensable.
Chroniques annexes :
Batman begins (le film)
Dark Knight returns (le comic book)