Permis de construire

Permis De Construire est le premier film co-scénarisé et réalisé par l’humoriste corse Éric Fraticelli. Il y interprète également l’un des deux personnages principaux, avec son comparse Didier Bourdon. Malgré de bonnes intentions, l’ensemble s’avère un peu pataud et surtout dénué de toute originalité : on a déjà tout vu ailleurs.

Il est vraiment dommage qu’Éric Fraticelli n’ait pas peaufiné le scénario de sa première réalisation. Car très franchement, non seulement certains gags sont réchauffés - ce qui est déjà rédhibitoire dans une comédie - mais l’écriture fait preuve de paresse, notamment pendant la première partie qui use et abuse de Deus Ex Machina pour envoyer le protagoniste principal sur l’Ile de Beauté, et sur le portrait  volontairement cliché des locaux. Ne parlons même pas du traitement grotesque de l’architecte allemand. Pour quelques excellentes - et crédibles - idées, comme la scène sur la protection des limaces endémiques du terrain que possède le personnage de Didier Bourdon, on se retrouve avec des séquences balourdes telles que toutes les interventions de la femme de ménage autoritaire. L’impression également d’avoir déjà tout vu ailleurs et souvent en mieux achève de plomber le métrage.

Énième comédie régionaliste fondée sur la rencontre improbable entre un Parisien pur souche, hautain et étroit d’esprit, et le local d’un territoire plus reculé - en l’occurrence un Corse habitant un petit village en Balagne, rustre de prime abord mais au grand cœur en réalité - le film ne nous épargne aucun poncif du genre : vous l’aurez compris, on a même droit à la traditionnelle scène de beuverie qui permettra à ses deux héros de se rapprocher ! Permis De Construire aurait tout aussi bien pu sortir dans les années 1990 tellement la recette n’a pas changé d’un iota.

Ce n’est pas tant un reproche qu’une simple constatation, mais nous n’aurions pas été contre un peu plus de modernité dans la façon d’opposer ces deux cultures. Après tout, L’Enquête Corse faisait déjà tout ça en 2004. Au jeu des comparaisons, le film avec Clavier et Reno était bien mieux construit, plus fin, mais avait l’avantage d’être l’adaptation plutôt réussie d’un solide matériau qui annonçait de suite son ton parodique et dont l’humour évitait de se retrouver le cul entre deux chaises comme c’est le cas du film d’Éric Fraticelli. Les paysages de Corse y étaient en outre absolument superbes, tandis qu’ici on se sent un peu à l’étroit dans le cadre : il aurait peut-être fallu plus d’inserts sur le terrain du personnage de Didier Bourdon, davantage de plans larges.

Toujours est-il que la sincérité du projet transparait continuellement derrière sa relative ringardise. En fait, le film semble s’adresser à un public déjà acquis à la cause, prompt à rire devant des gags éculés en sachant très bien à quoi s’attendre. Pourquoi pas après tout ? On retient surtout la prestation du toujours impeccable Éric Fraticelli, un grand comédien trop souvent sous-employé, plus à l’aise devant la caméra qu’au poste de scénariste.

Disons que Permis De Construire détend gentiment.

Pour la sortie en vidéo, Warner a opté pour le format DVD. Pas de blu-ray et encore moins d’UHD pour la comédie d’Éric Fraticelli, mais un disque DVD plutôt satisfaisant.

L’image est vraiment correcte compte-tenu de la définition permise par le support. Pas vraiment de défaut, la compression est bonne. On regrette peut-être un peu le manque de subtilité et de nuances dans la palette colorimétrique. Les paysages de la Corse sont peu mis en valeur.
Le son en Dolby Digital 5.1 fait ce que l’on attend de lui : les voix sont relativement claires et audibles, quelques effets multicanaux d’ambiance se laissent percevoir.

Bref, malgré la limitation du disque, on n’a rien à redire sur la technique. En revanche, ne vous attendez pas à un déluge de suppléments : un mini making-of d’environ 4 minutes et un module sur des anecdotes de tournage de 3 minutes sont tout ce qu'il y a à se mettre sous la dent. Bof !