Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Outre la crise sanitaire et les peurs liées à des pandémies incontrôlables, outre le confinement et les craintes liées à l’isolation, la situation présente a également engendré un autre problème anxiogène : les théories du complot. Qu’elles soient attachées à l’origine du virus ou à la recherche médicale, ces théories ont explosé en amalgamant les terreurs actuelles aux doutes passés. Et figurez-vous que Wander surfe sur ces eaux troubles : encore un film opportun (voire opportuniste), donc.
Synopsis : Arthur Bretnik, détective privé complotiste au lourd passé et mentalement instable, est engagé pour enquêter sur un meurtre commis dans la petite ville de Wander. Il se retrouve rapidement plongé dans un monde de mensonges. Pour Arthur, ce crime pourrait faire partie d’un même complot, celui qui a causé la mort de sa fille quelques années auparavant. De plus en plus paranoïaque, il lui devient difficile de différencier la réalité de la fiction et se demande s’il ne serait pas un pion de plus dans une affaire qui le dépasse…
Comme Arthur le dit lui-même, répétant les paroles de son complice Jimmy, dans cette affaire, on est soit un pion, soit un pigeon, soit un cadavre : tout dépend de la dose de volonté qu’on met à tenter de vouloir sortir d’un système implacable, voire simplement à essayer d’en comprendre les tenants. Arthur vit ainsi presque reclus, disposant d’un terrain au Nouveau-Mexique dont il occupe une infime partie à l’intérieur d’une caravane – à l’image des descendants des Indiens d’Amérique auxquels on a concédé de vastes mais arides territoires (à signaler d’ailleurs qu’un banc-titre pré-générique rappelle à nos souvenirs le sort de ces populations spoliées). Et que fait Arthur dans ce coin paumé aux aurores majestueuses et aux nuits constellées d’étoiles ? Il diffuse un podcast évoquant les derniers complots avec l’aide de son compère Jimmy qui vient parfois le rejoindre. Rien de bien méchant, on n’est pas face à un activiste de la trempe de Fox Mulder, plutôt devant un illuminé comme Jerry, le chauffeur de taxi de Complots (film du regretté Richard Donner avec Mel Gibson & Julia Roberts). Sauf qu’au lieu de se terrer, il tente de réveiller les consciences, histoire d’oublier son chagrin.
Mais un coup de fil le ramène malgré lui à Wander, cette bourgade où il a non seulement perdu sa fille, où sa femme a perdu la raison, mais où une jeune femme est morte en tentant de s’en échapper – c’est du moins l’hypothèse avancée par sa mère qui engage Arthur pour y voir de quoi il en retourne. D’abord réticent, il va user de ce prétexte pour mener une croisade cathartique qui non seulement réveille ses réflexes conspirationnistes (Mais quelle est cette drôle de puce trouvée sur les lieux du décès ? Pourquoi la voiture de la jeune femme est-elle si bien protégée ? Et de quoi précisément est-elle morte ?) mais place sur sa route des éléments épars auxquels sa paranoïa galopante et sa peine latente finissent par donner une certaine logique effrayante : il est ainsi persuadé que des personnes sont enlevées, amenées de force à Wander pour y subir des expérimentations secrètes et contraintes au silence… ou à la mort. Pire : l’accident qui a causé le décès de sa fille aurait un rapport avec ces agissements mystérieux. De fil en aiguille, il va remonter une piste mettant au jour un projet d’ampleur nationale, si ésotérique que les noms et professions des personnes sur lesquelles il enquête ne s’avèrent pas réels : Too Many Secrets aurait dit Marty Bishop (Robert Redford dans les Experts) !
Pas facile de démêler le vrai du faux, d’autant que son cerveau en ébullition navigue en plein brouillard. Arthur peut heureusement compter sur ses rares amis : la jolie Shelley (Heather Graham), son avocate, qui l’appelle souvent et a le don de lui garder les pieds sur terre ; l’intriguant Jimmy (Tommy Lee Jones) qui semble en savoir plus qu’il ne le dit. Et Elsa alors (Katheryn Winnick), cette belle blonde qui affirme travailler pour le gouvernement ? Faut-il la croire ? Quand les mensonges commencent à se révéler, que les masques commencent à tomber, la psyché torturée d’Arthur ne parviendra plus à distinguer ce qui est réel de ce qui ressort de son imagination fataliste. Et les cadavres de s’amonceler sur sa route…
Avec un tel casting et un sujet aussi propice, Wander avait tout pour plaire. Le problème est que son traitement fausse la donne et ne laisse pas le soin au spectateur de prendre pied, d’autant que les personnages manquent clairement d’épaisseur, sacrifiés sur l’autel d’un scénario tortueux aux enjeux impalpables ; Aaron Eckhart, en interprétant son héros clairement aux portes de la folie, ne laisse que peu de possibilités d’identification. L’action presque absente, le rythme indolent, des individus sans substance entretiennent une ambiance délétère mais sans la joyeuse étrangeté d’un David Lynch.
Reste un sujet qui peut intéresser, une image superbe (quelques plans des paysages somptueux du Nouveau-Mexique, parfaitement traduits par un blu-ray bien encodé, valent largement le détour, ainsi que les séquences nocturnes aux éclairages diffus et au contraste captivant) et une galerie de comédiens confirmés. Le disque ne propose d'ailleurs pas grand-chose d'autre que la VF et la VO.
Le film sera disponible en DVD, Blu-ray et VOD le 4 août 2021 chez Universal Pictures France.
Titre original |
Wander |
Date de sortie en salles (USA) |
4 décembre 2020 avec Saban Films |
Date de sortie en vidéo |
4 août 2021 avec Universal Pictures France |
Date de sortie en VOD |
4 août 2021 |
Réalisation |
April Mullen |
Distribution |
Aaron Eckhart, Tommy Lee Jones, Katheryn Winnick & Heather Graham |
Scénario |
Tim Doiron |
Photographie |
Gavin Smith & Russ De Jong |
Musique |
Alexandra MacKenzie |
Support & durée |
Blu-ray Universal (2021) region ALL en 2.35:1 /93 min |
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