Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Après un véritable carton lors de son exploitation en salles, Dragon Ball Super : Broly arrive chez nous sur tous les supports vidéo : vous pourrez acheter le DVD ou le Blu-ray édités par Wild Side dès le 17 juillet 2019, et les moins patients pourront même se procurer la VOD à partir du 13. Mais qu’en est-il exactement de ce film, le 20e de la franchise ?
Les quatre mots composant le titre ont leur signification, que les véritables amateurs de la saga (c'est-à-dire ceux qui n’ont pas lâché prise après l’avoir découverte lors des après-midis du Club Dorothée) connaissent parfaitement : ce film s’inscrit dans la série Dragon Ball Super, la quatrième exploitant l’univers initié par Akira Toriyama depuis 1984 en manga (voir 1980 si on tient compte du fait que certains éléments étaient déjà présents dans Dr Slump). 35 ans d’existence (et c’est loin d’être fini, la Toei exploitant malicieusement le filon en ayant réussi le tour de force d’associer la nouvelle génération aux premiers fans) ! C’est véritablement impressionnant. Toutefois, et sans tenir compte des 45 jeux vidéo créés depuis lors, la franchise s’est densifiée au point d’avoir perdu une partie de ses premiers lecteurs/spectateurs, qui ont décroché avec Dragon Ball GT (1996). Il est vrai que Dragon Ball Z (1989) avait repoussé les limites des pouvoirs des protagonistes à un point tel qu’on se demandait comment Goku faisait pour ne pas faire sauter la planète à chaque éternuement. Essentiellement fondé sur une escalade des possibilités martiales de chaque adversaire, la série ouvertement destinée aux ados passait son temps à mettre en face de nos héros (Sangoku et sa petite bande dont ses fils) des ennemis toujours plus puissants, plus terrifiants et plus implacables, dans un schéma évoluant peu. On était loin des quêtes hautes en couleur, de l’humour bon enfant et de l’exubérante galerie de personnages des championnats d’arts martiaux émaillant les aventures pittoresques narrées dans la première série. En cherchant à revenir à certains fondamentaux, Dragon Ball GT avait égaré pas mal de fans de la première heure, ce qu’a voulu réparer en partie le staff à l’origine de Dragon Ball Super (2016), qui s’est associé au créateur original afin d’élaborer une succession d’épisodes susceptibles de satisfaire aux plus grands comme aux plus jeunes. L’action se situe après les événements de la saga de Boo, alors que Goku se prépare à des affrontements apocalyptiques contre les meilleurs guerriers des autres univers (il faut bien lui trouver un adversaire à sa mesure, vu qu’il a dépassé depuis longtemps le stade de Super Sayen). C’est là qu’entre en jeu Broly.
Et c’est là que beaucoup d’entre vous vont se souvenir des VHS ou des DVD déjà vus et revus auparavant : oui, Broly est déjà apparu, et pas qu’une fois (par exemple dans l’OAV Broly le super-guerrier). Certes, et le script de ce film n’en est guère différent. Mais alors, qu’est-ce qui change ? Peu de choses, en dehors du fait que cette fois Broly intègre directement la franchise, en appuyant sur ses origines et en rappelant du coup énormément de détails sur l’origine des Sayens, leur planète ravagée par Freezer et leur diaspora. De fait, la première moitié du métrage ne racontera rien qu’on ne sait déjà, tout en modifiant subtilement la manière dont Broly a été exilé et en développant un peu le personnage de Bardock, le père de Goku. Il faut bien se rendre compte que Broly ne faisait pas jusque lors partie du « canon » de la saga, personnage créé par un autre artiste, que Toriyama a été chargé de « récupérer ». Les aficionados savoureront également le fait que Freezer occupe une bonne partie du script, au détriment des compagnons terrestres de Goku (Bulma et Trunks ne font que des apparitions et Piccolo joue les sages prudents). Ce dernier en est presque réduit à un second rôle au même titre que Végéta, ce qui peut déboussoler les habitués de la série.
Heureusement pour eux, passée la première moitié avec ses rappels insistants (et pas vraiment passionnants) sur le passé de chacun, l’heure est venue de la confrontation : habilement manipulé par Freezer, Broly se retrouve face à Goku et Végéta, et les trois Sayens vont devoir se mesurer. Le problème, c’est que la puissance de Broly semble sans limites (c’est lui, le Sayen légendaire) et nos héros vont devoir aller au bout d’eux-mêmes pour pouvoir ne serait-ce qu’espérer le vaincre.
La réalisation, sans être révolutionnaire, s’est appliquée à moderniser sur une base ancienne, afin de plaire à tous : les designs des personnages n’ont pratiquement pas changé (c’en est même assez impressionnant puisque la grande majorité des artistes a été remplacée), mais le montage des scènes d’action et les effets pyrotechniques sont nettement plus dynamiques – comme un gros coup de lifting sur ce qui existait déjà. On remarquera par exemple des décors nettement plus fouillés et une caméra beaucoup plus mouvante. Cela dit, au bout d’un moment, les hurlements des combattants peuvent mettre les oreilles à rude épreuve, surtout celles de ceux qui ne regardent pas le film. La bande-son surboostée ravira les anciens, et notamment les amoureux de la VF des années 1980 (TOUS les anciens doubleurs sont de la partie, à commencer par Patrick Borg et Eric Legrand) ; à noter que Mouloud Achour a encore réussi à s’insérer dans le casting puisqu’il double Kikono.
Honnêtement, ce film n’ajoute rien à l’univers déjà très dense de la franchise, en dehors
de cautionner enfin un personnage devenu culte depuis les premières OAV. Plus de lumières, plus de destruction, le retour d’anciens personnages : voyez-le comme un super-épisode de série, au budget conséquent, parfaitement ciblé. On déplorera peut-être le peu de présence à l’écran de Goku et Végéta, ce dernier n’étant sans doute pas suffisamment exploité, mais on retrouve la personnalité singulière du premier, ce goût permanent pour le défi, cette joie ineffable qu’il éprouve lorsqu’il affronte un adversaire qui lui donnera du fil à retordre ; en ce sens, la fin du film ressemble beaucoup trop à la fin de la saga de Boo, au point d’inciter à penser qu’il y a fort longtemps que rien de nouveau n’est apparu dans l’univers de Dragon Ball.
Cela dit, on verra Shenron, et les boules de cristal seront utilisées. Quand même.
Titre original |
Doragon bôru chô : Burorî |
Date de sortie en salles |
13 mars 2019 avec Wild Bunch Distribution |
Date de sortie en VOD |
13 juillet 2019 avec Wild Side |
Date de sortie en vidéo |
17 juillet 2019 avec Wild Side |
Directeur de l’animation |
Naohiro Shintami |
Musique |
Norihito Sumitomo |
Support & durée |
Blu-ray Wild Side (2019) region B en 1.77:1 / 100 min |