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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] le Roi Lion 2019

[critique] le Roi Lion 2019

Après Dumbo et Aladdin cette année, Disney s’apprête à sortir sur les écrans de cinéma son nouveau remake d’un grand classique. Cette fois-ci, l’appellation « Disney live » a tout de l’argument marketing : en effet, l’adaptation du Roi Lion version Jon Favreau est en réalité entièrement animée ! C’est probablement ce qui en fait tout son intérêt à dire vrai. Car malgré l’évident opportunisme du projet, il y a une démarche artistique véritablement novatrice et ambitieuse de la part du réalisateur du Livre De La Jungle. Et si le film ne remplace et encore moins ne surpasse l’original, cette volonté de raconter une histoire aussi populaire avec une approche des personnages naturaliste aura su nous convaincre totalement. Hallucinant !

[critique] le Roi Lion 2019

Alors que Le Roi Lion de Jon Favreau s’apprête à sortir sur les écrans de cinéma, il semblerait que de nombreux internautes aient décidé de boycotter ce qu’ils considèrent comme l’une des plus grandes trahisons de la firme aux grandes oreilles envers ses fans. Une trahison qui insulterait l’œuvre originale, le plus gros succès de Disney des années 90 qui aura marqué l’enfance de la plupart des détracteurs de ce remake « opportuniste ». Ainsi, les déclarations péremptoires tentant d’illégitimer le travail de Jon Favreau pullulent sur les réseaux sociaux depuis l’annonce du projet : « c’est pas beau », « les effets spéciaux sont nuls », « ce n’est pas original », « c’est du copié-collé », « ils ont modifié telle chanson ! », « Disney ne pense qu’au fric »…

C’est dire le niveau, surtout lorsque l’on réalise que la plupart des militants anti-remake n’ont en réalité (et c’est logique) pas vu le film ! Il est d’ailleurs amusant de noter le paradoxe de toutes ces critiques à l’encontre de ce dernier : soit c’est une bête copie sans saveur, soit c’est une honte parce que certaines petites modifications ne sont pas au goût de tous. Il n’y a qu’à relire les réactions complètement démesurées suite à la parution de la première photo de Will Smith dans Aladdin, lorsque les « fans » (terme de plus en plus péjoratif eu égard au comportement de plus en plus malsain de certains) avaient crié au scandale face à son apparence humaine, pensant qu’il ne serait pas bleu dans le film, pour ensuite se foutre ouvertement de sa gueule lorsqu’il apparaissait sous sa forme de génie - très fidèle au dessin animé - dans la bande annonce. Ces gens-là ne savent pas ce qu’ils veulent, mais ils le veulent et n’hésitent pas à le gueuler partout sur les réseaux « sociaux » ! Si certains doutes quant aux motivations réelles d’un tel projet peuvent être partagés, il convient en revanche d’apporter de la nuance : peu importe l’opportunisme du film, il y a un réalisateur et une équipe - probablement biberonnée elle aussi au dessin animé - qui souhaite proposer le meilleur. Aller voir un remake Disney n’est en réalité pas plus saugrenu qu’assister à la version comédie musicale ! Il faut simplement prendre ces remakes pour de nouvelles propositions, qui jouent habilement sur la nostalgie en respectant les œuvres dont ils sont adaptés, voire en les modernisant. Qu’importe le fait que Disney - comme absolument n’importe quel producteur ou distributeur - se fasse de l’argent avec ! Après tout, a priori, en allant voir un de leurs remakes live, vous savez parfaitement à quoi vous en tenir.

[critique] le Roi Lion 2019

Oui, Le Roi Lion version Jon Favreau est un quasi copié-collé du film d’origine. Oui, Disney devrait une nouvelle fois battre des records au Box Office international sans s’être trop « foulé » et sans avoir cherché à faire dans l’originalité. Oui, l’appellation « Disney live » est complètement abusive et a tout de l’argument marketing, puisque le film de Jon Favreau est en réalité un film d’animation ! Pourtant, et même si vous aurez l’impression de tout connaître par cœur, nous ne saurions que trop vous conseiller de voir cette nouvelle version. Parce que malgré toutes les réserves que l’on puisse avoir, il y a une démarche artistique sincère, ambitieuse et novatrice, dans le travail de Jon Favreau. Et l’on ne peut s’en rendre compte en se contentant de critiquer le film à partir d’extraits hors contexte ou de bandes annonces. Cette démarche a tout de la fausse bonne idée, et pourtant cela fonctionne : le Roi Lion nouveau est une œuvre osée refusant tout anthropomorphisme. Autrement dit, les personnages se comportent comme des animaux. Et cela fait toute la différence. C’est un exercice de style. Visuellement, avec ses effets spéciaux photoréalistes bluffants et sa photo privilégiant le naturel aux délires esthétiques outranciers, Le Roi Lion de Jon Favreau se rapproche d’un documentaire animalier. Il vous suffirait de couper le son en ne regardant que les images pour le comprendre : même lorsque les personnages chantent ou se parlent, ils ont des comportements crédibles, réalistes, ils ne grimacent pas. Pas d’exagération en ce qui concerne le mouvement labial, c’est tout juste si les doubleurs peuvent s’aider de ce qu’ils voient à l’image pour faire leur travail. En cela, on pense bien entendu à la façon de parler des loups dans Princesse Mononoke.

[critique] le Roi Lion 2019

Entre d’autres mains, nul doute que Simba et ses amis auraient pu être autrement plus expressifs. Parce que si l’on pourra reprocher quoi que ce soit au film, c’est bien son manque d’expressivité lié à cet aspect naturaliste. Non que le film soit totalement dénué d’émotion, mais il sera peut-être moins facile pour certains d’adhérer pleinement à ce choix franchement osé. Reste à savoir si vous êtes du genre à craquer devant les reportages animaliers qui vous montrent des animaux choupis et attachants. L’on pourra se demander ce qui a justifié le choix de Jon Favreau d’éviter tout anthropomorphisme alors qu’il aurait été bien plus simple de raconter la même histoire avec des animaux jouant la comédie, comme dans le dessin animé. Parce que l’on ne s’en rend pas nécessairement compte, mais parvenir à un tel équilibre pour obtenir ce résultat tout en étant extrêmement fidèle au film original a dû nécessiter un travail hallucinant. La réponse nous avait peut-être déjà été donnée par le réalisateur lorsque nous l’avions rencontré pour la sortie au cinéma de son Livre De La Jungle, alors qu’il nous parlait déjà de sa passion pour l’animation, pour Le Roi Lion, ainsi que par Lambert Wilson, la voix VF de Baloo qui expliquait que le remake avait toute sa raison d’être parce que le monde avait changé et que l’on ne pouvait plus faire de Shere Khan un méchant sans background justifiant ses motivations en raison du caractère précieux de l’animal. C’est d’ailleurs un peu ce que nous disait également Tim Burton à propos du choix de libérer Dumbo du cirque  et de ne plus le laisser en captivité dans sa nouvelle adaptation. Le fait est que ces remakes permettent à Disney de rectifier quelques éléments scénaristiques ne pouvant plus être tolérés à notre époque. Il est vrai que le scénario original du Roi Lion ne comporte pas de tels éléments.

En revanche, avec cette approche naturaliste, Jon Favreau essaie d’envoyer un message à la nouvelle génération, de la sensibiliser aux enjeux de la préservation de la biodiversité. Faire aimer la nature et les animaux, sans avoir besoin d’accentuer leurs émotions par leur gestuelle. Il arrive que deux animaux discutent à l’image, sans que ceux-ci ne donnent l’impression d’interagir !  L’un va tourner la tête et regarder ailleurs, l’autre va se déplacer. D’où certains choix technologiques en marge des productions cinématographiques actuelles : s’il aura réellement tourné son film de la même manière qu’Avatar, Tintin et Ready Player One, c’est-à-dire dans un studio virtuel où il était libre de disposer ses caméras et ses éclairages comme il le souhaitait, Jon Favreau n’aura ainsi pas demandé à ses comédiens d’interpréter leur rôle en performance capture. Et contrairement au Livre De La Jungle, où la personnalité de ceux-ci influait sur l’animation des animaux, les doubleurs du Roi Lion se contentent d’illustrer ce que pourraient dire leurs personnages. C’est une démarche qui ne sera pas au goût de tous, certes, mais encore faut-il voir le film depuis le début pour tenter de la comprendre. La célèbre introduction est quasiment la seule séquence totalement copiée-collée, au plan près en réalité, mais elle sert à de note d’intention en insistant sur les quelques petites différences qui rendent le tout plus réaliste (Rafiki n’a pas son bâton et se tient assis pour montrer Simba aux autres animaux).

[critique] le Roi Lion 2019

Peu à peu l’aspect documentaire vient ainsi prendre le pas sur la narration bien connue.

La proposition est ambitieuse. Et le film bien plus éloigné de son modèle qu’il n’y paraît. Comme quoi il est possible de raconter la même histoire tout en laissant au spectateur la sensation d’avoir vu une œuvre singulière, ou du moins plus originale que ce à quoi l’on pouvait s’attendre. D’ailleurs, puisque Jon Favreau opte pour le tout réaliste, il se débarrasse complètement de la symbolique des images du dessin animé et des renvois constant dans le récit, comme nous en avions parlé ici [cf. l’article ci-dessous]. En revanche, la quasi-totalité des dialogues (à peu de choses près et parfois étonnamment tant certains mots avaient plus de sens dans le film d’origine, notamment tout ce qui a trait à l’enseignement de Rafiki lorsqu’il va retrouver Simba) et des numéros musicaux est bel et bien dans le film, avec quelques variantes bienvenues. On apprécie ainsi notamment la manière avec laquelle Rafiki apprend que Simba est vivant (très « circle of life »). On se demande par contre pourquoi avoir placé la chanson Can You Feel The Love Tonight en plein soleil ! En tous cas, si ce remake ne remplace pas le dessin animé d’origine, il a énormément de qualités, dont la bande originale de Hans Zimmer, toujours son meilleur travail, et l’animation plus que réussie du duo Timon et Pumbaa, encore plus amusants.

On vous encourage à vous faire votre propre avis. Pour nous, c’est une réussite totale. Vivement recommandé !

Titre original

The Lion King

Date de sortie en salles

17 juillet 2019 avec Walt Disney Company

Date de sortie en VOD

 

Date de sortie en vidéo

 

Photographie

Caleb Deschanel

Musique

Hans Zimmer & Elton John

Support & durée

35 mm en 1.78:1 / 118 min

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