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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

Police Puissance Sept en vidéo depuis le 26 septembre

Police Puissance Sept en vidéo depuis le 26 septembre

Depuis le 26 septembre 2018, est disponible chez Wild Side le DVD et le blu-ray d’un film qui n’avait inexplicablement pas encore été exploité en France sur une galette numérique : il s’agit pourtant de la seule réalisation de Philip d’Antoni, un nom qui ne vous dira rien jusqu’à ce qu’on mentionne ses deux précédentes productions, French Connection et Bullitt, deux chefs-d’œuvre d’un genre aujourd’hui dévoyé, deux parangons d’un style brutal, sans fioriture, d’histoires sordides centrées sur des hommes au caractère entier qui ne dédaignent pas sortir du champ légal pour faire justice. Deux métrages rendus également célèbres par leurs courses-poursuites ahurissantes que beaucoup jugent encore inégalées.

De l’aveu même de D’Antoni (dont on peut lire deux passionnantes anecdotes dans le livret exclusif accompagnant la sortie des disques collector), Police puissance 7 (titre français abominablement dérivé de the Seven-Ups, du nom d’une unité secrète de la police new-yorkaise ayant effectivement existé dans les années 60 cherchant à traquer les gangsters encourant plus de 7 ans de prison – donc pas le menu fretin) constituerait une forme de conclusion à une trilogie virtuelle entamée en 1968 par le film avec Steve McQueen, une trilogie caractérisée par des hommes prêts à tout pour faire payer les malfrats échappant au système qu’ils considèrent comme trop laxiste, ou dépassé. Des hommes vaguement inspirés de la personnalité de Sonny Grosso, ancien flic des Stups que Roy Scheider avait plus ou moins incarné dans French Connection en 1971, deux ans plus tôt. Voulant sans doute surfer sur la vague, ayant obtenu l’accord de son acteur, d’Antoni a dû en revanche essuyer le refus de Friedkin qui désirait passer à autre chose. La Fox lui ayant signifié qu’il pouvait mettre lui-même en scène son projet, le producteur passa donc derrière la caméra pour la première et seule fois de sa carrière.

Police Puissance Sept en vidéo depuis le 26 septembre

C’est là que certains diront que le bât blesse. Globalement, le film se tient : d’une densité étonnante, il est plus compact que celui de Bullitt et plus nerveux que celui du Friedkin. On ne sait pratiquement rien du quotidien de Buddy (le leader des Seven-Ups, incarné donc par Scheider) ni de ses acolytes : en dehors de traquer les criminels et de monter des stratagèmes éthiquement douteux pour les faire tomber, ou avouer leur forfaits, ces policiers à la dure ne paraissent guère avoir une vie privée. Quand ils ne sont pas à leur bureau, ils planquent ou poursuivent des gangsters. Caractérisation minimale pour une efficacité maximale. La scène d’ouverture, très longue et peu subtile, est symptomatique. Et c’est justement ce manque de subtilité, voire d’ambition technique qui peut nuire au métrage, lequel semble se reposer sur le charisme naturel de ses protagonistes, les rares altercations et fusillades et la (désormais incontournable) car chase pour laquelle l’inusable Bill Hickman reprend du service en tant que poursuivi, troquant la Dodge Charger de Bullitt et la Pontiac Le Mans de French Connection contre une Pontiac Ventura. Beaucoup de vroums aux graves abyssales et de tôle froissée, pas mal de sensations fortes mais une impression de platitude et de déjà-vu dans certains plans. Les inserts sur le visage de Scheider, jurant entre ses dents à chaque dérapage, apportent en revanche une petite touche délicatement comique qui soulignent le tempérament volcanique de cet inspecteur hors normes qui n’accepte pas qu’on s’en prenne à un des siens.

Police Puissance Sept en vidéo depuis le 26 septembre

Les nostalgiques des années 80 souriront sans doute lorsqu’ils reconnaîtront Ken Kercheval dans la peau d’Ansel, l’un des Seven-Ups (mais oui ! LE Cliff Barnes de Dallas !), les cinéphiles repèreront aisément quelques visages connus. La partition de Don Ellis (second choix de la production, le premier ayant été viré) ne fait guère d’efforts pour tenter de proposer autre chose que les sonorités grinçantes des films policiers de l’époque, mais parvient à faire le job dans les séquences enlevées. Si la restauration en DTS – pour la VO - est satisfaisante (et encore meilleure sur le blu-ray qui ne souffrira pas du PAL speed-up), elle permet de mettre en exergue les longues plages muettes du métrage avec ses rares travellings ou zooms lents (le reste du temps, on n’a droit qu’à des panoramiques ternes) qui laissent d’ailleurs à penser que les dialogues manquaient clairement d’à-propos : les disputes entre mafieux, les jérémiades de Vito (l’indic croque-mort au double-jeu trop flagrant) sonnent faux, tout comme les sermons du chef de la police.

Reste une œuvre sincère et loyale (Dennis Farina aurait dit que c’était

l’un des films les plus crédibles sur le métier de flic à New-York), nerveuse, sèche comme un coup de trique, ne s’embarrassant d’aucune histoire secondaire ni de backgrounds explicatifs : y a des flics qui font leur job, parfois avec brusquerie, sans jouer le jeu du politiquement correct, mais qui ont des résultats que les autres divisions n’ont pas ; y a des mafieux qui chient dans leur froc parce qu’on commence à les menacer en les kidnappant contre rançon ; et y a un gars qui se croit plus malin que les autres et tente de jouer sur tous les fronts. Mais on ne la fait pas à Buddy, surtout lorsqu’un de ses potes se fait descendre sur un malentendu. Et il n’aura de cesse de trouver le coupable.

Une restauration exemplaire qui plaira aux amateurs de courses-poursuites, de policiers badass et de mafiosi aux noms italiens.

Titre original

The Seven Ups

Date de sortie en salles

12 septembre 2018 avec 20th Century Fox

Date de sortie en vidéo

26 septembre 2018 avec Wild Side vidéo

Photographie

Urs Furrer

Musique

Don Ellis

Support & durée

DVD Wild Side (2018) en 1.85 :1 / 99 min

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