Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Décidemment, lorsque Tom Cruise joue dans un film de Doug Liman, celui-ci semble retrouver une certaine inspiration. Après l’excellent Edge Of Tomorrow, Barry Seal : American Traffic est une nouvelle réussite.
Que cela fait du bien de voir Tom Cruise arrêter de jouer en pilotage automatique comme il l’avait fait récemment dans Jack Reacher 2 et La Momie ! Il faut dire que le personnage de Barry Seal est bien mieux caractérisé que le protagoniste fadasse qu’il interprétait dans le film de Alex Kurtzman, et que le fait qu’il s’agisse d’une histoire vraie ajoute au challenge de cet acteur ayant un peu laissé de côté ce type de rôles depuis quelques années.
Car Barry Seal n’est pas un super héros. C’est un homme complexe, nuancé, aussi courageux que fou, ingénieux que candide. Et donc une occasion de plus pour Tom Cruise de prouver qu’il est un comédien complet - même s’il faut avouer que ses prestations « physiques » dans des films d’action aux cascades démesurées prouvent qu’il est l’un des seuls acteurs capables d’un tel dévouement envers son métier et surtout son public. Qu’importe, ici, il veut en revenir à un rôle moins stéréotypé, arrêter de jouer le héros irréprochable (ou le devenant au fil du film) comme il le fait depuis plusieurs années. Une scène en début de film symbolise justement cette démarche artistique, lorsque Tom Cruise désactive le pilote automatique pour reprendre le manche de son appareil, tel l’obsédé du contrôle qui a fait sa réputation. Une idée de mise en scène aussi simple que géniale, pour à la fois introduire le protagoniste principal et faire comprendre les motivations artistiques inhérentes au projet, porté par un Doug Liman en forme. Le réalisateur en est à sa deuxième collaboration avec la star, et l’on peut affirmer qu’à chaque fois leur duo fait des étincelles. Car Edge Of Tomorrow et Barry Seal : American Traffic sont clairement les deux meilleurs films du réalisateur, le reste de sa filmographie oscillant entre le sympathiquement nul et le moyen regardable. Ici, il retrouve une certaine inspiration, et tend avec cette hallucinante histoire vraie à faire du Martin Scorsese version The Wolf Of Wall-Street. Et s’il n’a pas le génie du metteur en scène de Gangs Of New-York, Doug Liman fait preuve d’un savoir-faire indéniable et d’une énergie revigorante.
Barry Seal, comme son titre original l’indique bien, est une œuvre à
charge contre son pays, audacieuse et cynique, que le choix de son acteur principal, l’un des plus grands modèles de réussite de toute l’industrie, ne fait que renforcer.
Un excellent divertissement, et même plus encore. Vivement conseillé !
Titre original | American Made |
Date de sortie en salles | 13 septembre 2017 avec Universal Pictures |
Date de sortie en vidéo |
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Photographie | Cesar Charlone |
Musique | Christophe Beck |
Support & durée | 35 mm en 1.85 :1 / 115 minutes |