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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

[critique] Ce Sentiment De L’Eté : deuil solaire

[critique] Ce Sentiment De L’Eté : deuil solaire

 

D’une grande sensibilité, saisissant toujours de façon très juste ces petits moments de flottements, Ce Sentiment De L’Eté est un film qui aborde le sujet du deuil tout en prenant le parti de ne quasiment pas l’évoquer à l’image. Avec son esthétique très particulière, à la fois lumineuse et hors du temps, qui participe à cette impression d’être désorienté et dans un flou constant, le long-métrage de Mikhaël Hers délaisse le pathos pour mieux se concentrer sur le retour à la vie de ses personnages.

On lit souvent que le qualificatif qui conviendrait le mieux au film de Mikhaël Hers serait « solaire ». Parce qu’il aborde le sujet du deuil en choisissant de ne quasiment pas en parler directement, préférant montrer des personnages qui se reconstruisent et que le public suit au cours de trois étés dans trois villes différentes, dans une atmosphère un peu hors du temps faisant presque de cette luminosité qui déborde de chaque plan la principale composante de l’histoire. Et il y a un peu de ça, effectivement. Le film peut être considéré comme solaire. Parce qu’il délaisse toute forme de pathos et qu’il montre des individus désireux de vivre.

Toutefois, ce que l’on retient surtout de Ce Sentiment De L’Eté, c’est qu’il est extrêmement triste et mélancolique. Voire difficilement supportable pour certains. C’est que le film parvient justement à retranscrire de façon très juste et subtile tous ces petits moments de flottements, cet état de confusion totale dans lequel se trouvent les personnages, agissant du mieux qu’ils peuvent pour retourner à la vie. On les comprend, on les soutient, quand bien même ceux-ci ne s’expriment pas vraiment sur le sujet qui les réunit, comme si les mots – dans une situation aussi insupportable - n’étaient d’aucune aide. Le film, peu verbeux, puise ainsi sa force dans ce qu’il ne dit pas, dans ce qu’il ne montre pas, et ce qui est absent devient pesant, étouffant et d’une aussi grande importance que ce qui est présent à l’écran. Son esthétique très particulière participe de cette impression de désorientation et de flou constant, Ce Sentiment De L’Eté étant tourné en 16 mm, conférant à l’image une texture que l’on associe aux souvenirs, au passé, avec des scènes prenant souvent place au moment du coucher du soleil.

A ceci s’ajoute l’extrême lenteur de l’intrigue, avec un réalisateur qui choisit habilement de faire durer des séquences a priori sans intérêt, mais qui se révèleront lourdes de sens pour les spectateurs qui éprouveront de l’empathie envers les personnages. A ce propos, il faut saluer la qualité générale de l’interprétation, les acteurs parvenant à donner une certaine épaisseur à des individus peu caractérisés par les dialogues. S’il ne fera pas l’unanimité, ce film devrait constituer un véritable coup de cœur pour ceux qui entreront en résonance avec le sujet.

Ce Sentiment De L’Eté est une œuvre sensible, subtile et émouvante. A voir.

 

 

Titre original

Ce Sentiment De L’Eté

Mise en scène 

Mikhaël Hers

Date de sortie

17/02/2016 avec Pyramide distribution

Scénario 

Mikhaël Hers & Mariette Désert

Distribution 

Anders Danielsen Lie, Judith Chemla & Dounia Sichov

Photographie

 Sébastien Buchmann

Musique

 Thomas Jamois

Support & durée

16 mm en 1.85 : 1 / 106 minutes

 

Synopsis : Au milieu de l'été, Sasha, 30 ans, décède soudainement. Alors qu'ils se connaissent peu, son compagnon Lawrence et sa sœur Zoé se rapprochent. Ils partagent comme ils peuvent la peine et le poids de l'absence, entre Berlin, Paris et New York. Trois étés, trois villes, le temps de leur retour à la lumière, portés par le souvenir de celle qu'ils ont aimée.

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