Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Un roman d’Arthur C. Clarke (1968).
Titre original : 2001, a space odyssey
traduit de l'anglais par Michel Demuth
éditions Robert Laffont 1968
Une chronique de Vance
NB. Ceci est un ancien article remis à jour dans le cadre du Marathon Kubrick 2010.
Ce roman, sobrement dédié à Stanley Kubrick qui en a tiré un film monumental, n’est pas vraiment une novélisation directe : Clarke, après avoir travaillé sur le scénario du film adapté de sa nouvelle « la Sentinelle », avait décidé d’aller plus loin et d’apporter quelques éclaircissements. Il semblerait en outre qu’il y ait eu quelques points d’achoppement entre les deux auteurs, par exemple sur la localisation de la fameuse Porte des Etoiles (elle est en orbite autour de Jupiter dans le film et ici, placé au centre d’une dépression en forme d’œil sur Japet, un satellite de Saturne). Mais on y retrouve les mêmes parties, de l’Aube de l’Humanité à l’Enfant des Etoiles.
Sauf que la magie essentiellement visuelle du film n’opère plus que de façon chaotique. Prises séparément, les parties ne sont pas inintéressantes : les tribulations de Guetteur de Lune, l’homme préhistorique, sont nettement développées pour faire écho à la fin de l’ouvrage, ainsi que l’épisode de la découverte du Monolithe sur la Lune. Ces deux parties, réduites à l’essentiel chez Kubrick, constituent ici les 2/5 de l’œuvre. Le voyage vers la Porte, avec son lot de situations dramatiques liées à la paranoïa de Hal (« CARL » en français), en pâtit quelque peu. On voit tout de suite les différences de point de vue. Clarke est un scientifique, le père des satellites géostationnaires : il sait parler de façon convaincante des voyages spatiaux, des dépressurisations, des astres et de leurs orbites. Il évoque avec beaucoup de solennité les moments où l’âme humaine touche au cosmique, au divin.
Mais globalement, 2001 n’est pas un roman agréable, trop artificiel, mal structuré. Il recèle cependant quelques morceaux de bravoure dont les dernières paroles de Bowman :
Oh mon Dieu ! C'est plein d'étoiles !
qu’on ne retrouve pas dans le film de Kubrick qui insiste davantage sur le voyage intérieur/extérieur.
Etrangement, 2010 saura faire la part des choses, puisque le (plutôt bon) film de Peter Hyams (réalisé en 1984) commence sur ces mêmes mots et que le livre de l’auteur déplace la scène de la Porte des Etoiles à proximité de Jupiter. Echange de bons procédés sans doute. Comme quoi…
> Voir aussi la chronique de Cachou, effectuée dans le cadre du Marathon Kubrick 2010.
> Voir aussi la chronique sur le
film de Kubrick.