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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

L’Evolution de la scène comics - 02

L’Evolution de la scène comics

 

Un dossier des Illuminati – 2e partie

 

Vance : D'abord, je suis plutôt de l'avis de l'ami Biaze : je l'ai plusieurs fois constaté, de nombreux spectateurs éblouis par les productions mettant en scène des personnages de la Marvel ont viré leur cuti et se sont frottés aux publications - souvent avec une certaine angoisse car, malgré les séries Ultimate, ça reste quand même assez fouillis (que doit acheter un amateur des films X-Men pour pouvoir suivre ses personnages préférés ? Astonishing ? X-Men ? Ultimate X-Men ? Quoi, Wolverine a sa propre série ? Et c'est quoi ces numéros hors-série ? Et pourquoi Tornade est-elle chez les Fantastiques ? J'en passe, hein...). Le cinéma n'a peut-être pas été le principal moteur de renouveau des comics, mais il y a contribué, offrant des possibilités plus étendues de décloisonner leur public.


Le tout est de ne pas perdre les aficionados, ceux qui lisent depuis qu'ils ont été fascinés par le pouvoir de Havok, les aventures de Captain Marvel, les déboires de Peter Parker et la classe des Eternels : pour un spectateur qui vient au monde des comics, combien de vieux de la vieille qui décrochent ?


Avec le recul, Neault a sans doute raison de jeter un regard si acerbe sur les années 90.
Quant aux personnages, je pense qu'il y a beaucoup d'esprit de corps : ceux qui ont débuté par Marvel ont du mal à placer DC sur le même rang. Si j'ai eu entre les mains des aventures de Batman, Flash (mon préféré) et Superman dans ma jeunesse, il m'a suffi d'un épisode des (anciens) X-Men pour être conquis : le coup de foudre a été immédiat (euphémisme). Du coup, les séries DC ne me sont apparues que comme des trucs bien fades, voire niais. En outre, les personnages étaient nettement plus basiques dans leur description, totalement archétypaux. Seuls deux événements majeurs m'ont permis de revenir brièvement à DC : le Dark Knight de Miller, qu'on m'a prêté presque à la même époque où j'ai découvert Crisis on Infinite Earths. Et quand on y réfléchit, ce magnifique travail de Pérez - dont j'adore le trait et la minutie - et Wolfman (je crois, suis plus très sûr) n'est rien d'autre qu'une remise à plat des nombreux univers parallèles afin de créer quelque chose qui ressemble à la continuité chère à Marvel ! Comment alors ne pas dénigrer ces héros antédiluviens pour lesquels il faut des trésors d'imagination et un talent monstrueux pour arriver à égaler ce que Marvel propose chaque mois. J'exagère, mais cette subjectivité est bien ce qui caractérise le lecteur lambda. A présent, il m'arrive de feuilleter quelques opus de la Distinguée Concurrence, quand des gens bien - comme vous, et ce n'est pas du cirage de pompes - m'encouragent à le faire, parce que ça le vaut bien. Devinez qui vient de lire Hiketeia [une mini-série très réussie sur Wonder Woman] ? D'un autre côté, il me suffit aussi de lire Kingdom come pour me rendre compte du potentiel fabuleux qui se tapit derrière chacune de ces figures mythologiques : comme le souligne régulièrement un ami blogueur, les héros DC ont acquis très tôt ce statut de demi-dieux, de parangons de la culture populaire, qui les rend immortels. Chez Marvel, et malgré leur popularité parfois supérieure, on ne retrouve pas cette assise : Spiderman est plus proche d'un Ulysse que d'un Hercule, il n'a pas cette espèce d'aura qui ancre les membres de la Justice League of America dans le marbre. Et puis, chez Marvel, on se permet de tuer les meilleurs, n'est-ce pas ? Captain Marvel, merde ! J'en pleure encore ! Et on nous assassine Cap America !

 

Biazedredd : de l'âge d'or à nos jours cela a toujours été en descendant. J'ai pas les chiffres mais en cherchant, il y a moyen de trouver. Là ça stagne depuis plusieurs années. Le comic code authority a bridé les auteurs ; aujourd'hui non, je disais donc que tu avais raison, ce qui se fait de mieux c'est aujourd'hui.

DC en rachetant Wildstorm, possède au moins 80% des travaux de Moore, sa ligne adulte Vertigo : il y a très peu à jeter. Batman a des histoires aussi bonne que Daredevil, etc... 

 

Neault : Ah, tu parlais de Wildstorm et Vertigo ! Ok, j'avais pas pigé ça. Oui, c'est pas mal (perso, j'adore Preacher, Loveless, Y, déjà cité, ou encore Planetary), mais là encore, et pour aller dans mon sens (je vais souvent dans mon sens moi, lol), ce sont des productions récentes.

 

Pour rebondir aussi sur l'intervention de Vance, c'est vrai que ce qui me rebute chez les personnages DC (les vrais persos DC purs et durs), c'est bien ce côté "marbre & niaiseries". Marbre pour le fait qu'ils sont avant tout des dieux et uniquement des dieux (Superman c'est Superman avant d'être Kent, alors que Peter Parker est aussi important, sinon plus, que Spider-Man) et niais car je ne retrouve pas la profondeur marvellienne actuelle chez DC. A la rigueur, le Batman : War Games était sympa mais sans plus et les événements majeurs qui ont suivi étaient, au mieux, sans inspiration, au pire, chiants à mourir.

C'est vrai qu'il y a certainement le côté "militant" qui joue. Je ne connais personne qui soit, à égale partie, autant Marvel que DC. Mais il y a sans doute aussi un virage récent que DC n'a négocié que dans ses productions parallèles et pas dans son propre univers.

Batman surnage parce qu'il a un côté sombre, mais franchement, je ne le vois pas au niveau d'un Daredevil par Bendis et Brubaker.

 

Si Marvel bouffe maintenant régulièrement DC au niveau des ventes (avec parfois 5 titres Marvel sur les 5 premières places ou, en général, 4), je ne pense pas que ce soit un hasard. Pour être honnête, c'est peut-être aussi un peu lié à certaines décisions fondatrices, comme le fait, dès le départ, de placer les héros Marvel dans la réalité (New York en gros) alors que la concurrence créait des villes imaginaires, bien plus difficiles à gérer sur le long terme car, contrairement à ce que l'on croit, ce qui est créé uniquement par les auteurs devient vite impalpable alors que les fictions qui puisent dans la réalité permettent de solidifier le récit. J'en veux pour preuve l'épisode hommage de Amazing Spider-Man sur le 11 septembre. Les avions sont arrivés là où vivent les héros. Là où ils se battent, où ils travaillent, où ils vivent depuis des décennies. En comparaison, rien n'arrivera jamais de grave à Metropolis ou Gotham. Parker ou Murdock, eux, étaient présents lors de ce moment crucial. Et, même inconsciemment, ça change tout, pour les lecteurs mais même pour les auteurs. D'ailleurs, le succès de certaines séries que je citais en exemple est également lié à la connexion directe avec la réalité (Civil War mais même la première saison des Ultimates ou Supreme Power).

Pour moi, il y a d'un côté DC, en tant qu'univers particulier, qui fera toujours du DC (mis à part les titres Wildstorm et Vertigo donc), et Marvel, qui évolue et est en train de vivre sa Grande Epoque en permettant à des séries "vertigo-marvelienne" d'exister non pas en parallèle à la production principale mais au sein même de celle-ci. Et ça, c'est un choix éditorial très différent. Et gagnant pour les grandes figures de la maison.

 

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D
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N
Il a aussi dit - et là je vais presque être sérieux - des choses aussi belles que "La rêverie… une jeune femme merveilleuse, imprévisible, tendre, énigmatique, provocante, à qui je ne demande jamais compte de ses fugues."Il a aussi parlé de la littérature comme d'un chemin triste - il l'est parfois - mais qui mène à tout (et effectivement, parfois, l'on arrive quelque part).;o)
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V
Ca tombe sous le sens. Même si, comme le disait André Breton, l'Imaginaire est ce qui tend à devenir réel, il n'est pas bon que l'inverse se produise.
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T
Autant je partage totalement cette affection pour l'imaginaire, autant je me pose des questions sur cette frontière psychologique avec le "réel" ou pseudo réel. Je ne dis pas que c'est mal, mais je pense que c'est comportement qu'il est bon d'étudier avec recul.
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V
Pourquoi ? Pourquoi s'abstenir de donner un peu plus de corps à des personnages avec lesquels on a tremblé, on a vibré ? Cela résulte de la même logique que ceux qui s'inscrivent dans un circuit touristique passant par les lieux de tournage d'un film qu'ils vénèrent. Je n'étais pas loin des canyons tunisiens où furent tournées des séquences de Star Wars et d'Indiana Jones, si je ne m'abuse : avec un peu plus de temps, je m'y serais sans doute rendu. Pas pour prier ou m'y recueillir, mais peut-être juste pour prolonger ce lien qui s'était créé avec nos héros. Certains achètent des posters, voire des répliques d'objets culte : on ne les interne pas pour autant. Pour quelques-uns, Gwen Stacy a acquis autant d'importance que Lady Di : seule l'une des deux est morte dans notre réalité.
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T
C'est une vision qui m'effraie un petit peu : se rendre sur le pont où Gwen Stacy est morte, n'est-ce pas pousser l'iconisation de l'imaginaire un peu trop loin ?
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N
Je n'avais pas vu ces commentaires : ;o)"Tout cela n'est-il pas un peu stérile ?"--> Stérile, peut-être, enfantin aussi sans doute, mais terriblement passionnant lorsque l'on se prend un peu au jeu. ;o)"Je me souviens du numéro noir de Spider-Man cité plus haut sorti pour le 11 septembre. Je l'avais trouvé très émouvant à la première lecture. Je l'ai ensuite trouvé putassier. Fatalis versant une larme au milieu des décombres des tours, alors qu'il passe son temps à essayer de détruire le monde ??? "--> Je crois, à ce sujet, avoir été le seul à défendre cette vision de Fatalis, essentiellement parce qu'un vrai "méchant" peut, sinon se doit, d'avoir aussi un coeur, une âme, des failles.Et puis, surtout, il faut aussi y voir le message de l'auteur, souhaitant une alliance la plus large possible contre l'horreur.Je tiens à réagir vivement contre le terme "putassier". Notamment parce que Straczynski a su mettre en scène, sous le coup de l'émotion, des américains d'origines différentes, de religions différentes, en insistant sur le fait qu'il s'agissait de punir les salauds et non un groupe ethnique.Son écriture, surtout si peu de temps après les évènements, autrement plus dramatiques encore pour lui que pour nous, est au contraire pleine de retenue et d'intelligence.Enfin, je précise que je n'ai pris cet exemple que pour illustrer la différence d'encrage dans le réel des productions Marvel et DC. Là, c'est très violent mais un tas de petits détails peuvent être relevés, comme le fait qu'un new-yorkais peut aller sur le pont où Spider-Man a perdu Gwen Stacy, alors que personne ne peut se rendre à Gotham City ou Metropolis.
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V
Je préfère te laisser lire la suite de cette étude avant de reparler de cette dernière image : tu verras que tu n'es pas le seul à avoir réagi violemment sur elle.
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T
N'y a-t-il pas une analyse de perversité sociale à tirer de cette évolution économique ? Je me souviens du numéro noir de Spider-Man cité plus haut sorti pour le 11 septembre. Je l'avais trouvé très émouvant à la première lecture. Je l'ai ensuite trouvé putassier. Fatalis versant une larme au milieu des décombres des tours, alors qu'il passe son temps à essayer de détruire le monde ???
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V
Oui je comprends. Cela dit tu oublies quelques éléments. D'abord, ceux qui se sont exprimés dans ce dossier ne prennent aucune des séries qu'ils citent à la légère : ils connaissent les séries DC bien mieux que moi et les ont lues depuis longtemps. Tu remarqueras que je suis moins catégorique qu'eux et que je ne m'appuie que sur mon expérience limitée de cet univers. D'autre part, on ne compare pas pièce par pièce (sauf la référence à Batman et Daredevil à cause des thèmes communs qu'on y retrouve). Enfin, on n'oublie pas - c'est même dit plusieurs fois par plusieurs d'entre nous - le caractère affectif de la relation à la série et à l'univers : cela se traduit par des réflexions essentiellement fondées sur le ressenti, un peu comme lors des débats entre trekkers et fans de Star Wars. Ce qui est incontestable, c'est que Marvel dicte sa loi au marché et fait suivre les autres, ce qui n'était pas le cas il y a encore deux décennies.
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