Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Iron Man ***
Un Blu-Ray Disc import US non zoné (130 min) de Jon Favreau, sortie en salles en 2008, avec Robert Downey Jr., Jeff Bridges et Gwyneth Palthrow. Edition Paramount.
Un riche industriel, vendeur d’armes et génie an ingénierie mécanique, est victime d’un attentat en Afghanistan. Grièvement blessé, capturé, il développe une armure pour s’enfuir, liée à un générateur lui permettant de survivre. De retour aux Etats-Unis, il décide de laisser son cynisme au vestiaire et de changer les plans de sa compagnie. En parallèle, il se presse d’améliorer son armure…
Une chronique par TWIN
Ce qui s’était esquissé comme un divertissement plutôt réussi lors la sortie cinéma prend aujourd’hui un jour un peu plus complexe.
Je dois bien malheureusement constater que les scènes que j’avais pu trouver au départ jubilatoires—comme l’équipement et le premier envol de la V2, terriblement grisant—se dégonflent suite à un manque de souffle qui témoigne d’une difficulté à passer le cap de la première lecture. Trop de passages longuets ou peu subtils s’enchaînent (le premier acte est interminable), sans toutefois entacher la sincérité de la démarche du réalisateur et de son acteur principal, littéralement né pour le rôle. L'affrontement final, qui m'a beaucoup rappelé le duel des titans du médiocre RoboCop 2 aurait gagné à être plus inventif et bizarrement moins étriqué.
C'est drôle—avec forcément moins de spontanéité—souvent mignon et attachant, mais aussi naïf et parfois stupide dans cette vision hollywoodienne du conflit en Moyen Orient (quoique j’ai trouvé le propos plus efficace que dans l’arrogant Lord of war). Certaines séquences mettant en scène l'Iron Man parviennent pourtant encore à enivrer tellement le personnage et sa mise en action dégagent une puissance inouïe. Le relent d'espoir qu'il apporte en intervenant dans le village dévasté dépasse même la caricature latente et putassière : le pathos est si primaire qu’on se prend à rêver désespérément que le personnage puisse exister.
C'est un opus de démarrage enthousiasmant mais un peu ankylosé, limité dans sa propre définition. Iron Man est, après coup, un film très premier degré, qui souffre du rythme des visionnages multiples, auprès de spectateurs qui ne pratiquent pas la religion geek ou l’obsession hyper référentielle. Derrière la surprise et l’efficacité de l’immédiateté s’effritent les fondements d’un script finalement assez vide de contenu et dont l’écriture est peu finement calibrée post-ado.
Les graines semées ici et là pour créer à l’écran un univers Marvel global et cohérent sont à double tranchant : soit on pourrait arriver à la signature d’un ensemble furieusement riche et ambitieux, soit—et ce dès le moindre faux pas (et à mon sens l’Incroyable Hulk a presque failli marquer une fracture prématurée)—ce serait un château de cartes en plein effondrement, où la capacité à former des œuvres d’intérêt individuel est abandonnée au profit d’une sérialisation poussive, ressuscitant la tendance au crossover des films de monstres des années 40. En ce sens, Iron Man échoue relativement à se suffire à lui-même. A trop s’étaler sur le début et le milieu, lui manque une fin aux enjeux ayant prise sur le long terme.
Une œuvre donc essentiellement fun, mais ça s’arrête là. Depuis la sortie cinéma, The Dark Knight est passé par là et a durablement posé les exigences contemporaines du divertissement adulte et intelligent.
Le master haute définition est, grande surprise, peu démonstratif. Le détail est bien présent mais rarement plus probant que sur un excellent DVD. Par contre, le rendu argentique est une réussite totale, avec un grain très tactile.
Le mixage DD True HD 5.1, converti sur mon matériel en DTS plein débit, s’avère bien équilibré. A noter que la VF française est également disponible et que film comme bonus sont sous-titrés en français.
Les suppléments, présentés en HD, sont plutôt riches et exhaustifs, à défaut d’être éclairés au niveau de l’angle éditorial. S’y mêlent un long documentaire sur le comic book (qui a finalement très peu évolué en 50 ans d’existence), 25 minutes de scènes coupées dévoilant des couleurs plus nuancées (le personnage est par exemple présenté en pleine dépression autodestructrice à son retour aux Etats-Unis, le combat final est mieux écrit et moins commun), un ambitieux journal de production de 2h (où, malgré une précision technique admirable, le manque angoissant de distance face au sujet fait rage), des explications en effets numériques et divers modules gadgets.
Les menus, très animés, sont assez hypnotiques ; merci aux capacités de fabrication du BD.