Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Le net est un monde en soi où la meilleure manière de se déplacer est le surf. Mais, parfois, on y surfe en volant – un peu à l’image de ce héros cosmico-christique qu’est le Silver Surfer. Je ne parle pas des escrocs qui profitent des textes brillants ou pertinents des autres pour se faire mousser dans un forum ou sur leur propre site, j’évoque plutôt ces artisans de l’Ecrit, ces magiciens du clavier, ces ciseleurs de mots que nous prenons plaisir à visiter, à lire et relire, qui nous font à leur tour voyager dans leurs rêves éveillés. Ces gens-là ne travaillent pas pour de l’argent, à peine cherchent-ils à se faire connaître – quand bien même cette notoriété qui peut briller dans des cercles restreints puisse mettre du baume dans leur cœur d’artistes méconnus : ils exposent aux yeux du monde ce qui les maintient en vie et les meut en avant dans l’existence, ils mettent à nu leurs fantasmes et obsessions, ils parlent de ce qu’ils aiment ou détestent et n’aspirent, finalement, qu’à partager.
C’est le partage qui me motive à vous écrire, et la volonté de remercier ceux et celles qui prennent chaque jour un peu de leur temps à venir parcourir mes pages où mes divagations se mêlent aux textes de mes camarades millénaristes.
Parmi ces lecteurs, certains sont des partenaires virtuels, des collègues du web : ils tiennent également un blog, un site, un forum. Ils s’y délassent, s’y amusent mais surtout, ils le font fructifier et l’enrichissent par leurs articles foisonnants – et, sans le savoir, ils nous enrichissent aussi à leur façon.
L’une d’entre eux, Satine, humble mais précieuse poétesse que j’ai appris à apprécier depuis plusieurs mois, lectrice et visiteuse régulière de ces colonnes, m’a choisi ce dimanche pour me remettre avec la délicatesse et l’éclat qui la caractérisent un prix : une plume. Initialement, dit-elle, elle se remettait de poètes en poètes, se transmettait comme un signe de reconnaissance, un remerciement sincère pour l’émotion et la passion qu’on a partagées en lisant les productions réciproques. Une plume qui vient du cœur et n’a pour seul jury que le lecteur-auteur qui choisit de la décerner.
Une plume, aussi légère que les vers de Satine à la métrique cristalline et aux rimes précieuses.
Moi qui ne suis pas poète. C’est bien trop d’honneur.
Mais comment refuser ?
D’autant que cette plume est également le prétexte à l’établissement d’une chaîne de reconnaissance mutuelle.
C’est donc mon tour.
Faire un choix, c’est tellement difficile ! D’autant que les blogs de poètes ne sont pas ceux que je parcours en priorité : j’en connais si peu !
Heureusement, Satine a pris sur elle de légèrement changer les règles établies de ce prix (qui, d’après mes recherches, viendrait d’une initiative espagnole) : en m’incluant dans sa liste d’honorés blogueurs, elle me permet d’en faire de même et d’honorer à mon tour ceux dont la plume (comprendre : le clavier) a su m’éblouir, m’illuminer, m’impressionner – me faire rêver.
Comme l’affirmait un des lauréats (qui se verra ainsi, mais c’est mérité, remettre une plume qu’il a déjà obtenue), il n’y a pas de classement ni d’ordre : la chaîne impose un choix de sept, et je vous expose les résultats de ce choix. Il n’implique pas le moindre népotisme ou favoritisme qui serait ridicule et inapproprié, juste le témoignage d’une sincère admiration. Que ceux de mes amis qui ne se voient pas nommés ne m’en tiennent pas rigueur : en tant qu’amis, ils comprendront mes choix. Il n’y a, en outre, rien à gagner.
Juste à renforcer des liens – de plume…
Les lauréats poètes :
¤ Satine, bien sûr, parce qu’elle a été la première à me montrer que la poésie existait autrement que dans des recueils usés par le temps.
¤ Thierry, l’Enchanteur dont les écrits sont aussi pertinents que malicieux, qui allient une certaine noblesse de plume à une vraie humilité.
¤ Maria, enchanteresse de la Toile, aux univers si riches qu’il serait fastidieux de les dénombrer, aussi avide de mystères que de beauté.
¤ Ramiel, auteur protéiforme, chroniqueur régulier et enseignant désabusé, qui fut un des premiers lecteurs réguliers de mes articles et a enrichi ceux-ci de commentaires brillants appelant de passionnants débats – et puis, un littéraire qui aime les super-héros, c’est si rare !
Les autres lauréats :
¤ TWIN, le cinéphile lunaire, dont l’enthousiasme débordant génère ce lyrisme dont il nous gratifie au travers de phrases touchant au mystique.
¤ Broots, venu sur le tard dans l’univers des blogs, mais dont l’humour fait souvent mouche tout en cachant mal ses talents de conteur où se devinent une tristesse élégante et subtile sur des images percutantes.
¤ Neault, marvelophile émérite dont les chroniques enflammées et acerbes donnent un éclairage particulier et stimulant sur les productions actuelles et dont la verve cinglante s’allie à une générosité bienveillante.
Ces lauréats seront avertis personnellement et je les invite donc, comme j’ai été invité à le faire, à recopier et coller sur leur site le petit logo du prix ainsi reçu, puis à établir à leur tour une liste de 7 auteurs du net qu’ils tiennent à mettre en avant. Bien entendu, il n’y a là-dedans aucune espèce d’obligation, juste un peu de reconnaissance.
Je terminerai en publiant le joli poème de Satine par lequel elle concluait son article :
Que ces plumes nous fassent tour à tour
Découvrir d’autres artistes et troubadours,
Que le partage et l’échange nous réunisse
Et qu’une toile de mots doucement se tisse
Sur laquelle nous danserons et chanterons
La beauté des vers, le fruit de nos créations.
Satine, août 2008