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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

I had a good feeling about this

Star Wars Episode IV : Un nouvel espoir


Un film de George Lucas (1977) avec Mark Hamill, Harrison Ford et Carrie Fisher

 

Résumé Cinémovies : Luke Skywalker quitte sa planète natale et rejoint la Rébellion pour tenter de sauver la princesse Leïa des griffes du terrifiant Dark Vador.

 

Quelle image dans ce nouveau pressage DVD ! C'est beau, c'est pimpant, c'est presque neuf. C'est vrai que les maquettes sont tellement valorisées que les plans composés souffrent un peu - ça m'a rappelé une projection inoubliable de 2001 en 70 mm au Kinépolis où l'on s'apercevait véritablement du soin apporté par les concepteurs des modèles réduits (avec Douglas Trumbull aux commandes) tant les finitions étaient parfaites - et c'étaient donc leurs mouvements qui pêchaient.


En VO, c'est quand même plus prenant, même si je trouve que la VF, avec le recul, se défendait bien, surtout pour Vador et Sispéo. Leia a ainsi une voix plus mûre, elle faisait gamine en comparaison dans son discours français. Un mythe est tombé : je croyais que certaines petites blagues de fin de dialogue étaient exclusives à la VF, notamment entre Luke et Han ; bah non, c'était déjà initialement prévu. La voix de James Earl Jones est toujours magnifique, mais comme atténuée : ses basses sont chaudes, envoûtantes, mais la voix semble en retrait, même quand il s'énerve. En revanche, c'est plus agréable de voir les paroles coller enfin aux gestes de Prowse ("Je subodore quelque chose que je n'ai pas senti depuis..." et là, il s'en va - alors qu'en VF il n'avait pas encore fini de parler). Sispéo, quant à lui, est un véritable régal pour les apprentis anglophiles : son phrasé distingué, sa diction parfaitement intelligible au rythme très britannique permettra d’être compris sans sous-titre. Et les allusions aux Clone Wars sont convaincantes.


Quant au son, il décroche parfois un peu sur 3 ou 4 séquences, comme si tout le master n'avait pas été nettoyé ; 2 fois sur Leia (on a l'impression que son micro tombe en panne, puis ça revient) et une fois sur Luke (on entend tout à coup du souffle en fond). Mais rien de rédhibitoire.


Au final, A New Hope est vraiment un grand film, beaucoup plus épuré que les premières impressions-de-quand-j'étais-jeune. C'est très retenu, tout en maîtrise. C'en est même parfois frustrant tant on a l’impression d’une partition savamment orchestrée, balisée avec soin, orientée avec rigueur et interprétée avec un savoir-faire redoutable.

Mais c'est surtout le fait de le revoir après les épisodes II et III qui change autant : à l'instar d'un dialogue célèbre du Retour du Jedi, le point de vue change, presque radicalement. Voir Luke foncer sur son speeder pour aller voir ses parents adoptifs (après l'attaque des Stormtroopers sur le char des Jawas) ne peut que rappeler Anakin adolescent empruntant un chemin similaire pour aller sauver sa mère et s’engager sur la voie du Côté Obscur.

 

Star Wars Episode IV est un monument de technicité et d’inventivité, où le sense of wonder est presque mis sous l’éteignoir par une recherche constante de l’efficacité : rien de trop, pas d’interprétation en roue libre, pas de digression ; les allusions à l’Histoire galactique deviennent enfin cohérentes avec la vision d’un vrai visionnaire. Aussi bien épopée cosmique que récit d’initiation, western spatial que saga d’heroic fantasy, Star Wars convainc surtout par sa richesse narrative et par une structure sans faille, un tempo magique en adéquation avec une bande originale magistrale. Comme me le disait Twin, grand Lucasophile devant l’Eternel, la saga peut presque se regarder l’écran éteint, tant elle semble avoir été écrite après la musique : un opéra moderne foisonnant et jubilatoire.

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T
Merci de ce lien Jérémy. Le sujet est très pertinent. Ca me rappelle une étude réalisée il y a quelques années sur la concept de foire et d'attraction, de montagnes russes, dans le cinéma de divertissement numérique. Tu attises ma curiosité !
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N
Merci, ça a l'air juste passionnant. Je pense que Vance et Twin vont se régaler. 
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J
J'ai vu Star Wars, épisode IV après avoir vu les V (ah!, mon préféré!), VI (que j'aime beaucoup, surtout pour la confrontation avec Jabba, Vador et l'Empereur) et I (c'est le moins bon, c'est sûr, mais au global, ça se tient pas trop mal...), j'ai vraiment beaucoup fantasmé sur ce premier Star Wars, et donc quand je l'ai vu, j'ai été un peu déçu, le trouvant trop statique en comparaison du V et VI. Mais c'est de loin le plus fascinant, j'imagine ce que ça devait faire à l'époque d'être immergé dans cet univers là, d'un seul coup au son de la musique de John Williams... En parlant d'immersion, de sensations, j'ai justement publié un dossier sur le corps dans les Star Wars, que ce soit le corps "secoué" des spectateurs comme dans un grand-huit, que celui des humains et des droïdes (qui paraissent souvent plus souffrir que les humains paradoxalement), et naturellement celui de Dark Vador. C'est le rapport ambivalent au corps, exalté et rejeté à la fois, qui m'intrigue... Voilà le lien vers l'introduction de ce dossier que je publierai tout au long de cette semaine :<br /> Star Wars, le corps et la machine<br /> Bonne lecture et "May the Force be with you" <br />
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T
En fait, il y a tant d'opinions diverses sur Star Wars, surtout dans les mauvaises, qu'il est difficile de catégoriser. Au boulot, c'est l'invasion des vomisseurs dès qu'on parle de la nouvelle trilogie. Ce sont toujours les mêmes arguments stupides qui reviennent (par exemple, les combats de clones ont l'air de pirouettes dans le vide). Je ne parviens à résister qu'avec un seul de mes collègues.
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V
Mais Twin tu oublies que l'Episode I a été mal perçu d'une part par ceux qui avaient grandi avec la première saga et avaient mal vieilli, aigris et blasés, n'attendant rien d'autre qu'une renaissance de leur fantasme premier, alors que d'autres avaient pris trop de distance avec leurs premières amours, les reniant presque, ou les reléguant dans un coin obscur de leur psyché, honteux d'avoir aimé Lucas. Mais les épisodes suivants ont su rallier bon nombre de ceux qui s'étaient maladroitement désintéressés.
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R
Oui, Lucas est simplement le Virgile du cinéma américain (ou son Homère), et il y en a à qui cela déplaît, parce qu'ils voudraient faire croire que le génie a été remplacé par les talents intellectuels qu'on doit déployer pour se faire respecter dans le domaine scientifique ou philosophique. Mais l'art reste l'art. Le prestige qui lui a été inhérent pendant des siècles ne sera jamais donné à de simples commentateurs, à de simples orateurs, à de simples professeurs : il restera toujours aux artistes, quoi qu'on fasse.
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T
J'aimerais que beaucoup aient ta vision optimiste et aimante de la saga. Lorsque tu parles de festival de couleurs, de peintures ou de poésie, en opposé à la stérilité des anciens films, je pense que tu touches là l'essentiel des ambitions de Lucas. Parce que Star Wars, c'est finalement très simple, avant d'être plus complexe. Ca touche à l'innocence, au récit éternel du bien contre le mal, à la sérialité, aux images fastueuses, aux créatures, aux monstres, aux héros et aux chevaliers.     
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R
Erratum : Un livre peut plus facilement VARIER en nombre de pages qu'un film [en nombre de minutes].Sinon, Twin, les gens haïssent le mythologique, même quand il est réussi, et ils inventent, du coup, qu'il est impossible de rien réussir, à cet égard. Mais George Lucas a montré non seulement que c'était faux, mais que l'art atteignait une sorte de sommet, quand on réussissait quelque chose de ce genre.Pour les épousailles, ce sera pour une autre fois. Quelque part sur Coruscant, sous les piliers du Parlement !
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R
Oui, je comprends. Lucas ne savait pas s'il pourrait faire des suites, au départ : il a donc concentré tout ce qui lui plaisait, en travaillant avec acharnement sur le scénario. Dès l'origine, il a créé l'univers des personnages. Mais il savait que ce film pouvait être le seul qui reflèterait cette espèce de mythologie. Il a longuement mûri la chose, et finalement, a livré le produit, si on peut dire. Il apparaît donc comme contenant une sorte de perfection aussi bien de forme que de fond. Cela dit, cela représente beaucoup de contrainte, pour un artiste, un créateur. Le cinéma est en fait un art très contraignant. Un livre peut plus facilement en nombre de pages, par exemple. Au bout du compte, les autres films ont été une forme de défouloir, une libération par rapport aux contraintes initiales : ils complètent le premier, et lui donnent son épanouissement indirect. Ce sont eux qui finalement font oublier que le premier devait entrer dans des cadres prédéfinis, par nécessité économique. Evidemment, quand tout est concentré en moins de moyens, on se dit aussi que l'art est plus grand. Mon ami poète Jean-Vincent Verdonnet dit lui aussi que la poésie est un art de la synthèse. Il critique Michel Butor, son quasi voisin, parce que lui n'hésite pas à tout diluer dans les sentiments ordinaires, quotidiens (du coup, la poésie de Butor est plus colorée, plus remplie de fabuleux, aussi). Tout de même, on peut également reprocher à Star Wars IV de n'avoir que des couleurs froides, et à la trilogie récente de forger un monde de couleurs incroyables. On a souvent dit que le premier film réalisé était toujours situé dans des machines, ou des déserts, du décor morne et uniforme, sans vie. Le monde vivant, poétique, était situé dans le passé. Et c'est la qualité de la récente trilogie, en soi, que de l'avoir montré. Quelle débauche de couleurs ! C'est l'oeuvre d'un peintre.
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T
Je pense quand même que le cas de X-Men est assez différent. Singer insiste d'ailleurs bien dans les commentaires audio sur le fait qu'il est peu satisfait du premier film que X2 est celui qu'il voulait faire dès le départ. A bien y revoir, le manque d'enjeux de X1 me rebute toujours autant. Dramatiquement, le tant décrié X3 est d'ailleurs bien plus intéressant.Quant à la vision de Ramiel de Star Wars, je me retiens de demander ce dernier en épousailles vu que je suis déjà engagé. Ca fait plaisir de rencontrer quelqu'un qui, pour une fois (parce que c'est le mot d'ordre depuis un bon moment), n'a pas une vision cynique et railleuse de la saga. La menace fantôme est peut-être le plus pertinent du lot tant il est difficile d'approche : à force de jouer comme film unique, premier épisode d'une trilogie et introduction à une franchise entière. C'est également pour moi le film qui a marqué une nouvelle façon de faire du cinéma, c'est l'ère de l'image - narrative et picturale - multi-couches.
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