Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Un film de Paul Haggis (2004) avec Matt Dillon, Don Cheadle, Thandie Newton, Ludacris
Un DVD Metropolitan (2005) zone 2
Résumé de Film de Culte : Un accident de voitures à Los Angeles. Pendant 36 heures, les destinées de différentes personnes qui ne se connaissent pas vont se nouer, autour du hasard et de quelques préjugés.
Forcément, lorsqu’on se met à visionner un film précédé d’un gros buzz et auréolé de quelques oscars, on est un peu dans l’expectative, sur ses gardes. Quand bien même on aurait envie uniquement de passer deux bonnes heures, on ne peut s’empêcher de garder ses considérations en mémoire. Quitte à ne les ressortir qu’à la fin de la projection, histoire de…
Alors oui, Collision a ses beaux moments, quelques-uns d’une beauté spectaculaire, des séquences à couper le souffle ou possédant une grande intensité dramatique : le sauvetage de Thandie Newton, toute la scène devant la maison du serrurier. Certains des acteurs sont impressionnants dans des rôles pas évidents à assumer (Matt Dillon et Don Cheadle). Mais on a aussi cette impression diffuse que l’ensemble ne tient que par un réseau plus ou moins artificiel de lignes de vie se croisant et se décroisant, amenant chaque protagoniste aperçu dans le premier quart d’heure à être confronté à l’un des autres. Et loin des tranches de vie à la Altman, on est plus dans la chronique d’une cité cosmopolite par excellence : L.A., brutale, sans concession, un envers du décor glauque et cruel alors même qu’en son sein brillent les feux de la rampe et palpite le cœur d’Hollywood, le tout dans une mise en scène privilégiant les plans assez serrés, conférant un caractère oppressant à l’ensemble. Et puis surtout, les ficelles utilisées sont parfois grosses, le trait est lourd : plus que démonstrative, la réalisation est manipulatrice. J’aurais souhaité davantage de subtilité dans un film au propos forcément intéressant mais asséné avec si peu de finesse. C’est alors que je me suis souvenu que Don Cheadle apparaissait dans la longue litanie des producteurs affichés au pré-générique : sans doute une œuvre qui lui tenait à cœur. Avait-il pour objectif de diffuser un message ? Je ne sais pas. Y en a-t-il vraiment un, en dehors de l’amer constat de la médiocrité de chacun lorsqu’il est confronté à l’Autre ? Rien que ce fait même ne peut que faire réfléchir sur sa propre condition et cette Peur irrationnelle qui pousse même les plus équilibrés d’entre nous à des actes répréhensibles.
Un film que je n’ai pas vraiment aimé regarder (la VF est infecte !) mais qui a le mérite de provoquer le débat. Même le fiston y est allé de ses commentaires, lui qui d’ordinaire est si peu bavard. Quelques très belles chansons, une musique élégante. Et l’amertume liée à une intense déception.