Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Marvel Universe #2 : Annihilation (2/4)
Annihilation : Silver Surfer #1 & 2 + Annihilation : Super Skrull (4 épisodes)
Annihilation : jour J+17. Sur les vestiges de Xandar, le Surfer tombe sur une troupe de commandos travaillant pour Annihilus, chargés de traquer Gabriel Air-Walker, un ancien héraut de Galactus. Le Surfer, en lui prêtant main forte, devra se rendre à l’évidence : ils sont terriblement dangereux et ne paraissent pas le craindre, au contraire. En outre, ils sont ouvertement attirés par la puissance cosmique qu’il dégage. Il cherchera alors à se replier, le temps de trouver du renfort.
Annihilation : jour J+41. La Vague d’Annihilation a investi l’empire skrull. La planète Aks’Lo va ainsi connaître la puissance de cette arme destructrice qu’est la Moissonneuse des Lamentations, sous l’œil atterré du Super Skrull. Ce dernier, piqué au vif, et désireux d’empêcher que ce fléau n’atteigne Zarag’zna où vit son unique fils, va se rebeller, avant de se rendre à l’évidence : il lui faut se créer une armée. Pour cela, il va demander de l’aide à Red Richards, des Fantastiques, afin qu’il lui permette d’accéer dans la Zone négative…
Perplexe. Le premier volume m’avait enthousiasmé et ouvrait des perspectives alléchantes en proposant, au travers de la destruction d’un univers, une description originale de certains de ses occupants les plus emblématiques. Il y avait une réelle ambition cosmique, une initiative (je me répète, je sais) finalement assez proche des grandes séries de SF qui ont resurgi dans nos rayons préférés depuis Hypérion de Dan Simmons – je pense aux œuvres de Peter F. Hamilton. Un drame qui se joue à une telle échelle, c’est aussi envoûtant que vertigineux – mais très casse-gueule aussi.
Or donc, dès les premières planches de la série Silver Surfer, je me suis senti floué : où donc était passée cette dynamique céleste qui nous plongeait si aisément dans les nébuleuses galactiques sur les traces de la horde d’Annihilus ? Avec les dessins austères de Renato Arlem, rappelant souvent, mais en moins bien, les poses caractéristiques que Big John Buscema conférait à ses personnages, on se noie sous des flots de paroles inintéressantes et on regarde d’un œil distrait les déflagrations d’énergie dont le Surfer use et abuse pour se sortir du pétrin où il s’est fourré. C’est pourtant toujours Giffen au scénario, alors pourquoi est-ce que cela ne fonctionne plus ? On n’évite l’ennui que parce que l’urgence est toujours là, que les ennemis ont ce côté implacable qui plaît tant et que Galactus lui-même se retrouve impliqué. Diantre ! Je ne m’explique cette baisse de qualité (tout à fait subjective) que parce que le Surfer n’y apparaît que comme un personnage banal, dépourvu de cette noblesse et de cette grandeur d’âme qui ont entretenu son mythe depuis sa création par Stan Lee, et qui ont fasciné des générations d’artistes (même Moebius !).
Parallèlement, la série Super-Skrull amorce un virage intéressant : on est plus proche de la série annexe, donc moins ambitieuse, mais cohérente. Suis pas vraiment fan des crayonnés de Gregory Titus, mais ils confèrent un rythme de bon aloi à des épisodes trépidants et osés, le guerrier métamorphe ne reculant devant aucun expédient pour obtenir ses informations (torture ou mutilations). S’ensuivent des situations déjà vues, mais habilement menées, des dialogues sympathiques et cette sensation bizarre de se persuader d’une certaine grandeur chez le Super-Skrull, cette aura qui manque tant au Silver Surfer. Il faut avouer qu’il est fascinant à suivre. La fin, trop hollywoodienne pour être honnête, achève cependant de laisser un goût définitivement amer, davantage en raison des espérances nourries par le premier volume que de la qualité intrinsèque de celui-ci. Le scénariste, fraîchement débauché de chez Lost, aura réussi son passage au monde du comics.
Attendons la suite, avec la coalition des hérauts de Galactus contre la Vague d’Annihilation – et peut-être l’intervention du Dévoreur de Planètes lui-même !