Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Le nouveau long-métrage de Jordan Peele s’apprête à sortir en vidéo le mois prochain. Fort du succès de Get Out et dans une moindre mesure de Us, le réalisateur continue d’effrayer les spectateurs avec Nope, mais cette fois, il y ajoute des éléments de science-fiction. L’occasion de vous proposer un test technique de ce qui est probablement le film le plus maîtrisé de son auteur.
Synopsis : Les habitants d’une vallée perdue du fin fond de la Californie sont témoins d’une découverte terrifiante à caractère surnaturel.
Pour son troisième film, Jordan Peele met la barre très haut : Nope est probablement l’oeuvre la plus maîtrisée de son auteur, de celles que l’on pourra étudier longtemps pour en saisir toutes les subtilités. Il est ainsi peu évident d’en parler sans spoiler, car l’intérêt de ce long-métrage mélangeant horreur et science-fiction ne se situe pas vraiment dans son récit mais plutôt dans sa manière de le raconter. Parce que davantage qu’une invasion extra-terrestre il s’agit avant tout d’un brillant conte sur l’exploitation, dans tous les sens du terme. Nope stimule ainsi davantage par son sous-texte (méta) que par son intrigue finalement peu originale. C’est d’ailleurs en ce point que le film nous aura un peu déçus : il ne fonctionne pas aussi bien que Get Out en tant que simple divertissement.
Alors que son premier film était aussi réussi sur le fond que sur la forme, celui-ci manque d’équilibre. Nope donne l’impression d’en faire continuellement trop, sans parvenir à trouver le bon ton. Ce qui ne l’empêche pas d’être pourtant son œuvre la plus riche, la plus intrigante, la plus étonnante, et par extension la plus enthousiasmante. Et si le dernier acte nous aura un peu ennuyés au point de nous désintéresser de tout ce qu’il se passait à l’écran, la première partie du film est un modèle d’exposition. Il y a un savoir-faire indéniable pour maintenir la tension, et à ce titre, deux scènes nous auront particulièrement fait flipper. Dommage qu’à trop tout intellectualiser, le film ne suscite que peu d’empathie. Il faut dire aussi que la plupart des personnages sont antipathiques, à quelques exceptions près, mais c’est totalement justifié par le thème principal de l’intrigue qui consiste à dénoncer l’exploitation et les dérives engendrées par la cupidité. Dans tous les cas, que l’on apprécie ou non cette proposition, le nouveau Jordan Peele continue de prouver qu’il a un immense talent.
Comme à son habitude, le bluray édité par Universal est impeccable. Nul doute que l’UHD que nous n’avons pu tester devrait s’avérer la meilleure version, mais la copie HD du film est plus que superbe. L’image ne présente aucun défaut. La définition y est excellente, les contrastes et les couleurs fidèles aux intentions du directeur de la photo. Mention spéciale aux scènes de nuit. Pas d’artefact, pas de banding apparent.
Le son en VO Dolby Atmos est dynamique, avec une spatialisation quelquefois très impressionnante. Ce n’est pas une piste particulièrement dingue, mais elle fait très bien son boulot. Les dialogues sont en outre parfaitement audibles. Techniquement un sans-faute, de quoi bien apprécier la séance.
L’édition bluray est d’autant plus remarquable que les bonus sont véritablement excellents. L’on trouve des scènes coupées et un bêtisier sur la galette, mais le supplément le plus intéressant est sans aucun doute le bon gros making-of accompagné par ses quelques modules de qualité. Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas eu un disque aussi bien rempli. Du très bon travail ! Si vous avez aimé le film, n’hésitez pas à vous procurer ce bluray.
Titre original |
Nope |
Date de sortie en salles |
10 août 2022 avec Universal Pictures |
Date de sortie en vidéo |
10 décembre 2022 avec Universal Pictures |
Réalisation |
Jordan Peele |
Distribution |
Daniel Kaluuya, Keke Palmer, Steven Yeun, Michael Wincott, Keith David, Brandon Perea, Terry Notary & Barbie Ferreira |
Scénario |
Oliver Stone & Zachary Sklar |
Photographie |
Hoyte van Hoytenma |
Musique |
Michael Abels |
Support & durée |
Blu-ray Universal (2022) region ALL en 2.20:1 / 130 min |