Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
La fameuse réunion des vétérans et des nouvelles recrues tant vantée pour promouvoir ce dernier chapitre de la trilogie Jurassic World aura déçu pas mal de monde. Mais qu’importe, avec la sortie de sa version longue en bluray, vous pourrez donner ou redonner une chance à ce Jurassic World Dominion, un film certes bancal mais un poil mieux équilibré qu’au cinéma.
Synopsis : Quatre ans après la destruction de Isla Nublar. Les dinosaures font désormais partie du quotidien de l’humanité entière. Un équilibre fragile qui va remettre en question la domination de l’espèce humaine maintenant qu’elle doit partager son espace avec les créatures les plus féroces que l’histoire ait jamais connues.
Pour profiter pleinement de ce Jurassic World Dominion, il ne faut surtout pas le comparer au film matriciel de Steven Spielberg. Parce que les 4 longs-métrages qui les relient ont chacun à leur manière participé à faire évoluer la franchise dans une direction souvent douteuse. Surtout à partir du premier Jurassic World en fait et de l’implication de Colin Trevorrow, qui a tellement développé la thématique de la manipulation génétique dans la seconde trilogie que l’on a régulièrement frôlé le nanar de compétition. Et donc Dominion n’a quasiment plus rien en commun avec le film de 1993. Bien entendu, il y a encore un peu de l’ADN du Spielberg dedans (les acteurs notamment), mais celui-ci - pour paraphraser le film - a vraisemblablement dû être « complété » par de l’ADN « étranger » : le film ressemble surtout à un mélange maladroit voire opportuniste entre James Bond, Mission: Impossible, Star Wars The Rise Of Skywalker et Fast And Furious. Action aux quatre coins de la planète, missions top secrètes (le personnage d’Omar est devenu agent de la CIA…), complots, courses-poursuites… On peut trouver ça amusant, mais l’on n’a jamais l’impression de se retrouver dans l’univers somme toute crédible du premier épisode. Comme si l’on était face à deux franchises différentes malgré la présence de dinosaures et des mêmes personnages (mais le trio original semble ne pas trop savoir ce qu’il peut bien faire dans cette suite).
On regarde ça sans s’ennuyer mais sans se sentir impliqué, avec un recul que l’on n’avait pas devant le Spielberg. Cette sorte d’artificialité se ressent jusque dans les effets spéciaux. C’est quand même fou de se dire que les dinosaures d’un film actuel soient moins bien faits que ceux d’un film qui a bientôt trente ans. Surtout les animatroniques qui sonnent continuellement faux. Cela tombe bien : les dinosaures ne sont plus vraiment au cœur des enjeux cette fois-ci… Ils apparaissent au gré des besoins des scénaristes, lorsqu’il faut ajouter un peu de tension à une séquence, mais ne sont jamais les moteurs de l’action. Colin Trevorrow nous refait même le coup de la ridicule bataille finale entre plusieurs dinosaures qu’il met en scène comme un vulgaire combat de catch, leur retirant par la même occasion toute leur force évocatrice.
Dans le film de Spielberg, les spectateurs voyaient des animaux. Dans ce Jurassic World Dominion, les spectateurs voient des monstres en images de synthèse (filmés au ralenti en plus…). Le film n’est pas dénué de bonnes idées toutefois (le délire sur les criquets est relativement pertinent, bien qu’étonnant) mais elles sont simplement mal exploitées par un scénariste-réalisateur qui ne sait ni écrire, ni mettre en scène correctement son film.
La version longue améliore le film en ajoutant quelques éléments nécessaires à la compréhension du récit, ainsi qu’un prologue préhistorique un poil plus spectaculaire (mais sans doute complètement erroné d’un point de vue scientifique puisque les espèces de dinosaures présentées dans cette scène ne se sont probablement jamais rencontrées en réalité).
A noter que cette version longue n’est disponible qu’en bluray et UHD et non en DVD.
Nous avons eu l’occasion de tester le bluray. Comme à son habitude, Universal livre une très belle édition. Ce ne sera pas une référence en HD, la faute à quelques petites réserves que nous pourrons émettre sur la qualité de l’image, mais le bluray est satisfaisant.
L’image est définie (cette ultra netteté trahit souvent la nature des animatroniques qui font vraiment cheap par instants), les couleurs respectent bien l’étalonnage d’origine, mais l’on a quelques réserves sur l’encodage, qui laisse apparaître parfois un peu de bruit vidéo dans les plans larges.
Le son VO en DTS X est dynamique, puissant, avec des dialogues clairs et des effets surround omniprésents. Dommage que les mixages actuels privilégient les ambiances réalistes aux effets démonstratifs. La première trilogie Jurassic Park reste une référence en matière de bande son.
Les bonus permettent de revoir le court-métrage Bataille à Big Rock, puis se focalisent sur les effets spéciaux et sur les dinosaures. Enfin, un plus long making-of vous donnera la possibilité d’en apprendre davantage sur les coulisses du tournage, sur les animatroniques, sur quelques dinosaures et sur les acteurs.
Titre original |
Jurassic World Dominion |
Date de sortie en France |
8 juin 2022 avec Universal Pictures |
Date de sortie en vidéo |
16 août 2022 avec Universal Pictures |
Réalisation |
Colin Trevorrow |
Distribution |
Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Laura Dern, Sam Neill, Jeff Goldblum & Omar Sy |
Scénario |
Colin Trevorrow, Emily Carmichael & Derek Connolly |
Photographie |
John Schwartzman |
Musique |
Michael Giacchino |
Support & durée |
Blu-ray Universal (2022) en 2.00 :1 / 160 min (version longue) |