Licorice Pizza

Licorice Pizza, littéralement "pizza à la réglisse", évoque bien entendu un disque vinyle mais désigne également une célèbre enseigne musicale californienne des années 1970. Il se trouve que c’est exactement le lieu et la période durant laquelle se déroule l’action du film de Paul Thomas Anderson, et que cette fameuse double association culinaire d’ingrédients a priori aux antipodes - mais qui font référence à quelque chose d’unique - pourrait renvoyer à la formation de cet improbable couple dont il est question ici. Un très beau teen movie pour peu que l’on accroche au style du réalisateur et que l’on n’imagine pas voir un Richard Linklater. Paru il y a quelques jours, le bluray est très réjouissant !

Beaucoup considèrent le nouveau Paul Thomas Anderson comme un petit chef d’œuvre, voire l’un des meilleurs films de l'année. C’est probablement le cas lorsque l’on apprécie son cinéma et que l’on sait plus ou moins à quoi s’attendre avec le metteur en scène de Punch Drunk Love. Mais qu’en est-il pour des spectateurs souvent hermétiques à ses films ? Eh bien, à notre grande surprise, c’est peut-être tout simplement la meilleure façon de se réconcilier avec le réalisateur : une nouvelle manière d’appréhender sa filmographie, avec un long-métrage pétillant, léger, plutôt drôle et étonnamment rafraîchissant.

Le film nous offre une balade dans le Los Angeles du début des années 1970, en compagnie d’un jeune couple en devenir, au gré de rencontres plus improbables les unes que les autres, sur un récit sans véritable structure narrative traditionnelle.  Si l’on se prend au jeu, il est facile d’être happé par la reconstitution parfaite de l’époque et l’insouciante énergie des protagonistes principaux. On pense volontiers à Once Upon A Time In Hollywood de Quentin Tarantino, dans cet amour plus qu’apparent pour cette imagerie si emblématique de la période (les cinémas, les bars) et dans certains choix artistiques, comme celui d’employer de nombreux fils, filles  voire parents d’artistes célèbres (Nicholson, DiCaprio et Spielberg en l’occurrence ici). Bien évidemment, chez Paul Thomas Anderson, c’est encore plus flagrant puisqu’il est allé directement enrôler le fils de l’un de ses acteurs fétiches, Philip Seymour Hoffman, alors que celui-ci ne se destinait pas spécialement à faire le même métier que son père. Une décision pourtant parfaitement compréhensible quand on voit le jeune Cooper bouffer l’écran par son indéniable charisme. Ce type est une révélation ! Il en est de même pour Alana Haim, chanteuse du groupe éponyme et qui avait déjà été dirigée par le réalisateur dans ses différents clips. L’actrice débutante est d’un naturel bluffant et son alchimie avec Cooper Hoffman est indéniable.

On pourra en revanche ne pas spécialement adhérer au caractère des personnages et ne pas les trouver si attachants que ça. C’est finalement la seule réserve que nous pourrions émettre à l’encontre du film. Sans crier non plus au génie, Licorice Pizza reste une œuvre suffisamment unique et envoutante pour que l’on vous recommande de lui accorder un peu de votre attention. Car si elle peut ne pas vous convaincre pleinement au premier visionnage, elle vous restera longtemps en mémoire.

Très belle copie du film que celle proposée sur le bluray par l’éditeur Universal. Pas d’UHD de prévu mais l’on ne va pas faire la fine bouche : la version HD de Licorice Pizza est absolument superbe. Le genre de disque qui ne paie pas de mine car peu propice à une quelconque démonstration technique des capacités de son home cinema - ce n’est pas un film qui vous sera nécessairement utile pour régler votre matériel - mais qui en réalité se rapproche extrêmement de l’expérience salle que l’on affectionne particulièrement. C’est d’autant plus important que Licorice Pizza a connu une exploitation en 70 mm au cinéma l’Arlequin à Paris (à l’instar des Huit Salopards de Quentin Tarantino au Gaumont Marignan en 2016), preuve en est de l’intérêt d’avoir un bluray au rendu le plus proche possible d’une bonne copie argentique : on gagne en immersion lorsque l’on regarde le film avec cette texture « cinéma » à l’ancienne, que la plupart des projections numériques ont tendance à dénaturer. Cela demeure relatif car Licorice Pizza a surtout été diffusé dans nos salles en numérique - et sans que cela ne nuise au film.

L’image du bluray fait ce qu’elle peut pour retranscrire une sensation organique. Bien évidemment, celle-ci est incomparable avec une véritable pellicule. Surtout lorsque le film a été diffusé en 70 mm. Mais il y a eu un excellent travail d’effectué sur ce master HD pour se rapprocher de la texture argentique. Un UHD aurait permis d’obtenir un résultat encore plus satisfaisant, mais le résultat est déjà fantastique. Pas de défaut de compression, une définition à la hauteur de nos attentes avec un grain cinéma du plus bel effet. Un disque parfaitement maîtrisé.

Le son en VO DTS HD Master Audio est très correct, sans être exceptionnel. On pouvait s’attendre à un mixage un peu plus dynamique, mais l’essentiel est que les dialogues soient clairs, que les musiques soient bien réparties sur chaque canal avec de bons effets d’ambiance.

Les bonus sont rares mais à l’image du film : de petits moments de tournage, sans explication, qu’il faudra grappiller un peu comme l’on regarde Licorice Pizza. Des scènes coupées, une fausse publicité et un making of (qui n’en est pas vraiment un) mais qui saura réjouir les amateurs.

En DVD et Blu-Ray depuis le 1^er juin 2022 ainsi qu'en VOD et Achat digital chez Universal Pictures France.