Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Qu'on aime ou pas les comédies "franchouillardes" (les guillemets traduisant ce qu'il faut de retenue pour un terme parfois affectueux, parfois cyniquement accusateur), qu'on ait ou pas pissé de rire devant Bienvenue chez les Chtis, cette nouvelle exploration de la lutte des classes et des clichés sociétaux était destinée à être à nouveau un magnifique terrain propice à une avalanche de fous rires plus ou moins coupables, à s’inscrire dans la lignée des meilleurs films comiques. Un casting reprenant bon nombre d'éléments gravitant dans la sphère danyboonesque mettait, sinon l'eau à la bouche, du moins le spectateur dans un relatif confort, lui conférant une certaine assurance contre la tristesse et l'ennui. Plus de 5 millions de spectateurs ont couru début 2018 en salles sur ces certitudes : pas besoin de regarder où l’on marche, on sait qu’on est sur un sentier balisé, goudronné même, et on sait que l’on va droit vers la bonne humeur et les bons sentiments. Par les temps qui courent, c'est salutaire.
Et c'est là que le bât blesse : Line Renaud est certes bien mise en valeur, avec élégance et dignité, mais la famille peine terriblement à exister par elle-même, recourant à des dialogues étonnamment fades et des quiproquos sans saveur. Bonneton ne retrouve pas sa verve habituelle, engoncée dans un rôle bâtard et peu convaincante en ressortissante d'un Nord plus que fantasmé, écrasé par des poncifs malhabiles et des clichés nauséeux. Le caractère grotesque, souvent caricatural des Ch'tis met qui plus est mal à l’aise car on a du mal à comprendre en quoi cela sert le récit si ce n’est à jouer sur un contraste qui apparaît la plupart du temps artificiel (la recette ayant été utilisée plus souvent qu’à son tour). Pierre Richard, qu'on attendait beaucoup, est carrément sacrifié sur l'autel d'un script qui n'appuie jamais là où ça pourrait faire mal (ou faire simplement rire). Sa désinvolture naturelle peine à s’exprimer dans les rares scènes où il apparaît, en père bougon prisonnier d’un passé pesant, quoiqu’on retrouve, de-ci de-là, cette candeur poétique qui font de lui un Pierrot lunaire pour l’éternité. D’ailleurs, l’ensemble du casting est à l’image du scénario : ça manque de folie, et de justesse de ton. Seule Laurence Arné parvient à imprimer à l'écran une énergie et une classe qui redore le blason de nombreuses scènes équivoques et instille un sourire fugace (impossible de résister à son apprentissage acharné du ch’ti). D’ailleurs l’un des problèmes vient justement de cette autodérision nauséeuse faisant de ces rejetons d’un Nord rustique des succédanés des Pierrafeu d'autant que Dany Boon parait paradoxalement plus convaincant en Parisien bobo et précieux qu’en Candide rural découvrant les joies et les fastes d'une capitale snob et blasée.
Néanmoins, si cette comédie échoue systématiquement dans ce qui devrait être son atout maître (la rigolade issue de quiproquos et de la loufoquerie des situations), elle regagne de l’intérêt dans la manière de faire passer quelques messages et surtout dans ce qu’on n’attendait plus : la réconciliation des générations, les valeurs familiales, la fraternité et l’amour. Bien entendu, pas vraiment de subtilité dans le discours, toutefois une forme d’évidence dans le ton : on voit tout cela venir de loin, mais les résolutions sonnent comme le devoir accompli – et ça fait du bien par où ça passe. Le fils prodigue devra un jour ou l’autre faire la paix avec ses parents, s’amender avec son frère et reconquérir sa femme oubliée – qui, elle, n’a jamais baissé les bras devant l’adversité, quand bien même il lui en a coûté de tenter de comprendre cette autre civilisation, si proche et pourtant si différente, qu’est la Province rurale.
C'est tout de même bien peu pour une comédie qui s’avère pourtant
pleine de bons sentiments, sans doute sincèrement rédigée, mais qui ne sait ni faire franchement rire, ni faire un peu réfléchir. Bien peu néanmoins suffisant pour contenter une famille désireuse de se retrouver devant un spectacle bon enfant et avant tout un film sorti récemment qu’elle pourrait enfin découvrir dans le confort de son salon.
Et c’est désormais chose possible en DVD, Blu-ray, VOD et achat digital depuis le 30 juin 2018 avec Pathé Distribution.
Titre original | La Ch’tite Famille |
Date de sortie en salles | 28 février 2018 avec Pathé Distribution |
Date de sortie en vidéo | 30 juin 2018 avec Pathé Distribution |
Photographie | Denis Rouden |
Musique | Michael Tordjman & Maxime Desprez |
Support & durée | DVD Pathé (2018) zone 2 en 2.35 :1 / 97 min |
La Ch'tite Famille - film 2018 - Dany Boon - Cinetrafic
Comédie. Avec Dany Boon, Laurence Arne. Retrouvez les bandes-annonces et vidéos. Découvrez des films similaires. Ceci n'est pas la suite de Bienvenue chez les ch'tis : dans La Ch'tite Famille, Dany
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