Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Le 12 décembre sortait en vidéo l'un des spectacles les plus somptueux de l'année et l'un des films en 3D les plus convaincants de ces derniers mois : Détective Dee : la Légende des rois célestes, 3e volet d'une saga inspirée des enquêtes du Juge Ti qui opéra dans la Chine de la dynastie Tang vers le VIIe siècle et séduisit le diplomate écrivain Robert van Gulik qui en tira une série de romans qu'on peut désormais lire aux éditions 10:18. Succédant au deuxième épisode mais précédent le premier, constituant ainsi un peu artificiellement une boucle narrative d'une densité dépassant allègrement le cadre d'une simple histoire policière, le film permet à Tsui Hark d'enfoncer le clou dans sa propre vision de ce héros charismatique, sorte de Sherlock Holmes avant l'heure doté en outre de capacités physiques hors du commun qui en font un adversaire redoutable pour ceux qui tentent de mettre à mal le couple impérial dans une ère florissante pour l'Empire du Milieu.
C'est que le génial mais turbulent metteur en scène continue à mettre davantage l'accent sur le côté picaresque, l'aspect aventureux, tout en laissant une portion congrue aux réflexions et déductions ainsi qu'aux considérations d'ordre purement politique, Dee étant vu à la fois comme le dernier rempart de l'empereur contre les forces obscures qui le menacent et comme la pierre d'achoppement pour sa trop ambitieuse épouse, désireuse d'avoir le champ libre pour accéder pleinement, totalement au pouvoir.
Toutes ces considérations sont autant de lignes directrices emplissant un cahier des charges terriblement dense dont Tsui Hark, avec le talent légèrement arrogant qu'on lui connaît, interprète les grandes lignes sans trop se préoccuper de leur ordonnancement logique, intéressé davantage par un cadrage rigoureux, une prise de vues toujours osée, un foisonnement d'actions occupant chaque millimètre carré de l'écran et des séquences prétexte à ces jaillissements qui font frémir ceux qui n'ont pas l'habitude de la 3D. Car c'est ce support qu'il faut privilégier si on la possibilité de le visionner ainsi à la maison, d'autant que l'utilisation (pour la première fois) du procédé HFR permet une fluidité sans précédent dans l'enchaînement des cascades et la multiplication des protagonistes à l'écran. M6 Vidéo propose d'ailleurs un combo Blu-ray 3D+2D aussi pertinent que riche, disposant en outre d'un précieux supplément sous la forme d'une interview du réalisateur de près d'une demie-heure.
Le résultat sur support HD est d'une rare munificence : les rouges et les ors des décors impressionnants et de la vaisselle somptueuse du palais impérial, les blancs nacrés des soieries et des affriolantes tenues de l'impératrice ressortent comme rarement sur petit écran, enterrant par leur chatoiement la palette pourtant prodigieuse d'un Hero. Et dire que ce n'est pas du 4K !
Pour le coup, les effets spéciaux, bien que mieux maîtrisés que dans l'épisode précédent (ou le manque de
maîtrise et de moyens faisait tache devant l'ambition du projet tsuiharkien), s'en sortent comme ils peuvent et trahissent un peu trop souvent une définition trop pauvre et/ou une insertion hasardeuse. Cela dit, cela n'empêchera pas les amoureux de belle aventure et de péripéties à la lisière du fantastique (domaine qui s'immisce chaque fois davantage dans les enquêtes du Juge Ti) de profiter d'un spectacle haut en couleur, multipliant les prises de risques et caressant l'oeil dans le sens du cil tout en occupant l'espace sonore avec une piste en DTS HD virevoltante, qui sait mettre en valeur une étonnante et facétieuse partition de Kenji Kawai, aux inspirations parfois wagnériennes.
Un disque idéal pour les fêtes, à voir en famille, sur le plus grand écran possible et si possible nanti de lunettes 3D.
Titre original |
Di Renjie zhi Sidatianwang |
Date de sortie en salles |
8 août 2018 avec les Bookmakers/the Jokers |
Date de sortie en vidéo |
12 décembre 2018 avec M5 Interactions |
Photographie |
Sung Fai Choi |
Musique |
Kenji Kawai |
Support & durée |
Blu-ray M6 (2018) en 2.35 :1 / 132 min |
Un Tsui Hark nouveau, c’est toujours un petit événement. D’autant plus lorsqu’il s’agit d’un épisode de sa saga du juge Ti. Aussi génial que véritablement bordélique, Détective Dee : La Légende Des Rois Célestes est l’un des films de l’été, que l’on vous recommande de voir en 3D pour en profiter à fond.
Amateurs de Tsui Hark, vous savez déjà que vous vous devez de voir son nouveau film, Détective Dee 3. Ce n’est pas une surprise : le réalisateur nous a encore concocté l’un de ces longs-métrages complètement délirant dont il a le secret. Pour ce troisième épisode des aventures du célèbre Détective, aussi connu sous le nom de juge Ti, Tsui Hark ne fait pas les choses à moitié : son nouveau film est plus ambitieux, plus complexe et probablement plus onéreux que les deux premiers [NDLR. lire par ailleurs en suivant les liens de fin d’article]. Cela se traduit à l’écran par plus d’action, de combats, et surtout d’effets spéciaux en images de synthèses… pour un résultat aussi spectaculaire que bordélique et exténuant. Pas de doute, c’est bien un film de Tsui Hark ! Mais qui arrive surtout juste après sa version du Roi Singe, un film que l’on ne recommanderait pas aux novices tant son style y apparaissait sous sa forme la plus décomplexée et donc la plus incompréhensible pour la grande majorité des spectateurs occidentaux.
Or Détective Dee 3 garde un peu de cette folie qui imprégnait Le Roi Singe, de celle qui pourrait laisser une partie du public complètement hermétique. On ne saurait trop vous recommander de découvrir la filmographie de Tsui Hark, mais pour l’apprécier pleinement, mieux vaut commencer par ses Il Etait Une Fois En Chine. Tout comme il n’est certes pas nécessaire mais vivement conseillé d’avoir vu les deux premiers Détective Dee pour comprendre ce nouvel épisode qui s’intercale chronologiquement entre eux.
Autant que vous soyez prévenus : Détective Dee 3 ne fera pas
l’unanimité. Moins bon que le 2ème opus, le film veut tellement impressionner les spectateurs que son trop plein de générosité le dessert parfois. Mais ni les multiples et dispensables intrigues, ni les nombreuses créatures numériques au rendu digne d’un DTV ne peuvent entacher le bonheur de voir un tel divertissement au cinéma. Une mise en scène inventive, des cadres somptueux, des personnages attachants, le spectacle est total et nous vous incitons à le découvrir en 3D si possible tant celle-ci est ce qui se fait de mieux en la matière actuellement.
Des qualités indéniables qui nous font dire que ce Détective Dee 3 réalisé par un Tsui Hark déchaîné est l’un des grands films indispensables de l’été, avec bien évidemment Mission : Impossible Fallout et Les Indestructibles 2 qui est déjà un immense succès. Un long-métrage comme on aimerait en voir plus souvent, un véritable enchantement !
[critique] Detective Dee 2 : La Légende Du Dragon Des Mers - l'Ecran Miroir
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http://www.ecran-miroir.fr/2014/07/critique-detective-dee-2-la-legende-du-dragon-des-mers.html
[ciné] Detective Dee, le Mystère de la flamme fantôme - l'Ecran Miroir
Ah, les vacances ! Magnifiquement servies par un beau temps persistant qui plus est ! J'aurais pu faire la sieste. Ou une balade à vélo. Ce furent resto et ciné. Di renjie zhi tongtian diguo Un ...
http://www.ecran-miroir.fr/article-cine-detective-dee-le-mystere-de-la-flamme-fantome-72419515.html