Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Ben-Hur, Conan… De grands classiques qui en leur temps ont atteint une forme de perfection – pas toujours immédiatement reconnue - et, depuis, un statut culte. Leur remake récent n’a pas, et de loin, réussi à atteindre les mêmes proportions : manque d’ambition, d’envergure, de moyens artistiques, de créativité. Il fallait oser proposer une nouvelle version d’une œuvre adorée par encore bon nombre de cinéphiles et incapable à l’arrivée de séduire les jeunes spectateurs ! Dès lors, lorsque survint le projet Papillon, il y avait de quoi grincer des dents.
On peut comprendre la volonté des producteurs (outre celle de se faire de l’argent facilement en n’ayant pas besoin de développer un script original) : la version de 1973 par Franklin J. Schaffner reposait sur un scénario solide de Dalton Trumbo à partir des mémoires du véritable « Papillon » (Henri Charrière) et une interprétation ébouriffante de Steve McQueen qui tout au long des presque trois heures (suivant les versions plus ou moins censurées) illuminait la rage de (sur)vivre de son personnage qui ira véritablement au bout de lui-même, jusqu’à vaincre une institution considérée depuis comme inhumaine. Ceux qui ont découvert ce monument en restent marqués profondément par l’intensité de nombreuses scènes, les hallucinantes péripéties des personnages et l’horreur imposante du bagne.
Voilà à quoi devait se frotter la nouvelle version, sortie chez nous cet été. Un casting de jeunes comédiens prometteurs et/ou charismatiques devait pouvoir soutenir la comparaison avec le duo McQueen/Dustin Hoffman : Charlie Hunnam, le bôgosse bien bâti de Pacific Rim, fait convenablement le job dès lors qu’il s’agit de faire le coup de poing avec quelques bagnards flairant le pognon de Louis Dega, le célèbre faussaire dont le bruit court qu’il dispose de grosses ressources dissimulées dans son rectum (l’argent n’a pas d’odeur, cela dit…). Henri, dit « Papillon » du fait de son tatouage, empli d’amertume car accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis, flaire lui aussi l’opportunité de s’évader en proposant au frêle Dega de le protéger, le temps qu’il puisse financer ses projets de poudre d’escampette. Une relation d’affaires qui virera à une forme d’amitié assez sympatoche, insistant du coup davantage sur le côté buddy movie, bien aidé par une interprétation prometteuse de Rami Malek, entre mimétisme et talent pur.
Bien que tourné essentiellement en Croatie et à Malte (contrairement à l’original qui a pu opérer certaines séquences au Vénézuela, à Hawaï et même carrément en Guyane), les décors sont plutôt bien utilisés et le rythme assez dense de la réalisation enchaîne les événements : on ne s’ennuie guère, même si c’est au détriment des caractères de ces personnages qui nécessitaient plus de scènes intimistes. Dès lors, on a droit à un Papillon plus baroudeur que survivant, un peu trop propre sur lui également – mais dont les valeurs conviennent parfaitement à un bon divertissement familial, un remake qui essaye de s'imposer parmi les films d'action actuels. Étonnamment, la violence latente du récit explose lors de quelques rares séquences d’éviscération et d’égorgement, une violence brute, sale et sanglante privilégiée à la torture physique et psychologique que mettait le film de Schaffner en avant. Tout passe très vite, et les épisodes s’enchaînent au point qu’on n’a plus vraiment de notion de temps (il faut même un rappel par banc-titre pour s’en assurer). On profitera néanmoins du bel encodage du DVD – et du blu-ray, surtout – qui met particulièrement en valeur les plans ensoleillés du chef opérateur Bogdanski.
Une histoire prenante, fondée sur un homme fascinant et une relation étonnante au sein d’un
véritable enfer sur Terre juste avant le top 2018, un top de l’année ciné 2017.
En VOD, DVD et blu-ray chez Metropolitan FilmExport depuis le 15 décembre 2018.
Titre original |
Papillon |
Date de sortie en salles |
15 août 2018 avec Metropolitan FilmExport |
Date de sortie en vidéo |
15 décembre 2018 avec Metropolitan FilmExport |
Photographie |
Hagen Bogdanski |
Musique |
David Buckley |
Support & durée |
DVD Metropolitan (2018) zone 2 en 2.39 :1 / 117 min |
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