Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
La sortie en septembre 2017 de Mon garçon avait valu un bon buzz à la production, et spécialement au duo Christian Carion (réalisateur et producteur) et Guillaume Canet (acteur et producteur), deux vieux compères qui avaient décidé de lancer un projet totalement différent de ce qu’ils avaient accompli par le passé. C’est principalement sur la manière particulière dont le tournage a eu lieu que la notoriété du film s’est construite, cette volonté de ne donner à l’acteur principal, Guillaume Canet, donc, incarnant un père absent apprenant la disparition de son fils, que quelques directives mais jamais l’intégralité du script. Un procédé singulier censé apporter de la fraîcheur et de l’authenticité aux réactions de cet homme pris dans la tourmente, assommé par les révélations et décidé à tout (même l’impensable) afin de retrouver l’enfant disparu alors même qu’il n’a que trop rarement été là pour lui du fait de sa carrière.
Inutile de préciser que cette réalisation particulière influence totalement et la façon d’interpréter et le tempo du film, qui se veut complètement resserré sur la quête de ce père désorienté avec la volonté de tourner en « temps réel » - qui élimine ainsi la plupart des ellipses habituelles dans la narration. Mon garçon est donc submersif, haletant et glauque, bien aidé par des comédiens complètement investis, voire transcendés (du moins Guillaume Canet et Mélanie Laurent, quelques seconds rôles peinant vraiment à suivre). Malgré le format large, on est régulièrement happé et enfermé dans cette vision restreinte où plus rien ne compte que la vérité sur une étrange disparition et l’envie rageuse de retrouver les traces les plus infimes des auteurs de ce qui ne peut être qu’un rapt. Entre pétage de plomb et froide détermination, Julien (le père) impressionne et saura toucher ceux qui ont la fibre paternelle. Les dialogues, du coup, sont plus heurtés, plus acides et perclus d’hésitations comme de silences malsains, ce qui accroit encore la sensation d’étouffement et de malaise. Mon garçon ne laisse pas le spectateur dans son confort, on y perd ses repères.
Si le finale semble un peu abrupt et propose des séquences incongrues, il
heurte surtout par ce choix de ne pas apporter toutes les réponses. Mon garçon est un exercice de style parfois impressionnant qui sait trouver la voie pour tenir en haleine bon nombre de spectateurs. Ceux qui n’ont pas eu la chance de tenter cette expérience pourront bénéficier de sa sortie en vidéo avec Diaphana Distribution depuis le 23 janvier 2018, dans une édition austère faisant particulièrement bien ressortir le côté « pris sur le vif » de la photographie d’Eric Dumont, spécialiste des documentaires.
A tenter.
Titre original | Mon garçon |
Date de sortie en salles | 20 septembre 2017 avec Diaphana Distribution |
Date de sortie en vidéo | 23 janvier 2018 avec Diaphana Distribution |
Photographie | Eric Dumont |
Musique | Laurent Perez Del Mar |
Support & durée | DVD Diaphana (2018) zone 2 en 2.35 :1 / 84 min |
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