Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Le retour au cinéma de celui qui est considéré comme le nouveau Miyazaki, Mamoru Hosoda. Avec Le Garçon & La Bête, le réalisateur nous offre l’un des films les plus beaux et émouvants que l’on ait vu depuis longtemps. Absolument immanquable !
Le magnifique, et très attendu en France, Le Garçon & La Bête de Mamoru Hosoda sort enfin au cinéma ! Vous l’aurez compris, nous ne saurions que trop vous conseiller d’aller voir cette petite merveille dès sa sortie en salle. Si le nom du réalisateur ne vous dit – encore - rien, sachez simplement qu’il est considéré comme le nouveau Miyazaki (rien que ça ! Même si la comparaison n’a pas spécialement d’intérêt …) et surtout qu’il est à l’origine de La Traversée Du Temps, de Summer Wars, et de l’un des meilleurs films de ces dernières années, Les Enfants Loups Ame Et Yuki. Si vous avez déjà vu l’un de ses films, vous ne serez donc pas réellement étonnés de savoir qu’une fois encore, Hosoda a réalisé un petit bijou d’animation japonaise.
Revenons tout d'abord, et rapidement, sur cette association avec le célèbre papa de Totoro : il ne s’agit pas totalement de dire que la filmographie d’Hosoda suit les traces de l’œuvre de l’un des fondateurs du studio Ghibli. Mamoru Hosoda possède un style unique, qui le différencie totalement de ses collègues. Et si les deux hommes partagent de nombreux points communs (l’attrait pour l’épure, le goût pour les éléments fantastiques voire mythologiques, la Nature au cœur du récit), il faut voir dans cette comparaison – flatteuse - un moyen de véhiculer cette image d’auteur aux thématiques universelles. Le cinéma de Hosoda, bien que très japonais dans l’âme, touche à quelque chose de plus vaste, de plus profond, s’affranchissant des barrières culturelles. Il y a une sincérité et une sensibilité évidente dans sa filmographie. En 4 films, il est déjà possible d’entrevoir les thèmes de prédilection d’un réalisateur qui insuffle constamment ses préoccupations les plus personnelles et intimes à ses récits. Il y est toujours question de la place dans la famille, de la parentalité et de l’éducation d’un enfant.
Et plus que jamais Le Garçon & La Bête s’inscrit dans la lignée d’un Summer Wars et de Les Enfants Loups, en proposant un récit initiatique dans lequel un garçon va apprendre à trouver sa place auprès d’un adulte qui va lui-même apprendre à devenir parent. Comme à son habitude, Hosoda va se servir d’éléments fantastiques afin d’alimenter son propos, s’amusant avec la symbolique des images (des enfants sans repères devenant des loups indomptables, un homme devant faire face à ses devoirs de paternité représenté comme un ours grincheux…), changeant les Hommes en Animaux pour mieux en faire jaillir leur humanité. Car ne vous y trompez pas, malgré ses atours de chanbara et de quête initiatique à la Karaté Kid, Le Garçon & La Bête – quand bien même celui-ci reste un divertissement plein d’action et de scènes de combats de sabres magnifiques - évacue très rapidement certains passages obligés du genre (notamment tout ce qui a trait à l’entraînement face à de grands maîtres en arts martiaux qui est expédié en une séquence elliptique) pour se concentrer sur l’évolution psychologique de ses personnages et leur relation plus vraie que nature (ici, tout le monde s’engueule vivement, pour mieux se retrouver par la suite). Le film parvient ainsi à nous faire rire autant qu’à nous émouvoir, et l’on ne sait jamais réellement jusqu’où le réalisateur voudra bien emmener les spectateurs. A ce titre, la fin pourra surprendre par son caractère jusqu’au-boutiste, confirmant à quel point le réalisateur n’a pas choisi la facilité. Et il faudra du temps juste après la projection pour digérer toute la densité du long-métrage.
Voir Le Garçon Et La Bête revient un peu à réitérer l’expérience de la découverte du Voyage De Chihiro de Miyazaki (les deux œuvres partagent de nombreuses similitudes d’ailleurs). Et puis comment ne pas craquer sur cette galerie de personnages, tous plus attachants les uns que les autres, malgré et à cause de leur fort caractère ! Comment ne pas s’émerveiller devant la créativité des animateurs et des décorateurs, devant le travail sur les couleurs, sur les flous, sur les lumières, sur la profondeur de champ (les scènes de Shibuya à Tokyo sont d’une splendeur hallucinante), sur cette ambiance !
On ne veut pas vous gâcher la surprise, allez le voir ! Le Garçon Et La Bête de Mamoru Hosoda est clairement l’une des plus grosses sorties cinéma de ce début d’année. Un chef d’œuvre.
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Titre original |
The Boy & The Beast |
Mise en scène |
Mamoru Hosoda |
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Date de sortie |
13/01/2016 avec Gaumont |
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Scénario |
Mamoru Hosoda |
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Distribution |
Les voix en V.O. de Koji Yakusho, Aoi Miyazaki & Shôta Sometani |
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Photographie |
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Musique |
Masakatsu Takagi |
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Support & durée |
35 mm en 1.85 : 1 / 118 minutes |
Synopsis : Shibuya, le monde des humains, et Jutengai, le monde des Bêtes... C'est l'histoire d'un garçon solitaire et d'une Bête seule, qui vivent chacun dans deux mondes séparés. Un jour, le garçon se perd dans le monde des Bêtes où il devient le disciple de la Bête Kumatetsu qui lui donne le nom de Kyuta. Cette rencontre fortuite est le début d'une aventure qui dépasse l'imaginaire...