Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Alors qu’il a été présenté à Cannes cette année lors de la Quinzaine des Réalisateurs, où il a été ovationné lors de sa première projection publique, le nouveau film de Jaco Van Dormael déboule dans nos salles à la rentrée. Satire sociale au casting impressionnant (Deneuve, Poelvoorde), Le Tout Nouveau Testament ne plaira pas à tout le monde. Certains trouveront ce film audacieux et original, d’autres, dont nous faisons partie, auront plutôt tendance à crier au navet démago et populiste.
Notre note est peut-être un peu haute, mais elle reflète davantage l’idée que le film va diviser : certains adoreront ce qui leur paraîtra être une œuvre audacieuse, originale voire – soyons fous - poétique, d’autres trouveront le résultat à l’écran parfaitement grotesque. Nous avons plutôt tendance à nous ranger du côté de ceux qui auront passé la séance de cinéma à se demander comment un tel long-métrage a pu être mené à bien. Car le nouveau film de Jaco Van Dormael, bien qu’il ait été ovationné à sa projection publique à Cannes où il était présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, est vraiment à la limite du navet.
Pourtant, le pitch avait de quoi nous intriguer, et aurait pu mener à une véritable réflexion (rapport à la religion, place dans la société, les thématiques sont nombreuses dans le long-métrage), tout comme le réalisateur – qui n’en n’est pas à son coup d’essai - ou le casting (Deneuve, Poelvoorde) étaient susceptibles de nous donner envie de tenter l’expérience. Mais Le Tout Nouveau Testament est un film complètement raté, se voulant « subversif » alors qu’il se contente d’accumuler les gags les plus éculés et les idées les plus embarrassantes, avec une écriture paresseuse faisant – avec un peu de mauvaise foi - davantage penser à une rédaction naïve de collégien qu’à un véritable scénario de cinéma.
Tout cela ne serait pas aussi insupportable si le réalisateur ne nous assenait pas une morale aussi démago que cynique, s’adressant à la plèbe à coup de références lourdingues, de vannes ressassées et d’images à la poésie dégoulinante de niaiserie. Les quelques bonnes trouvailles se retrouvent ainsi phagocytées par la prétention ambiante du récit et dont le réalisateur semble constamment jubiler sur sa prétendue originalité. A chaque idée, à chaque dialogue, on ressent cette impression d’autosatisfaction.
Dommage donc, d’autant, encore une fois que tout n’est pas non plus à jeter. Mais quand la mise en scène n’apporte rien et que les effets visuels sont aussi médiocres, on vous avouera qu’il n’est pas aisé d’apprécier le film. Pour tout vous dire, même les acteurs ne sont pas convaincants, entre un Benoît Poelvoorde qui passe son temps à cabotiner, un François Damiens complètement effacé, et une Catherine Deneuve qui se demande ce qu’elle fout dans cette galère (quoiqu’elle semble avoir beaucoup d’humour, mais imaginez quelques secondes qu’elle forme un couple avec un gorille dans le film…).
Très agaçant au final, même si l’on sourit à quelques occasions, Le Tout Nouveau Testament est un film raté à nos yeux, un nanar populiste.
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Titre original |
Le Tout Nouveau Testament |
Mise en scène |
Jaco Van Dormael |
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Date de sortie |
02/09/15 avec Le Pacte |
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Scénario |
Jaco Van Dormael & Thomas Gunzig |
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Distribution |
Benoît Poelvoorde, Pili Groyne, François Damiens & Catherine Deneuve |
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Photographie |
Christophe Beaucarne |
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Musique |
An Pierlé |
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Support & durée |
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Synopsis : Dieu existe. Il habite à Bruxelles. Il est odieux avec sa femme et sa fille. On a beaucoup parlé de son fils, mais très peu de sa fille. Sa fille c’est moi. Je m’appelle Ea et j’ai dix ans. Pour me venger j’ai balancé par SMS les dates de décès de tout le monde…