Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.
Avant le Meilleur, le cinéma américain s'était déjà penché sur le destin de sportifs d'exception en puisant dans leur propre histoire. Si le Roy Hobbs phénoménal de Robert Redford a été créé de toutes pièces, Monty Stratton, lui, a réellement existé. Ce petit film méconnu en France se charge de raconter son formidable destin.
The Stratton Story est donc une histoire vraie taillée dans la mythologie américaine des self made men où les valeurs inébranlables chères à Frank Capra sont mises en avant de façon simple et sincère. On peut trouver ces histoires de retour pleines de bons sentiments complètement ringardes ou naïves, le fait est qu’elles ont engendré des films excellents par l’interprétation ou l’intensité dramatique. Ici, on est à la fois tout proche et très loin de the Natural (qui reste mon préféré) : thème et sport similaires, héros semblable (le bon fermier, pétri de bon sens et maladroit en société, voyant d’un air amusé les frasques et paillettes du show-biz). Mais là où Barry Levinson plaçait la tragédie dès le début, foudroyant la star en devenir avant même qu’elle soit connue, on a tout le contraire ici : le metteur en scène prend le temps de nous habituer à Monty, surnommé Country par ses camarades de jeu, se mettre en vedette, tomber amoureux et fonder une famille en même temps qu’il vainc ses doutes et devient le plus grand pitcher de son époque – celle de Joe di Maggio qui apparaît avec Bill Dickey et Gene Bearden dans leur propre rôle. Ce n’est ainsi que dans le dernier tiers du film qu’il doit faire face à la fatalité et que nous le suivrons affronter sa propre infirmité. La musique discrète est à l’image d’une mise en scène sobre qui ne cherche pas à en mettre plein la vue, même pendant les victoires ou les défaites : le script se suffit à lui-même, qui a d'ailleurs reporté un Oscar. Le film a été un franc succès commercial aux Etats-Unis alors même que les producteurs ne donnaient pas cher de sa peau.
Ce qui n’aurait pu n’être qu’un biopic simpliste est transfiguré par ces deux interprètes d’exception que sont le décidément toujours impeccable James Stewart et l'élégante June Allyson, évoluant à l'écran par le biais de dialogues savoureux qui sonnent chaque fois juste, ce qui a le don de conférer à l'ensemble une tonalité chaleureuse entretenue par des seconds rôles attachants.
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Titre original |
The Stratton Story |
Réalisation |
Sam Wood |
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Date de sortie |
18 avril 1952 avec MGM |
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Scénario |
Douglas Morrow & Guy Trosper |
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Distribution |
James Stewart, June Allyson & Agnes Moorehead |
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Photographie |
Harold Rosson |
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Musique |
Adolph Deutsch & David Snell |
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Support & durée |
DVD Warner "Légendes du cinéma" (2006) zone 2 en 1.37:1 / 106 min |
Synopsis : C'est l'histoire de Monty Stratton, ce lanceur des White Sox de Chicago qui en l’espace d’une saison a impressionné le public et ses pairs, alignant les records d’invincibilité. Au sommet de sa gloire, cet homme modeste, issu d’une ferme du Middle West, aux désirs simples et au mode de vie loin des turpitudes des autres stars du sport, se retrouve grièvement blessé lors d’un accident de chasse qui le laissera amputé d’une jambe. Saura-t-il trouver dans sa famille aimante la force de redevenir un homme, avant même de retrouver le chemin des stades ?